Focus sur une conférence de l’Institut des Amériques qui se tient aujourd’hui, jeudi 21 mai, à la Maison de l’Amérique latine, de 19h à 21h30.
L’Institut des Amériques organise aujourd’hui une conférence sur la contribution des Amériques dans la sécurité alimentaire mondiale.
La sécurité alimentaire est un des enjeux majeurs pour la communauté internationale et fait l’objet d’un consensus depuis le Sommet Mondial de l’Alimentation réuni à Rome en 1996. Ceci dit, en Amérique latine, le problème de la sécurité alimentaire, c’est-à-dire des conditions d’accès du plus grand nombre à « la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » (selon le Sommet de Rome), ne se pose pas de la même manière que dans un autre continent, comme en Europe ou en Afrique.
Selon Patrick Caron, directeur général délégué à la Recherche et à la Stratégie du CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement), la sécurité alimentaire en Amérique latine « n’est pas un problème de production mais un problème lié à la pauvreté et à la précarisation ». L’insécurité alimentaire est surtout présente en milieu rural où dominent les petits producteurs bien que la pauvreté touche aussi le milieu urbain latino-américain, dans les favelas et les quartiers périphériques comme les bidonvilles.
« C’est une question qui est à relier au sort économique et au processus de redistribution et le problème d’insécurité alimentaire se pose beaucoup dans les villes latino-américaines qui sont caractérisées par des écarts de richesse. »
Le continent latino-américain produit assez de nourriture, notamment en viande bovine en Argentine, ou bien en pommes de terre et soja au Pérou par exemple. « La question est moins de savoir où l’on destine son alimentation que de donner aux plus pauvres la capacité à accéder à celle-ci, via notamment des revenus suffisants. », explique-t-il.
Le Brésil a notamment fait des avancées en ce sens en mettant en place un programme destiné à favoriser un accès facilité à l’alimentation : Faim 0. Ce dernier a été établi en 2003 sous la présidence de Lula pour éliminer la malnutrition en donnant aux plus pauvres une allocation d’environ 13 euros par mois, pour un coût total de près de 1,5 milliard d’euros.
« Le niveau de malnutrition au Brésil en milieu rural s’est amélioré ces vingt dernières années en partie grâce à ce programme. » ajoute-t-il.
Selon lui, l’Amérique latine possède une capacité d’innovation forte dans le domaine puisque l’insécurité alimentaire s’est réduite grâce à la croissance et au développement économiques dans ces pays, malgré l’augmentation démographique.
Pour en savoir plus :
Conférence : Sécurité alimentaire mondiale: Quelle sera la contribution des Amériques?, jeudi 21 mai, 19h/21h30, Maison de l’Amérique Latine, 217 boulevard Saint-Germain – 75007 Paris
Intervenants :
Patrick Caron, directeur général délégué à la recherche et à la stratégie du CIRAD Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
Sophie Devienne, maître de conférences, AgroParisTech
Didier Nedelec, directeur général de ODA, Offre & Demande Agricole, société de conseil en gestion du risque de prix
Hervé Théry, directeur de recherche au CNRS-CREDA Centre de Recherche et de Documentation des Amériques, professeur invité à l’USP Universidade de São Paulo (Brésil)