LES FESTIVALS…
Paris (France), du 9 octobre au 20 décembre : le Festival de l’imaginaire
Traditions artistiques des quatre coins du monde
Chants d’exil syriens, spectacles de marionnettes asiatiques, théâtres d’ombres… Le Festival de l’Imaginaire est un festival original à ne pas manquer, qui nous fait découvrir les traditions artistiques anciennes comme contemporaines enracinées dans l’imaginaire de sociétés ou de peuples non occidentaux. Organisé par la Maison des Cultures du Monde, le festival dédié à l’imagination est aussi un espace de réflexion: cette année, le colloque « orchestrer la nation », qui portera sur l’identification nationale à certain genres musicaux comme dans le cas du tango argentin ou du bharata natyam indien retient particulièrement notre attention.
Ile-de-France, du 10 octobre au 8 novembre : Ville des musiques du monde
Il était une fois l’Andalousie…
Avec pour sous-titre « Les Andalouses », la 16ème édition du festival des « villes des musiques du monde » entend embrasser toute la diversité culturelle d’une Andalousie plurielle: l’Andalousie d’aujourd’hui incarnée par le flamenco, véritable art de vivre, l’Andalousie médiévale des musulmans, mais aussi l’Andalousie enrichie par les apports culturels du peuple gitan… « Les Andalouses », c’est donc finalement une ouverture sur tout le bassin méditerranéen au travers d’une programmation extraordinairement riche en concerts et en spectacles. On attend avec particulièrement d’impatience les concerts d’Esperanza Fernandez, d’Aziz Shahmaoui, de Titi Robin et de Bachar Mar-Khalifé.
Guanajato (Mexique), du 7 au 25 octobre : Festival international de Cervantino :
Rencontrer Salif Keita, Iannis Xenakis et des prix Nobels scientifiques à Guanajato
La ville inscrite au Patrimoine mondial de l’Humanité accueille chaque année depuis 1972 un des festivals les plus importants du Mexique : ouvert à toutes les disciplines artistiques, de la musique au cinéma en passant par les arts scéniques et la littérature, le Cervantino accueille en 2015 plus de 3 000 artistes venus de 27 pays différents. Avec pour thème « la science de l’art » et « transitions », le festival à l’occasion duquel sont aussi organisés de nombreux débats et colloques se veut aussi un moment de réflexion sur notre époque et sur les crises que traversent nos sociétés. Parmi les invités, les prix Nobel de physique et de chimie George F. Smoot et Roald Hoffmann, le collectif espagnol « The big Van Theory », le compositeur Iannis Xenakis, et l’artiste malien engagé contre la discrimination des albinos Salif Kéïta.
New Orleans (USA), du 30 octobre au 1er novembre : Voodoo Fest
Bilan musical positif 10 ans après Katrina
Dix ans après Katrina, le Voodoo Fest continue à prouver au monde entier que la Nouvelle Orléans n’a rien perdu de son dynamisme culturel unique. S’il ne s’agit pas d’un rassemblement dédié aux cultes ésotériques mais d’un important événement musical, le festival programmé chaque année pour Halloween dans une ville considérée comme la Mecque du Voodoo se singularise autant par son ambiance quasiment mystique que par sa programmation très éclectique. On y retrouvera donc aussi bien le groupe de l’ex chanteur des Sex Pistols Johnny Rotten, PIL, que la country de The Zac Brown Band, Florence and the Machine qu’Ozzy Osbourne, les punkettes de Babes In Toyland que l’électro de Deadmau5. Sont également à l’affiche des artistes locaux dont la mobilisation a activement contribué au redressement de la ville après la catastrophe naturelle qui l’a frappée comme le groupe Flow Tribe.
Shanghaï (Chine), du 16 octobre au 16 novembre, Shanghai China International Arts Festival :
Foire marchande et art pour tous à Shanghaï
Créé en 1999, le Shanghaï China International Arts festival constitue l’un des pivots des échanges culturels et artistiques entre la Chine et le reste du monde puisqu’il s’agit du seul festival international d’art du pays au niveau étatique. Sous la bannière « Un gala des arts, un festival pour le public », l’événement qui concentre performances scéniques, spectacles de danse, concerts, foire marchande et expositions d’artistes contemporains, se démarque par sa politique visant à toucher le plus large public possible : tickets à prix réduits, prestations sur des places publiques accessibles à tous, lancement de projets d’éducation artistique…
LES CONCERTS ET SPECTACLES…
Paris(France), du 14 au 18 octobre, J’ai arrêté de croire au futur
La danse contre la dictature
Comment résister aux discours à la fois séduisants et abrutissants des dictatures,se dégager son propre avenir ? Se saisissant d’un problème majeur en Afrique, ce sont les questions auxquelles le chorégraphe originaire du Congo-Brazzaville Andreya Ouamba tente de répondre en danse dans un spectacle dont le titre révèle déjà toute l’ampleur du défi… Sur scène, un groupe de danseurs tente de résister à travers la nerveuse escouade de de leurs corps aux discours usés et aux mensonges que répète inlassablement le dictateur incarné par l’acteur Wakeu Fogaing.
