A travers le drame du mercredi 7 janvier frappant Charlie Hebdo, ce sont les journalistes du monde entier qui sont frappés et bouleversés. La barbarie a voulu tenter de leur retirer une liberté essentielle, celle qui garantit toutes les autres : la liberté d’expression et d’information.
Le mot est bien « tenter », car malgré le choc colossal éprouvé devant tant d’inhumanité, la liberté d’expression en sort réaffirmée et renforcée. En témoigne l’afflux des réactions internationales, entre hommages et solidarités, à l’égard des dessinateurs du journal et de la France.
Les réactions officielles ne se sont pas fait attendre. Des dirigeants du monde entier aux autorités religieuses, dont l’Al-Azhar, en passant par les têtes couronnées, chacun s’horrifie de l’acte haineux et précise combien la liberté d’expression, employée corps et âme par Charlie Hebdo, demeure précieuse.
Les intellectuels, artistes, journalistes, humoristes et caricaturistes des quatre coins du monde rendent aussi hommage à leurs confrères. L’écrivain britannique Salman Rushdie, clandestin dans les années 1990 après une fatwa lancée contre lui par l’ayatollah Khomeini, rappelle que oui, « la critique, la satire et notre irrévérence intrépide doivent pouvoir s’appliquer aux religions ». Mongolia, le journal satirique espagnol a reproduit sur Twitter la « une » de Charlie Hebdo consacrée au prophète Mahomet ; et mercredi soir, même les late shows américains ont rendu hommage aux victimes de l’attentat en défendant le droit de rire… de tout, surtout.
Les grands journaux généralistes européens sont également unanimes et publient un éditorial commun :« Nous continuerons à publier ! » assurent ensemble les voix du ‘Monde’ (France), de ‘The Guardian’ (Grande-Bretagne), du ‘Süddeutsche Zeitung’ (Allemagne), de ‘La Stampa’ (Italie), de la ‘Gazeta Wyborcza’ (Pologne) et d’’El Pais’ (Espagne).
Sur les réseaux sociaux, de tous les continents jaillissent des « cartoons » originaux, largement partagés, défendant la liberté d’expression en tant que combat pacifique, dont les seules armes sont des crayons à papier. Les sociétés de dessinateurs de presse ne manquent d’ailleurs pas de réagir, aux Etats-Unis notamment, à travers l’American Editorial Cartoonists et la National Cartoonist Society.
Enfin, ce sont tous les peuples qui se recueillent pour Charlie Hebdo, comme le montrent les innombrables rassemblements massifs et spontanés qui ont lieu partout en Europe et dans le monde, près des ambassades de France ou des lieux institutionnels.
La marche du 11 janvier à Paris, plus grande manifestation de l’histoire de France avec son cortège de 44 chefs d’Etat, ses 1000 journalistes internationaux accrédités et ses quelques deux millions de personnes, est la plus belle incarnation de cette solidarité, nouvellement née.
Si les dispositifs antiterroristes vont faire l’objet de réactualisations pour faire face à la menace qui plane, plus que jamais en Europe, et particulièrement en France, le décor est planté. L’unité internationale est de mise pour ne pas se laisser prendre au jeu des terroristes, qui combine panique et haine. Comme le prévient Owen Jones, éditorialiste du quotidien britannique « The Guardian »: « Si nous haïssons après des atrocités comme celle-ci, nous faisons exactement ce que leurs auteurs attendent de nous ».