Issu de la bourgeoisie béninoise, il vit en région parisienne. Pourtant il n’a rien oublié, et certainement rien renié, de son identité. Il est resté enraciné dans son pays d’origine comme en témoignent les thèmes principaux de son œuvre, la traite négrière et le vaudou.
Sa personnalité, sa technique et son style uniques le distinguent dans le monde de l’art contemporain, de ses collègues africains. Ce grand rêveur, comme il se définit lui-même, a créé une œuvre onirique pour conter ses histoires, même les plus douloureuses. Ainsi pour parler d’esclavage, a-t-il choisi l’évocation plutôt que la figuration. « Évoquer ceux qui sont partis, ne sont jamais revenus. » Pour lui, la spiritualité, permettant une approche de l’histoire apaisée, ouvre et sensibilise mieux que n’importe quelle image de fouet ou de chaîne. Pas question pour autant d’oublier la violence subie par les 15 millions d’Africains arrachés à jamais à leurs familles et leurs pays.
Une peinture figurative, au xxie siècle ? Parce qu’il aime les humains, dit-il, tous les humains. « J’aime les sentir sous tous les angles, sur tous les points de la terre, comment ils mangent, comment ils vivent, comment ils rêvent. »
Sa plus grande fierté sans doute est l’œuvre qu’il a élaborée – « un pari, et j’aime les paris » – pour le Victoria and Albert Museum de Londres. Une toile de 50m2, qu’il a réalisée en quatre mois montre en main.
Julien Sinzogan expose en ce moment à Paris, et jusqu’à la fin janvier, à La Mu Gallery, des images inspirées de Guyane, du Sénégal, du Bénin, de la géomancie… de toute cette culture qu’emportèrent, comme seul bagage, les Africains dans leur voyage forcé vers l’Amérique et l’esclavage.