Zagreb (Croatie), le 4 octobre : Kandjiza i Gole zene
Mais qu ‘est-il advenu de la Yougoslavie ?
C’était en 2009, peu avant les élections présidentielles croates : le chanteur de hip hop croate Kandzija parodiait dans son clip la campagne présidentielle d’un homme politique véreux, sur fonds d’affaires de corruption ayant entaché un des principaux partis nationaux, l’Union démocratique croate. Avec « Draznik Novog Kova » (traduction du titre de la série anglaise « The News Statesman » sur Alan « B’Stard », politicien fictif dépourvu de morale), Kandzija dressait un portrait peu flatteur du paysage politique croate contemporain en samplant un air émouvant et nostalgique de la chanteuse emblématique de la Yougoslavie de Tito, Josipa Lisac…
Dans d’autres chansons, Kandzija i Gole zene évoque avec un mélange de froide lucidité et d’humour la dépendance économique de familles croates envers leurs cousins partis vivre en Allemagne ou en Autriche («Rodbina »), ou l’ennui dans certains petits villages désolés de Croatie (« Donji miholjac »).
Il faut foncer découvrir ce groupe encore méconnu en dehors des Balkans lors de son concert à Zagreb le 4 octobre : heureusement, il n’est pas nécessaire d’en comprendre la langue pour en apprécier l’éclectisme et la débordante énergie.
Paris (France), jusqu’au 4 janvier 2016, « I will » :
La musique n’est ni blanche ni noire, elle est universelle
Dans un spectacle mêlant chant, danse et humour, l’artiste Emma Krief retrace l’étonnante biographie de Whitney Houston tout en reprenant ses chansons les plus célèbres. Emma rend au passage un bel hommage à l’affirmation de l’emblématique chanteuse afro-américaine, décédée en 2012, selon laquelle il ne s’agit ni de « chanter blanc », ni de « chanter noir » : « la musique n’est pas une couleur, c’est un art ».
Dakar (Sénégal), 30 octobre : Vieux Farka Touré
Hommage musical au métissage culturel du Mali
Le malien Vieux Farka Touré sera en concert à l’institut français du Sénégal de Dakar : avec son blues africain aussi typiquement malien que marqué d’accents de rock, de funk, et de reggae, l’artiste rendait hommage dans son dernier album « mon pays » au métissage culturel de la région de Tombouctou et à la beauté du Mali traversé par les crises.
Paris (France), 1er octobre : Boban i Marko Markovic Orkestar
La fanfare mythique des films de Kusturica à Paris
Qu’on les identifie ou non à leur compositeur, on ne peut penser aux films de Kusturica comme Underground ou Arizona Dream sans avoir en tête les airs de la fanfare du trompettiste tzigane Boban Markovic. Alliant avec exubérance jazz et folklore d’Europe centrale, l’orchestre serbe s’est imposé avec ses rythmes enfiévrés et entêtants comme l’un des plus célèbres des Balkans dans les dernières années ; on attend donc avec impatience le concert événement au Cabaret sauvage début octobre…
Paris (France), le 13 octobre : Oum
Pour les envies d’Orient…
Avec son nouvel album « Zarabi », Oum fait partie de nos grandes découvertes musicales de la rentrée. La chanteuse marocaine d’origine saharienne, qui porte avec sa voix envoûtante un mélange de jazz, de soul, et de rythmes orientaux, sera en concert ce mois-ci au Café de danse.
Paris (France), le 13 octobre : The Souljazz Orchestra
Un melting pot musical engagé
Le groupe canadien The Souljazz Orchestra présente au New Morning son dernier album sorti en septembre, « Resistance ». Avec un mix d’afrobeats, de soul, de funk, de rythmes latinos et antillais, le groupe fait résonner avec une énergie jubilatoire des textes célébrant la justice et la démocratie en alternant messages d’espoirs et critiques sociales.
