Opinion Amériques Latines
14H08 - vendredi 11 septembre 2015

Un Prix franco-allemand pour le respect des droits de l’homme en Colombie

 

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En Colombie, pays ravagé par un conflit interne qui dure depuis les années 1940, les ambassades de France et d’Allemagne décernent chaque année depuis 2010 le Prix « Antonio Nariño », qui récompense les activités, les projets (nationaux  ou internationaux) et les initiatives des individus qui travaillent à la promotion, la défense et la protection des droits de l’Homme.

Le nom du Prix rend hommage à Antonio Nariño. En 1793, cet intellectuel colombien traduisit pour la première fois en langue espagnole la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, un acte qui allait le conduire à la prison et à l’exil entre 1797 et 1803. Le nom de Nariño a par la suite été associé aux processus historiques d’émancipation de la Colombie et plus largement des Amériques car il est considéré comme l’un des principaux porte-drapeaux sud-américains de l’idéal libéral et républicain des « Lumières », aux côtés de Bolivar ou San Martin.

D’autres prix franco-allemands pour la promotion les droits de l’homme existent au Costa Rica, Honduras, Mexico ou Guinée.

 

Les lauréats à Paris

afficheLa Corporación Reiniciar est la lauréate de la dernière édition du Prix Antonio Nariño, qui lui a été décerné en décembre 2014. Cette ONG milite depuis 20 ans en faveur de la défense des droits de plus de 6000 victimes issues de l’Union Patriotique (UP). Parti politique créé légalement au milieu des années 1980 à l’occasion d’un processus de paix (inachevé) entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC, l’UP a été dès sa création la cible d’une politique d’assassinat systématique de ses militants (environ 3000 morts dont des parlementaires et deux candidats à l’élection présidentielle). L’élimination de l’UP est vue par des historiens et analystes comme un exemple de la difficulté à faire vivre un pluralisme politique et de partis en Colombie.

Le travail de la « Corporación Reiniciar» vise la reconnaissance par l’Etat colombien de ses responsabilités dans l’exécution de ce que certains qualifient de « génocide politique ». Ce travail pour la  reconnaissance des faits par l’Etat colombien se poursuit aujourd’hui dans le contexte des pourparlers à la Havane (Cuba) entre les autorités politiques colombiennes et les FARC. En effet, la Corporación Reiniciar considère que la reconnaissance par les différents acteurs du conflit des torts et des exactions commis contre les populations civiles colombiennes est une condition sine qua non pour la construction d’une paix durable.

Rencontre avec les lauréats du Prix « Antonio Nariño », mardi 15 septembre, Paris

Le 15 septembre, aura lieu à Paris une table-ronde avec Jahel Quiroga  directrice de la « Corporación Reiniciar », sur le thème du pluralisme politique en Colombie. Cette table-ronde offre aux lauréats du prix l’occasion d’une rencontre avec la diaspora colombienne en France et la société civile parisienne, pour faire découvrir les initiatives de défense des droits de l’homme et de construction de paix qui sont nombreuses en Colombie. C’est aussi l’occasion de faire connaître la réalité politique et sociale d’un pays souvent cité mais encore mal connu.

Cette table-ronde est organisée par le GRECOL (Groupe de réflexion et études sur la Colombie) en partenariat avec l’Ambassade de France en Colombie et l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique latine (IHEAL).

 Entrée libre à l’IHEAL au 28 rue Saint-Guillaume, 75007 Paris, dans la salle C de l’IHEAL

 

 

 Angelica Montes