Entretien avec Nathalie Goulet, sénatrice de l’Orne et membre de l’UDI.
Vous revenez des Jeux européens de Bakou en Azerbaïdjan. Les Jeux européens ont-ils été selon vous un événement politique ?
Cela fait longtemps que le sport et la politique sont liés. Les jeux de Bakou ont ouvert beaucoup de débats autour de l’Azerbaïdjan. Les critiques viennent du fait que la « qualité démocratique » du pays n’est pas reconnue. Bakou ne serait pas une destination convenable pour des jeux européens.
Je pense qu’il faut relativiser. L’Azerbaïdjan a 24 ans, c’est un pays très jeune. Ses pays voisins, la Russie au nord et l’Iran au sud, sont des pays turbulents. L’Azerbaïdjan est en guerre ouverte contre l’Arménie, il y a des morts tous les jours mais on n’en parle jamais.
L’Azerbaïdjan, travaille dans le cadre du Conseil de l’Europe dans le but d’améliorer son fonctionnement démocratique. Rien ne se construit en un jour. Le processus électoral s’est amélioré. Certes, il reste des problèmes. Mais l’ « Azerbaïdjan-bashing » quotidien est agaçant et non-constructif.
L’Europe occidentale était-elle présente à ces jeux ?
Oui, tous les pays européens étaient présents, y compris l’Israël, dans un pays appartenant à la conférence islamique. L’Arménie y était également, ce qui était très courageux de la part des athlètes arméniens et des autorités azerbaïdjanaises. Il y avait également beaucoup de représentants occidentaux. Pour la France, nous avions Thierry Braillard, le Secrétaire d’Etat aux sports du gouvernement français, ou encore David Douillet, ancien champion du monde de judo et député français.
Que représente l’Azerbaïdjan dans la diplomatie internationale ?
Sur un plan géostratégique, l’Azerbaïdjan est l’allié de l’Europe. La Russie grignote la Géorgie tous les jours et noyaute son gouvernement. Elle occupe et manipule l’Arménie. Le seul pays du Caucase du sud à avoir une réelle souveraineté, c’est l’Azerbaïdjan. C’est un pays très occidentalisé qui résiste à la Russie. Il s’agit aussi d’un partenaire commercial important, notamment pour la France pour ce qui est du pétrole, du gaz et de la coopération agricole. L’Azerbaïdjan est en plein développement.
En Azerbaïdjan, les femmes ont eu le droit de vote en 1921. Si on persiste à regarder toujours les choses du mauvais côté, sans mesurer les efforts accomplis on va repousser le pays dans les bras de la Russie ou de l’Asie. Il faut garder l’Azerbaïdjan comme allié de l’Europe.
L’Azerbaïdjan a une population à 95% musulmane. L’Azerbaïdjan participe-t-elle à la lutte internationale contre l’islamisme radical ?
L’Azerbaïdjan est une république absolument laïque. Il y a une communauté juive, des Eglises et aucun problème avec les chrétiens. C’est un pays qui appartient à la conférence islamique mais qui entretient des relations diplomatiques avec Israël. Il n’y a jamais eu de problème d’antisémitisme.
L’Azerbaïdjan fait par ailleurs barrage à l’islamiste radical et fait partie de la coalition contre Daesh. Bien sûr cela ne justifie pas tout. Mais encore une fois, on ne peut pas tout obtenir en un jour, et il faut arrêter de s’obstiner sur ce qui ne va pas si c’est pour ignorer les évolutions positives.
Propos recueillis par Maria Gerth-Niculescu