Depuis l’éclatement de la révolte ukrainienne fin novembre 2013, de nombreux Etats occidentaux se sont emparés de l’épineux dossier ukrainien pour tenter d’apaiser et penser une sortie de crise. Parmi eux, la Pologne qui partage plus de 500 km de frontière et bien plus de 500 ans d’histoire commune avec l’Ukraine. Une proximité indéniable qui dote le gouvernement polonais d’une légitimité particulière pour intervenir dans la quasi-guerre civile entre ukrainiens « pro-russes » et « pro-européens ».
Historiquement, les deux pays ont entretenu des relations mouvementées, notamment si l’on pense au soulèvement des Cosaques, l’ethnie du duché de Kiev – Ukraine actuelle – contre la Pologne au XVIIe siècle (épisode historique mis en roman par le nobélisé Henryk Sienkiewicz dans sa fresque « Par le fer et par le feu »).
Aujourd’hui, la Pologne est le premier soutien d’une Ukraine plus européenne, et donc le pays européen le plus sévère envers Moscou. Donald Tusk, le nouveau Président polonais du Conseil européen, a d’ailleurs critiqué la semaine dernière la tentation d’aller vers un apaisement des relations de l’UE avec les Russes.
En effet, d’un point de vue stratégique, la Pologne a tout intérêt à ce que le conflit cesse, et que l’Ukraine intègre à terme l’Union européenne.
La présence d’une minorité polonaise en Ukraine – entre 150 000 et deux millions de personnes, selon les sources – oblige la Pologne à préserver les liens culturels et historiques qui l’unissent aux populations transfrontalières.
Une possible escalade du conflit risquerait également d’augmenter le nombre de réfugiés ukrainiens en Pologne, et déstabiliser les régions polonaises de Basses-Carpates (Podkarpacie) et de Lublin. La Premier Ministre polonaise, Ewa Kopacz, l’a réaffirmé le 2 février 2015, « bezwzględnym priorytetem bezpieczeństwo Polski i Polaków », « la priorité est la sécurité de la Pologne et des Polonais ».
Cette position rejoint celle de Pawel Tokarski, expert à l’Institut polonais des relations internationales, qui souligne pour Jolpress : « la démocratisation de la sphère post-soviétique est nécessaire pour préserver la paix et la stabilité sur notre continent. » Il incombe donc à la Pologne de convaincre les états européens de repenser la relation UE-Russie.
En attendant, François Hollande et Angela Merkel, en visite cette fin de semaine à Kiev puis à Moscou, conduisent une nouvelle initiative pour aboutir à un règlement du conflit. Peut-être l’initiative de la dernière chance ?