La condamnation à 350 coups de fouets d’un expatrié anglais en Arabie Saoudite pour avoir été arrêté en possession d’une bouteille de vin artisanal relance la polémique autour de la nomination fin septembre du Saoudien Fajsal Trad à la tête d’un « groupe consultatif » du Conseil des droits de l’homme.
Karl Andree, citoyen britannique expatrié depuis 25 ans en Arabie Saoudite, s’y était toujours senti en sécurité, d’après son fils. Aujourd’hui, les 350 coups de fouets auxquels il est condamné, après avoir passé un an en prison pour avoir été trouvé en possession d’une bouteille de vin en août 2014, sont pour lui une menace de mort : âgé de 74 ans et affaibli par un cancer, il risque de ne pas survivre à un tel « châtiment corporel ».
L’Arabie Saoudite n’en est pas à sa première, et malheureusement pas probablement non plus à sa dernière interprétation douteuse des droits humains. Un jeune homme de 19 ans, Ali Mohammed al-Nimr, a été condamné à être décapité et crucifié en septembre dernier pour avoir participé à des manifestations lors du Printemps arabe en 2012, alors qu’il était mineur. Il aurait déjà subi des tortures, selon sa mère, qui a appelé la semaine dernière Barack Obama à intervenir contre l’exécution aux côtés de François Hollande, Manuell Valls et David Cameron.
L’engagement pour la liberté d’expression du blogueur Raef Badaoui a quant à lui été « récompensé » par une condamnation à dix ans de prison et à mille coups de fouets en été 2014. Son avocat Waleed Abu al-Khair, éminent défenseur des droits humains, soutenu par l’Union Internationale des Avocats et son président Miguel Loinaz, a quant à lui été condamné à quinze ans de prison.
On évoquera à peine ici les droits des femmes, qui, bien qu’ayant acquis cette année le droit de d’être éligibles aux élections municipales, doivent toujours recourir à l’autorisation d’un tuteur masculin pour se déplacer (Opinion Internationale avait lancé la campagne « Let them drive »), voyager, se marier, ou faire des études supérieures.
On ne peut donc s’empêcher de s’interroger sur le fait que le pays soit amené à statuer sur des questions qu’il traite de la sorte sur son territoire. L’ambassadeur de Riyad auprès des Nations Unies, Fajsal Trad, dirigera des travaux sur lesquels le Conseil des droits de l’homme se basera pour émettre des recommandations. Pour Hillel Neuer, directeur exécutif de l’ONG UN Watch, « les petrodollars et la politique l’emportent sur les droits de l’Homme ».
Au moins 2208 personnes, dont près d’une moitié d’étrangers, de mineurs et d’handicapés mentaux, ont été victimes de la peine de mort entre janvier 1985 et juin 2015. Mais espérons que ça, c’était avant…