Auréolée de deux succès internationaux (l’accord européen avec la Grèce pour éviter le « Grexit » et l’accord historique avec l’Iran sur sa politique nucléaire), la France aura été, comme elle sait parfois en être digne, à la hauteur de son statut de puissance mondiale. Laurent Fabius tente de déployer depuis son arrivée au quai d’Orsay son concept de « diplomatie globale ». Traduction possible du concept : mettre la politique étrangère au service du rayonnement international de la France et des Français.
Certes, la diplomatie française a toujours tenté de se mettre au service d’une certaine idée de la France : une France qui discute avec toutes les parties, une France qui sait prendre des initiatives audacieuses quand les fondamentaux sont en jeu, une France qui affirme parfois son indépendance. Avec ce concept de « diplomatie globale », Fabius tente d’accroître la force d’influence de la France, certes, mais aussi de ne pas oublier en chemin et d’ajouter les intérêts des Français eux-mêmes, économiques, scientifiques, culturels et même (n’oublions pas les charmes du pays) touristiques. Englober géostratégie, économie, mais aussi culture, rayonnement des idées et innovation, un défi ambitieux dont on jugera de la portée avec les années. Bref, une certaine idée de la France sans oublier les Français !
Diplomatie publique
Cette diplomatie globale s’accompagne aussi d’une petite révolution dans la culture diplomatique de la France. Temps connecté et monde de plus en plus transparent obligent, cette force d’influence que représente le deuxième réseau diplomatique au monde veut aussi se muer en diplomatie communicante.
Que ce soit sur la Grèce, l’Iran, l’Ukraine et tous les dossiers chauds de la politique internationale, une fois les négociations secrètes terminées entre les parties, on pourrait se dire que la diplomatie a fait son « job ». Non ! Nous sommes au XXIème siècle… Commence alors le « service après-vente », le faire savoir, les explications. Et les conférences et communiqués de presse n’y suffisent plus. Place au dialogue direct avec les Français et à la mise en scène de ce nouveau concept de « diplomatie publique ». Place aussi à une nouvelle communication graphique et à un slogan peu diplomatique : « ceci est un ambassadeur ».
Personnages clé de ce théâtre diplomatique et de cette nouvelle communication : les ambassadeurs. La diplomatie a des visages : les 199 ambassadeurs pays, multilatéraux ou thématiques de la France aux quatre coins du monde… Ce sont ces femmes et ces hommes que le quai d’Orsay a décidé de mettre en avant lors du fameux rendez-vous rituelique de la rentrée diplomatique.
Depuis 1993, la Conférence des Ambassadeurs permettait au président de la République d’annoncer les priorités de la France sur la scène internationale dans un grand discours tenu fin août devant un parterre de tous les ambassadeurs réunis pour l’occasion à Paris. Désormais, ce discours solennel est enveloppé d’une Semaine de rencontres, de débats publics directs avec les ambassadeurs proposés aux citoyens sur les grandes lignes de la politique étrangère de la France : débats directs avec des ambassadeurs le lundi 24 août, spped-dating avec les chefs d’entreprises le 25, Journée consacrée à la COP21 en présence de Ban Ki-moon le 26… Tout un programme auquel sont conviés nos lecteurs.
Le chef d’orchestre de cette nouvelle politique de charme voulue par Laurent Fabius, c’est Romain Nadal. On connaît le porte-parole du ministère, on connaît moins le directeur de la communication et de la presse. Une diplomatie ouverte et assumée comme telle, une diplomatie d’explication, c’est lui. Dans l’entretien qu’il a accordé à Opinion Internationale, et qui inaugure notre nouvelle rubrique des Décideurs engagés, Romain Nadal nous explique la logique qui sous-tend cette Semaine des Ambassadeurs.
Diplomatie – fiction…
Un sujet ne sera pas abordé pendant cette Semaine de diplomatie délibérative : Daech, l’Iran et la Syrie… Dommage car une autre façon de mettre en scène cette diplomatie en action aurait été de proposer un moment de « Diplomatie fiction ». Avec un thème possible… : où en serait le monde aujourd’hui si en Syrie les armées de la coalition internationale étaient intervenues au sol fin 2013 comme l’avait proposé François Hollande et si Barack Obama n’avait à l’époque lâché l’un de ses principaux alliés… De quoi éclairer l’opinion publique sur les vrais enjeux d’une diplomatie globale.
Pour s’inscrire à la Semaine des Ambassadeurs du 24 au 28 août 2015 et découvrir tout le programme :
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