Un collectif de la diaspora centrafricaine s’est réuni samedi 7 juin pour appeler le gouvernement et la communauté internationale à désarmer toutes les milices qui sévissent sur le territoire de RCA, afin de ramener la paix dans la région.
Une vingtaine de personnes ont manifesté leur déception et leur colère durant tout l’après-midi, non loin du Quai d’Orsay. Wilfried Maurice Sébiro, directeur de la publication de Centrafrique Libre et très engagé dans la lutte pour l’apaisement du pays, explique : « Nous sommes ici pour manifester face au regain de violence en République Centrafricaine et face aux tergiversations de la communauté internationale. Force est de constater que depuis que la MISCA et la force Sangaris sont sur place, les anti-balaka comme les milices séléka n’ont pas été désarmées. L’insécurité perdure. On appelle donc à un désarmement total de toutes milices présentes en RCA. L’intervention des forces militaires multinationales était une bonne chose pour empêcher le chaos, mais on constate que parmi les forces qui opèrent sur le territoire centrafricain, certaines sont partiales. C’est notamment le cas de la force burundaise qui a assisté à l’attaque de Notre-Dame de Fatima, laquelle a été perpétrée grâce à des véhicules motorisés alors que toute circulation devait être stoppée dans la capitale. Il y a un certain laxisme, et je déplore surtout l’inaction du gouvernement qui ne fait pas montre de courage. Si il faisait son travail dans les règles de l’art, nous ne serions sans doute pas face à cette situation. »
Des paroles amères qui reflètent l’état d’esprit des Centrafricains, totalement démunis et n’ayant plus confiance dans les autorités, nationales comme étrangères. « On attend le rétablissement des Forces armées centrafricaines, c’est ce que veut la majorité de la population. On ne pourra pas ramener la sécurité en RCA tant que les gens ne se sentent pas protégés et qu’ils sont délaissés, que les femmes meurent comme des bêtes dans les provinces loin de Bangui » ajoute-t-il.
C’est donc avant tout la colère qui domine parmi les Centrafricains ressemblés non loin du Quai d’Orsay, qui accusent également l’inaction des forces françaises. « François Hollande avait tenu un discours salutaire, en disant que l’opération Sangaris allait être rapide. Et qu’est-ce qu’il se passe ? Rien. Qu’est-ce qu’ils font à Bangui ? Qu’est-ce qu’ils font à Bossangoa ? Quel est l’objet de leur présence chez nous ? Tout ce que l’on demande aujourd’hui, c’est l’application stricte des résolutions. Il faut qu’on nous dise clairement ce que les forces multinationales font en Centrafrique. Comment un massacre comme celui de l’église Notre-Dame de Fatima a-t-il pu se produire ? » s’insurge Maxime Nana, le coordinateur de la manifestation.
Tant de questions qui restent pour l’instant sans réponses, alors que la situation reste encore très instable en RCA. En désespoir de cause, le premier ministre André Nzapayéké a appelé les Centrafricains à cesser les violences inter-religieuses pendant la durée du Mondial de football. Avec le fol espoir que, malgré les affrontements, l’esprit sportif qui transcende bien des clivages saura apaiser les esprits.