LES EXPOS…
Paris (France), 3 octobre : Nuit Blanche
La Nuit Blanche s’engage pour la COP21
Comment mieux vivre ensemble sur une planète dont les ressources ne sont pas illimitées ? Voilà la question qui sera au cœur de cette 14ème édition de la Nuit Blanche, dont le thème « atmosphère ?… atmosphère ! » fait clairement écho à la Conférence mondiale sur le Climat (COP 21) qui doit se tenir à Paris à la fin de l’année. Avec des œuvres de street art, des performances, des installations sonores et visuelles, l’événement permettra de redécouvrir au travers d’un parcours Nord-Est et d’un parcours Nord-Ouest 23 lieux investis par une trentaine d’artistes internationaux contemporains. Point de ralliement à l’Hôtel de Ville, autour de l’installation « Ice Monument » de l’artiste chinois Zhenchen Liu.
Port-au-Prince (Haïti), jusqu’au 22 octobre : « mémoires en partage » :
Haïti : une Histoire placée sous le signe du mélange…
Le Musée du Panthéon national haïtien (Mupanah) présente une exposition sur l’histoire d’Haïti, de la vie des Amérindiens jusqu’à la déclaration d’indépendance de l’île, en passant par la traite négrière. Mettant l’accent sur cette culture du mélange issue de ces évolutions historiques, la culture créole, l’exposition évoque également l’abolition de l’esclavage dans le reste des Caraïbes.
Paris (France), jusqu’au 31 octobre : Mesopotamia
Cités en ruines et patrimoine en danger
L’exposition Mesopotamia organisée par la galerie Mitterrand nous invite à découvrir le patrimoine culturel mondial dans l’une des zones où son avenir semble être le plus directement menacé aujourd’hui : autour du bassin méditerranéen, et plus particulièrement sur le territoire de l’ancienne Mésopotamie que recouvre aujourd’hui l’Irak et la Syrie. Le duo d’artistes français Anne et Patrick Poirier présentent un ensemble d’œuvres, d’installations, de maquettes, et de photographies, sur les vestiges de civilisations antiques comme ceux du temple de Palmyre récemment détruit par l’organisation terroriste Etat islamique. Le travail des artistes des années 1960 à aujourd’hui confère à ces ruines une atemporalité et un caractère quasiment surnaturels.
Images et politique en URSS : la propagande bien avant Poutine
A Paris, jusqu’au 1er novembre : Filmer la guerre, les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946)
A l’occasion du 70ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la découverte des camps de concentration par les alliés, le Mémorial de la Shoah présente une exposition dédiée aux images filmées par les Soviétiques sur l’ensemble du front Est entre 1941 et 1946. Des documents pour la plupart inédits, mis à l’origine au service exclusif de la propagande communiste et qui n’avaient jusqu’à présent jamais servi à documenter le génocide juif. Au-delà du témoignage sur l’horreur de la Shoah, l’exposition s’interroge sur les conditions et les buts stratégiques dans lesquelles ces images ont été tournées, montées et projetées en URSS pendant la guerre, s’attachant à démontrer comment nombreux de ces films ont été délibérément ignorées à des fins purement politiques.
A New York, du 25 septembre au 7 février 2016 : The Power of Picture : Early Soviet Fotography, Early Soviet Film
De la révolution bolchevique aux années 1930, on redécouvre en URSS le pouvoir des images alors que percent deux formes d’arts particulièrement susceptibles d’influencer les masses, le cinéma et la photographie. Moteurs de transformations sociales animés par un engagement politique radical avant d’être muselés dans le dessein de satisfaire à la propagande communiste, les artistes lient pour le meilleur et pour le pire leurs destins aux enjeux politiques. L’exposition présentée par le Jewish Museum met également en lumière le rôle décisif joué par les photographes et cinéastes soviétiques dans l’histoire de ces deux médiums.
Berlin (Allemagne), jusqu’au 1er décembre : Homosexualität_en
150 ans d’histoire, de politique et de culture homosexuelles
Le Deutsches Historisches Museum présente en partenariat avec le Schwules Museum (musée gay) de Berlin une exposition retraçant l’histoire de la vie politique et culturelle homosexuelle en Allemagne de 1850 à nos jours. Suivant de près l’évolution de la situation légale des hommes et des femmes homosexuels, Homosexualität_en montre comment toute forme de sexualité « non conventionnelle » a été criminalisée par la loi, pathologisée par la médecine et socialement marginalisée, tout en mettant également en évidence le dynamisme de l’activisme politique des mouvements LGBT depuis la révolution sexuelle.
à suivre demain, la sélection cinéma d’Opinion internationale pour le mois d’octobre…