Dernière étape dans la course effrénée à la présidentielle en Argentine. A bout de souffle, les Argentins ont vécu une année entière de campagne. 2015, grande année électorale, les a déjà menés quatre fois aux urnes pour décider du sort d’à peu près toutes les institutions qui constituent leur système fédéralisé. Maires, députés et conseillers de certaines provinces, députés et sénateurs nationaux, c’est surtout l’inconnue sur le prochain président qui galvanise toutes les tensions.
Les résultats tombés le 25 octobre ont entériné les doutes concernant un possible ballotage. Un deuxième tour aura bien lieu le 22 novembre, prolongeant la campagne présidentielle d’un mois. Daniel Scioli, candidat du parti de la Présidente Cristina Fernandez de Kirchner, n’a pris l’ascendant que d’une courte tête laissant à son adversaire, Mauricio Macri, l’opportunité de le défier une seconde fois dans un duel final.
Un contexte inédit en Argentine qui s’est traduit par une extrême tension entre les deux bords politiques. Un clan Macri totalement exalté par le challenge qui l’attendait, fait face à un clan Scioli terrorisé par une possible mise en déroute, pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir des kirchnéristes en 2003. Comme on pouvait s’y attendre, ces deux postures radicales ont électrisé les relations entre les deux candidats, anciens amis devenus progressivement ennemis jurés à mesure qu’avançait la campagne. Ces dernières semaines la tension est montée d’un cran, les deux bords s’accusent mutuellement de mener « une campagne sale ». Mais surtout, cette fracture s’est peu à peu étendue aux médias – déjà très polarisés avant les scrutins – qui n’hésitent pas à prendre ouvertement parti pour l’un ou pour l’autre candidat et lui servir d’arme de propagande ; puis une partie de la société civile qui alterne entre démonstrations de soutiens à leur favori et déchaînement de haine à l’égard du camp adverse, notamment sur les réseaux sociaux.
Ultime combat entre les deux candidats à la présidentielle argentine, le débat final a opposé les deux candidats dimanche dernier. Premier débat d’un premier ballotage en Argentine, l’événement était historique. Il a été jugé par de nombreux observateurs et les équipes des deux candidats comme le face-à-face décisif de la campagne. Bien qu’Opinion Internationale soutienne l’initiative de l’organisation de ce débat depuis le début, nous ne pouvons que déplorer la tournure qu’a prise la confrontation, plus proche de l’affrontement personnel que du dialogue démocratique. Cette campagne semble avoir finalement généré chez beaucoup d’Argentins un sentiment de lassitude, dont il est difficile d’anticiper la traduction dans les urnes, ce dimanche.