Sans une lutte plus résolue contre l’intolérance, la croissance économique ne pourra être effective
Au Parlement indien, les critiques face au manque de fermeté du gouvernement contre l’intolérance sont nombreuses.- Crédit : Sarvagnya / Wikimedia Commons[/caption]
Dans un pays rassemblant vingt-neuf états, l’atmosphère de campagne électorale semble omniprésente, et les actions du Premier ministre, rarement détachées de la prochaine élection. Alors que les élections pour l’état du Bihar ont pris fin le jeudi 5 novembre, l’ampleur inédite des critiques envers l’intolérance grandissante alerte et interroge.
Le gouvernement de Modi a 18 mois, à la priorité affichée d’une croissance économique répond aujourd’hui l’augmentation nerveuse des violences. Du lynchage d’un musulman, suspecté à tort d’avoir tué une vache sacrée pour les Hindous, au sordide assassinat d’intellectuels dénonçant l’idolâtrie hindoue, le gouvernement affronte simultanément la méfiance des non-Hindous, de l’intelligentsia libérale – dénonçant la lenteur et superficialité des réformes entreprises – et voit se développer l’hostilité d’une opinion tant intérieure qu’internationale.
Pourquoi Narendra Modi se voit-il tant décrié pour des violences dont il n’est pas à l’origine ? La faiblesse des réponses d’un homme qui se voulait celui d’une Inde forte suscite méfiance et doute. Car la froide pâleur de sa réaction après la mort de Mohammed Akhlaq, sa lenteur lourde de soupçons à reconnaître les menaces dont font preuve les intellectuels non hindous ont écœuré de larges parties de la société. La force des critiques a d’ores et déjà été pointé du doigt par agences de notation et banque centrale, soulignant que si Modi ne pouvait ni « régner sur son parti » ni rétablir une atmosphère plus tolérante, il perdrait toute crédibilité intérieure et internationale. Les incessants voyages, les innombrables délégations diplomatiques visant à répandre l’image d’une Inde ouverte aux investisseurs, transparente et sans corruption ne seraient alors plus que l’ébauche d’un projet perdu.
La Chine est intéressée par le Bengale-Occidental et veut y investir
Délégation chinoise et gouvernement bengali se sont rencontrés à Kolkata – anciennement Calcutta – capitale du Bengale Occidental et qui demeure encore aujourd’hui le centre intellectuel et culturel majeur de l’Inde. – Crédit : Martial Fournier[/caption]
Il ne faudrait pas considérer que des relations souvent présentées comme rivales caractérisent l’ensemble des relations sino-indiennes. La Chine investit d’ores et déjà dans le sous-continent indien – et veut continuer à le faire.
C’était effectivement la volonté explicitement affichée du Vice-Président Chinois Li Yuanchao, qui a dirigé une délégation dans le West Bengale afin d’y travailler avec la ministre-en-chef de l’Etat, Mamata Banerjee. Objectif : implanter de nouvelles infrastructures et promouvoir les échanges touristiques. Parmi les propositions concrètes, ont été évoquées la création d’un hub automobile avec plusieurs usines, et concernant le tourisme, des programmes dédiés aux touristes chinois lors des grandes fêtes du Bengale, comme celle du Durga Puja qui avait lieu en octobre dernier.
Le gouvernement chinois a particulièrement tenu à souligner les progrès réalisés en termes de transparence et de lutte contre la corruption dans cet état, pourtant connu pour être à la traîne dans ces politiques de facilitation d’investissement. Une récente enquête aurait notamment classé Mme Banerjee comme une des politiciennes « les plus honnêtes de l’Inde ».
A New Delhi, la fête des lumières obscurcie par la pollution
Diwali, la fête des lumières fait exploser chaque année des milliers de pétards et feux d’artifices Crédit : Dani / Flickr CC[/caption]
Face à la pollution inédite de la ville, la Cour Suprême indienne avait créé une nouvelle taxe écologique de 18 euros sur les poids lourds traversant la ville, à compter du 1er novembre. La collecte d’une telle taxe devait être confiée à un sous-traitant : faute de main d’œuvre suffisante et qualifiée, et à cause du manque patent de clarté des autorités indiennes, elle ne pourra finalement pas être mise en place.
