Le prochain Bâtonnier de Paris fera face à des défis qui menacent la profession d’avocat… et nos libertés. Edito.
Le Barreau de Paris est en ébullition : mardi 23 et jeudi 25 juin se joue l’élection du futur Bâtonnier de Paris. On le dit le plus puissant avocat de France, comme un prince qui règne sur une profession au décorum parfois un peu trop poussiéreux, un poste qui fait aussi décoller vers de nouveaux horizons la carrière professionnelle de l’heureux élu… Dans son bureau qui domine la Seine au cœur du Palais de la Justice sur l’île de la Cité, le Bâtonnier de Paris est presque aussi courtisé que la ministre de la Justice. Un pouvoir au cœur des pouvoirs…
Cette année, ils sont neuf (record battu !) à briguer la succession de Pierre-Olivier Sur. Neuf à proposer une vision, souvent assez proche les uns des autres, de la profession d’avocat. Les candidats se distinguent peut-être plus par le style, une manière pour certains de s’attacher à ce formalisme désuet de la robe pendant que d’autres, plus modestes (ou lucides sur notre époque), insistent sur leur volonté d’agir concrètement au-delà des grands discours et de l’éloquence qui sied si bien à la profession.
Le prochain Bâtonnier sera–t-il Frédéric Sicard ? L’une de ses cartes maîtresse serait-elle sa colistière Dominique Attias dont on connaît l’engagement pour le droit des enfants et qui milite depuis vingt ans pour la reconnaissance des femmes à la tête de l’Ordre des Avocats. Elles sont d’ailleurs majoritaires parmi les 24.000 avocats du Barreau de Paris et deux tiers des élèves de l’Ecole du Barreau ! Ou sera-ce David Gordon-Krief dont la stratégie a su combiner droit des affaires et droits de l’homme ? Laurent Martinet, vice-bâtonnier en exercice, serait-il parti trop tôt dans cette candidature à la fonction suprême de l’Ordre en abusant de sa position dominante au départ ? Verdict les 23 et 25 juin !
Chaque candidature est une profession de foi, une défense d’une profession qui se sent en danger. Opinion Internationale, le @média des libertés et des cultures, se devait de se pencher sur une profession malmenée par les pouvoirs et par la concurrence. Car les intérêts professionnels de la corporation des avocats ne concernent pas que ces derniers. Plus que dans d’autres métiers, les droits des avocats sont directement liés aux libertés des citoyens. S’en prendre au secret professionnel, c’est empêcher le justiciable d’avoir droit à une défense équitable. Fixer de nouvelles obligations aux avocats dans le cadre d’une loi de lutte anti-terroriste, c’est porter atteinte aux libertés fondamentales.
Qu’en pense le futur Bâtonnier de Paris ? Autour de la place Dauphine et du Palais de Justice de Paris, Opinion Internationale a interrogé huit des neuf candidats à la succession de Pierre-Olivier Sur. Entretiens.