Les droits des enfants sont à l’honneur cet automne, ainsi qu’a pu en témoigner l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Malala Youzafsai, la jeune Pakistanaise qui se bat pour l’éducation des enfants, et Kailash Satyarthi, le défenseur indien des droits des enfants. Cette victoire représente un symbole fort pour ces droits, encore quotidiennement bafoués de par le monde.
A la même période en 1989, la communauté internationale s’était engagée pour mettre fin aux conditions difficiles des enfants. Le 20 novembre de cette année-là, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la Convention internationale relative aux droits des enfants.
Ce n’était pas trop tôt ! Déjà en 1924, une première Déclaration des Droits de l’Enfant était adoptée à Genève par la Société des Nations ; elle reconnaissait principalement le devoir des adultes de répondre aux besoins fondamentaux des enfants. Les droits de l’enfant ont pris la forme qu’on leur connaît avec la Déclaration des Droits de l’Enfant, qui reconnaissait l’enfant comme un sujet de droit à part entière.
L’ONU a adopté cette Déclaration en 1959, soit 30 ans avant de la transformer en instrument législatif international contraignant. Ceci dit, les Etats se sont ensuite précipités pour ratifier la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE), qui est devenue en l’espace de quelques années la convention la plus proche de l’universalité – seuls les Etats-Unis et la Somalie osent encore refuser de ratifier la CIDE.
Des ratifications à la pelle, mais une mise en application éparse des droits des enfants
Ces 25 dernières années ont été fructueuses en matière de droits humains. A la suite de la décennie 1990 et de ses multiples conférences internationales, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (adoptés en l’an 2000) ont consacré un engagement mondial en faveur des droits de l’homme, droits des femmes et droits des enfants.
Si des progrès ont été enregistrés, l’on est encore loin d’éliminer la pauvreté, la malnutrition ou la mortalité infantile. La raison en est que, comme l’a entériné la CIDE, les enfants représentent une population vulnérable.
Cela signifie qu’ils ont des besoins particuliers et font face à des problèmes spécifiques, auxquels il faut des solutions spéciales et adaptées. Ainsi, les enfants sont plus susceptibles que les adultes de développer des troubles psychosociaux à la suite de changements dans leur environnement – que ce soit dû à une catastrophe naturelle ou à un conflit armé. Victimes de violence, ils ont moins de capacité que les adultes à renverser la situation et demander justice.
Parmi les enfants, les filles et les enfants ayant un handicap cumulent les vulnérabilités ; pour des raisons sociales et culturelles, les filles ont longtemps été confinées dans un rôle genré inférieur aux garçons, tandis que les enfants ayant un handicap se sont vus attacher de nombreux préjugés et peurs.
Par exemple, le droit à la protection des enfants ayant un handicap ne peut être respecté que si les gouvernements prennent en compte leur différence. En l’occurrence, les recherches ont prouvé que les enfants ayant un handicap risquent davantage d’être victimes de violences physiques, sexuelles et émotionnelles que des enfants sans handicap. Les solutions à ce problème sont multiples et, pour certaines, simples, si tant est que les gouvernements se penchent sur la question. Des programmes de soutien scolaire entre enfants, de sensibilisation aux types de violence, ou de développement de l’expression personnelle, sont autant de possibilités d’assurer la réalisation du droit de tous les enfants à la protection.
Célébrer les droits des enfants est essentiel pour prendre la mesure de ce qu’il reste à faire
Tout au long de la semaine à venir, Opinion Internationale vous propose d’en apprendre davantage sur la condition des enfants à travers le monde, de prendre la mesure des violations de leurs droits.
Mexique, Etats-Unis, Afrique du Sud, Afrique de l’Ouest, Egypte, Corée du Nord… Nous allons mettre en lumière la situation des enfants dans une sélection de pays, traitant l’impact de l’économie de la drogue, du travail des enfants, des conséquences d’Ebola et du VIH/SIDA…
Nous allons également vous proposer les points de vues d’expertes des droits des enfants, afin de mieux appréhender, aux niveaux politique et légal, certains sujets de société liés aux droits des enfants.
Ce dossier vous donnera ainsi les clés pour comprendre dans quelle mesure il est crucial que les gouvernements, mais également la société civile et le secteur privé, s’investissent (et investissent) davantage dans la réalisation concrète des droits des enfants, pour une société plus juste et égalitaire.
- L’état des lieux : Les droits des enfants 25 ans après, où en sommes-nous ?
- Notre rubrique Citizen Kids : La littérature n’est pas que pour les grands… Droits de l’enfant, droit devant !
- Interview de Carolyn Hamilton sur le 3ème protocole optionnel à la Convention : Children now able to file complaints to the UN, not likely to do so–
- Interview de Geneviève Avenard, la défenseure des enfants : « En 25 ans, beaucoup de progrès ont été réalisés en France pour protéger et promouvoir les droits de l’enfant »
- Tribune de Tricia Young de Child to Child, Keeping Participation on the Child Rights Agenda
- Dominique Attias, avocate spécialiste du droit des mineurs : « Un code de l’enfance permettrait d’ouvrir le débat sur ce que notre société veut offrir a sa jeunesse »
Et le tour du monde sur le sujet
- Afrique de l’Ouest : Ebola, les enfants et l’école en danger en Afrique de l’Ouest
- Corée du Nord : Confessions d’une jeune nord-coréenne