Fondateur de Sparknews, plateforme de partage de solutions pour la société, revient pour Opinion Internationale sur le Forum Mondial Convergences et le rôle des médias dans notre société. Entretien.
Vous êtes le fondateur de Sparknews et vous collaborez avec de nombreux médias français comme internationaux. Quelle est selon vous le rôle actuel des médias dans la société, au-delà de leur devoir d’information ?
Je pense que leur rôle est d’être le plus factuel possible et de rechercher le plus possible ce qui reflète la réalité du monde. Leur rôle n’est pas de faire du plaidoyer pour des causes quelles qu’elles soient, ni de prendre parti sauf lorsque le journal a une ligne éditoriale ouvertement politique. Sur la réalité et l’actualité du monde, leur rôle c’est de relayer le plus possible la réalité telle qu’elle est.
Le problème, c’est que les médias relaient davantage les problèmes et moins les solutions ce qui déforme la perception que les gens ont de la réalité du monde. Les médias ne se posent pas assez de questions sur les solutions qui répondent aux problèmes et le public finit par penser qu’il n’y a que des problèmes sans solutions.
En créant l’Impact Journalism Day il y a trois ans qu’espériez-vous ?
Le but de cette action était de fédérer le plus grand nombre de médias en commençant par la presse écrite, et, à partir de l’année prochaine, les radios et les télés, autour du journalisme de solutions : nous voulons l’expérimenter et faire naître chez nos confrères l’envie de se poser des questions dans leurs façons de traiter l’information au quotidien.
Résultat aujourd’hui : les journalistes se rendent compte qu’il y a beaucoup plus de sujets de solutions qui sont vraiment plus intéressants à côté desquels ils passaient. Ils se rendent compte qu’il y a de nombreux de sujets qu’ils ne traitaient pas alors qu’ils sont très intéressants dans l’absolu.
Ils constatent également que leur public est en attente de ce genre d’information car les retours après l’Impact Journalism Day sont proportionnellement bien plus importants et les lecteurs manifestent leur enthousiasme.
Quels défis attendent les médias aujourd’hui ?
Ils subissent une érosion de leur public. Donc il faut apporter aux lecteurs et aux auditeurs une actualité qui répond plus à la demande. Nous pensons qu’une des attentes du public se reflète dans un meilleur équilibre entre les problèmes et les solutions.
Les gens attendent, après la lecture d’une actualité sur un problème, les solutions à développer. Le public est sur-informé sur ce qui va mal. Il y a une overdose. Les gens désertent les médias aussi pour cela.
Ceci dit, il ne faut pas jeter la pierre aux médias qui ont un travail difficile avec de moins en moins de moyens. Ils n’ont pas forcément le temps. Plus nous les aiderons avec des associations comme Sparknews ou des Forum comme Convergences qui vient de se tenir à Paris, plus ils les traiteront.
A l’approche de la COP 21, en quoi les médias peuvent lutter contre les changements climatiques ?
Les médias peuvent chercher à relayer et promouvoir les milliers de solutions qui existent pour freiner le réchauffement climatique. Si les solutions ne sont pas abordées, les gens pensent que c’est une fatalité et arrêteront de se battre alors que si les solutions sont démontrées, elles seront prises en compte. Il n’est jamais trop tard !
J’ai confiance en la capacité de l’espèce humaine à s’adapter. Soit nous passerons par des décennies terribles et nous trouverons une solution après, soit nous pourrons éviter la casse, si on s’y met.
Propos recueillis par Stéphanie Petit