Je suis Charlie est une femme !
Les femmes sont les autres victimes des assassins des 7-9 janvier 2015 à Paris. Si Coulibaly et les frères Kouachi s’en sont pris directement à des journalistes, à des représentants de l’ordre public et à des juifs, pour leurs affidés et selon la « doctrine » même de l’Etat islamique au Moyen-Orient ou de Boko-Haram en Afrique, s’en prendre aux femmes (et à leurs libertés) est consubstantiel à leur démarche.
Pour ce 8 mars, pensons d’ailleurs à ces deux cent jeunes élèves enlevées par Boko Haram l’an passé au Nigéria, aujourd’hui disparues pour la plupart, et oubliées par la communauté internationale.
Mais pourquoi les femmes sont-elles toujours les autres victimes de ces terroristes ? Lors d’un colloque à l’UNESCO sur l’avenir du vivre-ensemble, organisé le 25 février autour du Projet Aladin qui vise à promouvoir le rapprochement interculturel, en particulier entre juifs et musulmans, M. Hakim El-Karoui, a défendu une thèse intéressante sur le rôle des femmes dans le monde arabe. Membre notamment du comité scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris, fondateur des « Young Mediterranean Leaders », M. El-Karoui souligne que les sociétés arabes connaissent une révolution profonde due à l’émancipation des femmes, et que l’émergence de cet islamisme radical est d’une certaine manière l’expression du refus des porteurs du modèle patriarcal inégalitaire, les « grands frères » surtout, de voir le modèle traditionnel des sociétés arabes exploser.
M. El-Karoui souligne que la société arabe passe du traditionalisme à la modernité rapidement, car les femmes s’émancipent grâce à une évolution démographique : les femmes maîtrisent leur fécondité, il y a moins d’enfants, et surtout elles sont plus éduquées. Les femmes dans le monde arabe, dans les quartiers où la population musulmane est fortement concentrée, sont aujourd’hui plus éduquées que leurs pères et seront demain plus éduquées que leurs maris. Dès lors, le modèle traditionnel explose.
Selon M. El-Karoui, du fait de cette révolution démographique, le conflit entre deux formes d’Islam (modéré contre radical) recouvre en fait un conflit très fort entre hommes et femmes.
Selon nous, ce phénomène touche aussi les banlieues européennes où la cellule familiale traditionnelle a éclaté avec des pères absents, des femmes seules à gérer des enfants. Les plus grands d’entre eux vivent comme un traumatisme la prise de conscience qu’ils grandissent dans une société où les femmes sont plus libres de revendiquer leur liberté et leur autonomie, pire le pouvoir. Les Coulibaly et les Kourachi ne pouvaient s’imaginer vivre dans une société où l’homme et la femme sont égaux en droits.
Des femmes qui veulent prier comme les hommes
La Grande Mosquée de Paris a récemment relayé dans ses sous-sols l’accès des femmes à la prière. En réaction, un Collectif Femmes dans la mosquée s’est créé pour revendiquer un égal accès et une égale visibilité que les hommes à l’exercice de leur foi.
Retrouvez le témoignage de Leila Alaouf sur Télésud.
Child to Child : un combat pour l’égalité dès le plus jeune âge
C’est dès le plus jeune âge que se joue la conquête de leurs droits ! Saluons l’action de l’association internationale Child to Child qui sensibilise dans le monde entier à l’égalité des genres à travers divers programmes en direction notamment des filles et des garçons. Comme le montre l’une de leurs actions, la lutte contre l’épidémie d’Ebola nécessite d’agir plus particulièrement sur les femmes.
Retrouvez le site web de l’association : http://www.childtochild.org.uk/
Sa page Facebook: https://www.facebook.com/pages/Child-to-Child/66511346701
Son compte Twitter: https://twitter.com/ChildtoChild
Une nouvelle rubrique : la Citoyenne
C’est une renaissance en fait : la rubrique la Citoyenne reprendra à partir du 19 mars. Chaque jeudi, le portrait ou l’interview d’une femme libre, d’une femme-courage engagée dans la promotion des libertés et de l’égalité des genres permettra, modestement, de prolonger toute l’année l’impulsion salutaire de la Journée du 8 mars.