Mais le manque de personnel n’est assurément pas la vraie raison. Le manque à gagner engendré par une telle taxe, oui. Les sommes demandées aux péages à l’entrée de la capitale sont actuellement si faibles qu’ils constituent une véritable incitation à traverser New Delhi – 60 000 véhicules commerciaux entrent ainsi chaque soir dans la ville affichant le taux le plus élevé de particules fines au monde. Un tiers de cette pollution atmosphérique est due à la circulation automobile, les poids lourds étant d’autant plus polluants que nombre d’entre eux circulent avec un carburant frelaté.
Les conséquences sont alarmantes : on estime à 32 000 le nombre de décès prématurés d’ici 2025, dus à ces mauvaises conditions. Les médecins préconisent la fuite de la ville, alimentant des flots de migrants non plus économiques mais cherchant à échapper à la pollution. La décision de la Cour Suprême était donc attendue, et une nouvelle audience est prévue le 16 novembre. En 2001, les autorités de Delhi avaient déjà échoué à faire respecter une mesure d’interdiction des poids lourds dans la mégapole. Le renoncement à une telle taxe serait donc particulièrement nocif, d’autant plus qu’un pic de pollution est attendu pour les premiers jours, suscité par l’explosion intempestifs de milliers de pétards et feux d’artifices prévus pour la grande fête de Diwali, la fête des lumières…sans que, une année de plus, l’on ne puisse voir les étoiles dans le ciel.
Afghanistan : face à l’instabilité qui perdure et s’accroît, Kaboul privilégie l’Inde au Pakistan
C’est finalement vers l’Inde que l’Afghanistan a choisi de se tourner pour faire face aux Talibans. – Crédit : Lionel Fellay / Flickr CC[/caption]
Pendant des années, l’Afghanistan a préféré privilégier ses relations avec le Pakistan – et ce au détriment de l’Inde – soucieuse d’améliorer des liens pourtant fragilisés par les accusations mutuelles, les deux pays s’accusant réciproquement d’abriter des insurgés Talibans, opérant de part et d’autre des frontières.
Une série d’attentats à Kaboul et l’encerclement par les Talibans d’une série de grandes villes semblent être en train de changer la donne. Estimant qu’ils ont été préparés au Pakistan, le président afghan Ashraf Ghani, élu en septembre 2014, a choisi de répondre aux anciennes propositions d’assistances militaires indiennes. Au risque de froisser le Pakistan, Kaboul semble donc être contraint de se repositionner face à Delhi, pressé par la nécessité d’élargir le cercle de ses alliés. C’est donc à New Delhi que se rendra le conseiller à la défense nationale afghan pour conclure un transfert d’hélicoptères Mi-25, de fabrication russe.
La Russie demeure le premier partenaire de l’Inde dans le domaine de la défense
Poutine et Modi s’étaient rencontré en décembre 2014, lors d’une visite du président russe en Inde. – Crédit : Site http://www.temoignages.re/[/caption]
Le lundi 2 novembre s’est tenu à Moscou la Commission intergouvernementale russo-indienne de coopération militaro-technique. L’Inde a notamment propose à la Russie de prendre part au projet militaire et technique du Premier Ministre « Made in India », et les deux pays ont convenu d’un projet de création d’un avion de transport multi-rôles, d’un chasseur de cinquième génération et de plusieurs projets dans le domaine naval. Un accord d’intentions de développement des relations bilatérales dans ces domaines a donc été signé à l’issue de la Commission, par les ministres de la Défense russes et indiens, M. Sergueï Choïgou et Manohar Parrikar.
La défense constitue un terrain d’entente stable entre l’Inde et la Russie. 2014 avait déjà vu se dérouler des exercices conjoints dans les trois branches des forces armées, et en novembre et décembre 2015, une manœuvre anti-terroriste et des exercices navals auront lieu en Inde.