Ils sont quatre : un musulman, un juif, deux chrétiens. Ensemble, ils ont décidé de créer une association d’avocats qui se réclament de la descendance d’Abraham. D’une part pour renforcer l’esprit de fraternité qui doit unir les Français, de l’autre pour demander le respect des cultes dans l’opinion publique.
Entretien avec le fondateur de l’association, Chems-Eddine Hafiz, avocat au barreau de Paris, et vice-président du Conseil français du culte musulman. Chems-Eddine Hafiz, qui produit l’émission musulmane du dimanche matin sur France 2, est aussi l’auteur, entre autres, des essais Droit et religion musulmane et De quoi Zemmour est devenu le nom.
Il est écrit dans les statuts de la Fraternité du Barreau de Paris que son objet est de « défendre les intérêts et la dignité des citoyens et des cultes ». La mission définie pour ses membres « en leur qualité de descendance d’Abraham [est] de participer dans la vie civile à la lutte contre toute forme de stigmatisation ou de discrimination liées à la religion ». Pourquoi avoir créé cette association maintenant ?
Je suis depuis longtemps engagé pour la reconnaissance de la religion musulmane en France, mais c’est à la suite des événements tragiques du mois de janvier dernier que m’est venue l’idée de la Fraternité du barreau. Les attentats du 13 novembre ont accéléré le mouvement, et nous avons signé nos statuts six jours plus tard. Ces tueries m’ont meurtri doublement, d’abord en tant que citoyen français comme beaucoup de mes compatriotes, mais aussi parce qu’elles ont été commises au nom de ma religion.
Quel message souhaitez-vous transmettre ?
Un message d’union. Nous nous appuyons sur un socle commun qui est bien sûr l’histoire de l’humanité, mais que nous avons réduit à l’héritage des trois grandes religions monothéistes. C’est pourquoi symboliquement nous avons à la tête de notre association un musulman, un catholique et un juif.
Dans quel objectif cette union ?
Nous voulons faire tomber les murs de la haine et de l’ignorance. Nous espérons réunir autour de nous des avocats de toutes sensibilités pour défendre – car c’est notre métier – l’islam d’abord, puisque c’est lui qui est mise en cause aujourd’hui. Nous souhaitons œuvrer à une meilleure connaissance de la religion musulmane : elle n’est pas celle qui est en train de s’exprimer, qui donne la mort et noircit l’âme de l’humanité. Cette représentation m’est intolérable et je veux la changer.
Propos recueillis par Catherine Fuhg