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08H37 - mercredi 26 novembre 2014

EDITO : De nouveaux avocats pour de nouveaux droits

 

 

Le 2ème Forum mondial des droits de l’Homme se tient à Marrakech (Maroc). A l’initiative conjointe de l’Union Internationale des Avocats, du Barreau de Paris, du Conseil National des Barreaux, de l’Association des Barreaux marocains et d’Opinion Internationale se tiendra le samedi 29 novembre une assemblée d’avocats et de barreaux du monde entier…

 

Avocats

© Ludovic/RéA

 

Le nouveau monde dans lequel nous entrons bouscule les droits acquis, crée de nouvelles libertés et ouvre de nombreuses zones d’ombre… Le citoyen – justiciable découvre de nouvelles réalités hier inconnues ou ignorées : violences faites aux femmes, harcèlement sexuel, droits des enfants, montée des inégalités, atteintes à la vie privée et discours racistes sur internet, insécurité, violences aux personnes, attentats terroristes…

Parmi les sentinelles qui veillent sur nos droits, les avocats sont parmi les plus combatifs. Par vocation et par métier. Leur profession est bousculée par ce nouveau paradigme où liberté et sécurité, droits individuels et ordre public s’entrechoquent comme jamais. Hier un Robert Badinter défendait des condamnés qui risquaient d’être coupés en deux et inspirait toute une génération de futurs avocats… Qui seront demain les Badinter de nos nouvelles libertés ? Sur ces nouveaux enjeux qui concernent souvent la vie quotidienne, les enjeux pratiques du citoyen, que font les avocats pour mieux défendre leurs « clients » ? En font-ils assez en matière d’accès aux droits et à de nouveaux droits ?

Nous ne prendrons que deux exemples, l’un qui concerne les personnes, l’autre la profession d’avocat elle-même.

 

A quand l’avocat de l’enfant ?

Les droits des femmes et les droits des enfants tout d’abord.

Ne prenons que la France. Le 9 juillet 2010, le parlement français votait une nouvelle loi relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants. Elle instaurait notamment une ordonnance de protection du juge aux affaires familiales, permettant de faire expulser un mari ou concubin (ou ex) violent, du moins temporairement. Avec la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes de la ministre Najat Vallaud-Belkacem et le plan de lutte contre ces violences qui s’en suivit, de nouveaux outils judiciaires sont aujourd’hui disponibles pour protéger les femmes. Mais, les professionnels de ces questions en conviennent : sans une meilleure formation des avocats, sans une chaîne pénale et sociale intégrant l’ensemble des acteurs concernés, vous pourrez multiplier les dispositifs législatifs, ils resteront inopérants.

Sur la protection des enfants, la sensibilisation et la formation de tous les intervenants sont un impératif ! Plus généralement, les enfants ont-ils leur avocat ? Le droit des enfants, dont on a fêté la semaine dernière le vingt-cinquième anniversaire de la convention internationale, existe-t-il vraiment? Où est l’avocat des enfants ? De rares avocats comme Dominique Attias montrent la voie et le cercle des avocats qui s’y intéressent (et pas que des femmes) s’élargit heureusement… A quand un code de l’enfance, absent du droit français, européen et international ? Les avocats, dans leur ensemble, ne devraient-ils pas en faire un cheval de bataille ?

 

Profession d’avocat en danger

Les avocats eux-mêmes souffrent de ces sables mouvants qui remettent en question nos libertés. Et ceci jusque dans leur propre pratique professionnelle. Par exemple, le secret professionnel, pilier de la confiance entre le justiciable et son conseil, est violemment attaqué aujourd’hui en France et dans d’autres pays. Et cela ne concerne peut-être pas qu’un ancien président de la République et son avocat ou des fraudeurs fiscaux. A quelles prochaines atteintes au secret professionnel et à la confidentialité des relations entre l’avocat et son client nous prépare-t-on ?

En Chine, les avocats sont littéralement harcelés par le pouvoir. Au Burundi, un Barrreau dans son ensemble est expulsé du Palais de justice et mis au ban de la société. Aux Etats-Unis, l’Association Bar Association forme les avocats qui éviteront demain à des prévenus la condamnation à mort ou leur exécution.

Malgré les exigences toujours accrues de sécurité et d’ordre public, les avocats doivent rester mobilisés pour défendre nos droits et leurs droits. C’est à ce prix que l’avocat restera cette sentinelle de nos libertés. Gageons que l’Assemblée des avocats qui se tiendra à Marrakech s’engagera dans la durée pour défendre les avocats et faire connaître leur sort auprès de l’opinion internationale.

 

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