Les pays du Maghreb sont constitués, à presque 100 %, de musulmans. Il est difficile de trouver un espace aussi uniforme en termes de communauté confessionnelle.
Les pays du Maghreb sont constitués, à presque 100 %, de musulmans. Il est difficile de trouver un espace aussi uniforme en termes de communauté confessionnelle. La Tunisie est un État basé sur la citoyenneté. Selon les principes généraux de sa Constitution de 2014, « L’État est le gardien de la religion. Il garantit la liberté de conscience et de croyance. »
Les musulmans de Tunisie sont adeptes à 15 % du rite hanafite et à 85 %, du malékite. Le malékisme est l’une des quatre écoles juridiques du sunnisme. Dans cette tradition, le fidèle se conforme aux enseignements du Coran, de la sunna et donne moins de poids aux hadiths qu’aux usages de la tradition médinoise. La tradition malékite a été entretenue à Kairouan, considérée par certains sunnites comme la quatrième ville sainte (pour d’autres, ce serait Hébron). Autrefois, sa grande mosquée abritait une université qui était aussi le premier centre intellectuel du Maghreb.
La Tunisie a accueilli une nombreuse population juive, depuis les premières diasporas puis à la suite des persécutions des rois catholiques d’Espagne et du régime de Vichy en France. Pendant plus de mille ans, juifs et musulmans ont vécu côte à côte en terre tunisienne. À la veille de l’indépendance, la communauté juive comptait près de 100 000 âmes, sur une population totale de 3 millions d’habitants. Elle est réduite aujourd’hui à moins de 2 000 personnes, résidant principalement à Tunis et Djerba. Suite aux conflits en Palestine et à la décolonisation, les Juifs de Tunisie sont partis. Principalement vers Israël ou la France.
La société civile se mobilise pour soutenir les minorités
Dans le pays, aujourd’hui, des initiatives sont créées pour construire du lien. Elles proviennent principalement de la société civile. Yamina Thabet, étudiante en médecine, a fondé en 2011, l’Association Tunisienne de soutien des minorités. Cette association a pour objectifs de promouvoir les droits de l’homme et la démocratie, de défendre les droits des minorités et de développer les valeurs de diversité dans la société tunisienne.
Elle a aussi le souci d’assurer la couverture médiatique de certaines persécutions à l’encontre des minorités. Et d’ailleurs, depuis peu, la télévision tunisienne aborde le sujet de l’antisémitisme.
Enfin, les communautés religieuses travaillent à améliorer les conditions de vie de la population locale. Par exemple, en plein centre de Tunis, une bibliothèque diocésaine, tenue par un prêtre catholique, accueille des étudiants musulmans et juifs, et régulièrement des imams y vont pour étudier et écrire leurs prêches.
Lucie Neumann