Le discours sur la race blanche a-t-il sa place chez les Républicains ? La sortie de Nadine Morano dans l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier a mis dans l’embarras les dirigeants du parti des Républicains (LR). Hier, dans les couloirs de l’Assemblée Nationale, les députés LR étaient assaillis de questions des journalistes. Si la plupart condamnaient les termes employés par la trublione de la droite républicaine, certains préféraient pointer le débat qu’elle soulève sur l’identité française… Pierre Lellouche condamnait d’emblée « la police de la pensée » que les médias et soi-disant bien-pensants sont en train d’instruire, alors que le député de la Manche Philippe Gosselin condamnait fermement les propos de l’ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy.
[Ecoutez ci-dessous les interviews accordées à Opinion Internationale par Pierre Lellouche et Philippe Gosselin]
Mais prenons un peu de hauteur ! Mettre le concept de « race blanche » au milieu de débats sur l’identité française où se mêlent et s’entrechoquent composante musulmane de la société française, pression migratoire, fondements judéo-chrétiens ou que chrétiens de la France et de l’Europe, tout cela ne sent pas très bon et fait, à nouveau, le lit du Front National… Marine Le Pen se frotte les mains ! Faut-il le rappeler ? Il n’y a pas de race blanche. Comme il n’y a aucune race parmi les hommes, sinon une espèce humaine.
Mais prenons encore plus de hauteur institutionnelle (enfin, n’exagérons rien) : avec ses propos, Nadine Morano va-t-elle réveiller les anciens présidents de la République ? C’est finalement Nicolas Sarkozy qui a relancé la polémique autour des propos de Nadine Morano en annonçant hier matin son intention de la suspendre de l’investiture du parti aux élections régionales. Ce faisant, il a pris la mesure de la gravité de ses propos qui n’avaient guère été condamnés depuis samedi soir.
Mais cette affaire ne devrait-elle pas conduite l’actuel Président de la République à s’exprimer lui aussi ? Hier, c’est une députée réunionnaise, Ericka Bareigts, qui a pris la parole pour dire son émotion et interpeller le premier Ministre lors des questions au gouvernement. Or c’est dans un grand discours aux Outre-Mers, le 10 mars 2012, que le candidat François Hollande avait affirmé son intention, au lendemain de son élection, de réviser la Constitution de la Vème République pour enlever de son article 1er la référence au concept de « race », terme d’un autre âge et qui contient le venin que l’on veut expurger de la pensée de nos concitoyens ?
La sortie de Nadine Morano sera-t-elle l’occasion pour le Président de la République de relancer son projet ? Une façon de bouter hors du champ républicain (et donc du parti qui porte ce nom) les tenants d’une race blanche…
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Entretiens audio : Stéphanie Petit