La compagnie française Airbus semble prendre son envol en Amérique latine. Le 5 mai dernier, le constructeur aéronautique a annoncé avoir vendu 100 appareils de type A320neo à la compagnie colombienne Avianca pour un montant estimé à environ 10 milliards de dollars. Selon Airbus, il s’agit de « la plus grande commande jamais réalisée dans l’histoire de l’aviation en Amérique latine » et le Ministère français des Affaires étrangères s’est félicité de cette réussite économique.
Airbus n’est pas le premier à « lorgner » sur les marchés potentiels que peut offrir l’aire latino-américaine puisque les entreprises européennes sont de plus en plus nombreuses à renforcer leur présence en Amérique latine.
Ainsi, Enel, premier fournisseur d’électricité en Italie, a annoncé vendredi 8 mai, avoir obtenu un bénéfice brut supérieur aux attentes pour le premier trimestre, surprise largement due à ses bons résultats en Amérique latine. Le bénéfice de ses activités dans cet espace géographique a progressé de 33% en contraste avec celui tiré de la production d’électricité qui a baissé de 8% en Italie et de 17% en Europe de l’Est.
En Europe, Enel est confronté à une faible demande d’électricité tandis que les consommateurs se tournent vers des énergies renouvelables. Le groupe italien parie sur les marchés émergents pour réaliser plus de bénéfices, alors que l’Amérique latine essaie de diversifier ses ressources énergétiques et que certains pays latino-américains font face à un manque de ressources. Notamment le Chili, dont la consommation d’énergie primaire a augmenté ces dernières années, et le Venezuela dont la production de pétrole et les prix associés ont connu une forte chute.
En janvier dernier, le groupe français Amarante, spécialisé dans la sûreté et la sécurité a racheté Interlira, entreprise indépendante de conseil et de prévention du risque et spécialiste de l’Amérique latine. Avec un investissement total de 1,2 million d’euros sur quatre ans, Amarante renforce sa présence en Amérique latine. Déjà présente au Brésil et au Venezuela, Amarante prévoit d’ajouter au cours de cette année trois nouvelles filiales en Colombie, au Pérou et en Equateur.
Cependant, la conquête du marché sud-américain n’est pas toujours de tout repos. Dans les années 1990, le groupe espagnol Repsol rachète YPF (Yacimientos Petroliferos Fiscales), entreprise argentine spécialisée dans l’exploration, l’exploitation et la distribution de pétrole dans le territoire argentin. Avec ce rachat, Repsol contrôle YPF à hauteur de plus de 90%. Mais, en 2012, Cristina Kirchner, présidente de l’Argentine, décide d’exproprier YPF du capital de Repsol à hauteur de 51%. La loi adoptée en mars 2012, confère à l’Etat le contrôle majoritaire d’YPF et Repsol n’est plus aussi primordial dans le capital de l’entreprise argentine.
Plus fondamentalement, les entreprises européennes ont profité du passage des pays latino-américains à l’économie de marché et au néo-libéralisme dans les années 1990, pour échanger commercialement avec l’Amérique latine et développer leur présence dans cette partie du globe. Faisant face à la crise et au recul de la croissance en Europe, elles se tournent désormais vers l’Amérique latine dans l’espoir d’augmenter ainsi leurs bénéfices.
Certes, les prévisions de croissance pour 2015 de l’Amérique latine ont été revues à la baisse en avril dernier par la Cepal (Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes) avec une hausse du PIB de 1% contre 2,2% en décembre 2014. Les entreprises européennes devront donc redoubler d’efforts pour investir et signer de nouveaux contrats en Amérique latine.