La police suédoise a passé sous silence des agressions sexuelles commises en août 2014 au cours d’un festival de musique à Stockholm. Ces événements ont finalement ressurgi à la lumière des événements de la Saint-Sylvestre à Cologne, Hambourg, Zurich et Helsinki, faisant éclater le scandale.
Il y a deux semaines la nuit de réjouissances du 31 décembre se transforme en cauchemar pour des centaines de femmes à la gare centrale de Cologne et près de la cathédrale, ainsi qu’à Hambourg, Zurich et Helsinki… Une série d’agressions sexuelles d’une telle ampleur cette fois qu’on ne peut la dissimuler. Le modus operandi des agresseurs de la Saint-Sylvestre rappelle de manière frappante celui observé en Suède. L’encerclement des proies puis le passage à l’acte, brutal et massif. Du jamais vu, avouait un responsable municipal. Selon lui, ébruiter ces faits aurait été irresponsable étant donné que les suspects interpellés durant l’enquête étaient souvent depuis peu arrivés en Suède. Ainsi par crainte de provoquer des actes de vengeance, le choix avait été de s’autocensurer.
Une question s’impose à moi : le balayage sous le tapis de ces faits gravissimes ne serait-il pas le symptôme d’un mal profond dont souffre encore et à nouveau à l’heure de la modernité l’ensemble des sociétés : les droits de la femme importent moins que ceux des hommes en général ? Il me semble en effet hâtif de ne voir dans cette stratégie que l’expression du souci de protéger les migrants, musulmans et arabes, d’un possible amalgame. La crainte de représailles ne suffit pas généralement à faire taire les médias.
Les réactions aux événements de certains politiques d’une part, de simples citoyens de l’autre, ne viennent que renforcer mon sentiment de malaise. Et les femmes malheureusement, dans ce mouvement de régression ne sont pas les dernières à sonner le rappel.
La palme de l’année 2016 revient à Henriette Reker, maire indépendante de Cologne, qui au lendemain des agressions incitait ses administrées à garder une distance « de la longueur d’un bras » entre elles et de possibles agresseurs. Elle ne précisait pas si tous les hommes étaient dorénavant à traiter en violeurs potentiels. Sans dire dans le cas contraire comment distinguer les seconds dans la masse des premiers. Puis, poursuivant sur sa lancée elle a aussi recommandé aux femmes de s’adapter. Ainsi, pour éviter le viol ou autres attouchements, la balle serait dans le camp des femmes. Évidemment !
Son « programme », officiellement critiqué par la classe politique, ne fait-il pas écho à une tendance, que l’on observe depuis plusieurs années, dont le thème de l’avortement n’est que le volet visible ? Et ne s’agit-il pas d’une mise en demeure ? Les femmes, au nom d’une raison supérieure, devraient revoir à la baisse leur liberté de circuler ou à leurs risques et périls.
Allons-nous accepter de retourner au point où viols et sévices sexuels étaient imputés aux victimes et non pas aux coupables ? Les femmes doivent-elles se préparer pour échapper aux bourreaux à se tapir entre quatre murs, pourquoi pas derrière les fourneaux ?