Ardavan Amir-Aslani, avocat d’affaires et écrivain irano-français, réagit à l’accord qui a été trouvé entre l’Iran et les pays du Groupe 5+1 au sujet du nucléaire iranien. Un rapprochement entre l’Iran et l’Occident qu’il avait vu venir il y a longtemps.
Un accord, auquel vous croyiez profondément, a été trouvé au sujet du nucléaire iranien. Que pensez-vous des termes de cet accord ?
J’avais prédit cet accord avant tout le monde, et je pense qu’il est excellent. Il apporte toutes les garanties nécessaires pour le Groupe des 5+1 en ce qui concerne la quête iranienne de l’arme nucléaire. L’accord assure l’impossibilité pour l’Iran de poursuivre de telles recherches. En même temps, il prévoit la levée des sanctions économiques, en place depuis 2006, et qui martyrisent le peuple iranien. C’est pourquoi je ne peux que me féliciter des termes de cet accord.
Qu’est-ce que cet accord va changer pour les Iraniens ?
Dans un premier temps, il ne changera pas beaucoup de choses d’un point de vue pratique. Mais petit à petit, les changements économiques se verront, car l’Iran aura accès aux devises bloquées à l’étranger qui représentent environ 135 milliards d’euros. Graduellement, l’Iran pourra également vendre davantage de pétrole. Dans l’immédiat, ce qui changera, c’est est la mentalité internationale et la perception de l’Iran et des Iraniens à l’étranger. La forteresse anti-iranisme est cassée, et bientôt les investissements étrangers vont se multiplier.
Quelles sont les conséquences géopolitiques de cet accord ?
Il y aura trois conséquences géopolitiques majeures. Premièrement, l’Iran va pouvoir participer activement avec l’Occident au combat contre l’irruption du djihadisme sanguinaire et moyenâgeux de Daesh, notamment en déployant des troupes pour soutenir ses alliés.
Deuxièmement, l’Europe pourra acquérir une indépendance énergétique en disposant des réserves gazières iraniennes, qui sont les plus importantes au monde après celles de la Russie. Ainsi, les pays européens ne seront plus dépendants de Gazprom.
Enfin, l’Iran, dernier pays émergent qui n’a pas encore émergé, deviendra un acteur économique majeur pour la planète en tant que pays industriel. Ce retour de l’Iran sur la scène internationale sera l’équivalent de la réintégration de l’ensemble des pays de l’Europe de l’Est à la suite de la chute du mur de Berlin.
A titre personnel, cet accord changera-t-il quelque-chose dans votre vie ?
Pas à titre personnel, car mon souci principal est le sort d’une nation ostracisée pendant des décennies. Dès lors que les Iraniens pourront à nouveau intégrer la communauté internationale, c’est tout ce qui m’importe.
Propos recueillis par Maria Gerth-Niculescu