Connue du grand public depuis les JO 2012, Céline Dumerc demeure l’emblème du basket féminin en France.
Pourquoi être venue au basket ? Avez-vous toujours rêvé d’être sportive de haut niveau ?
J’y suis venue par hasard. En 1991, j’ai fait un centre aéré qui incluait le basket parmi les activités. Cela tombait bien car je voulais faire un sport en club pour occuper mes week-ends. Je me souviens à l’époque des reportages sur Michael Jordan, mais je n’avais pas conscience de l’ampleur du basket-ball.
Vos parents vous ont-ils parlé de Clermont, qui a dominé le basket féminin dans les années 1970 ?
Non, ma mère a fait du basket et mon père suit le sport, mais ce ne sont pas des sportifs avisés. De plus, le sport féminin n’était pas développé à l’époque.
Pourquoi Bourges ?
Je jouais à Tarbes, où je suis née, et l’opportunité de venir à Bourges s’est présentée quand Yannick Souvré a pris sa retraite et que Cathy Melain est partie. Le club avait décidé de miser sur un groupe plus jeune. C’était en 2003, j’avais alors vingt et un ans, et jamais je n’aurais pensé signer à Bourges aussi tôt. Cette année est ma onzième au sein du club et je me sens comme à la maison !
Souvré était un modèle pour vous ?
Je n’ai jamais été fan ou voulu ressembler à qui que ce soit, mais Yannick m’impressionnait par son charisme, j’étais bluffée par ce qu’elle était capable de faire. C’est quelqu’un qui t’inspire, qui montre la voie de l’excellence. Je souhaitais me rapprocher de son parcours.
Et dans le basket-ball d’aujourd’hui, qui vous semble au-dessus du lot ?
Stephen Curry m’impressionne par sa régularité : il révolutionne le basket, pas parce qu’il a un physique extraordinaire mais parce qu’il fait des choses extraordinaires.
Vous aussi, vous supportez la pression et rentrez des paniers dans les moments difficiles, comme aux JO de 2012. D’où vous vient ce sang-froid ?
C’est lié à la confiance, de l’entraîneur, en nous. Il y a aussi certaines légèretés dans les prises de décision, une part de chance, on est parfois touchée par la grâce comme à Londres il y a trois ans. J’ai surtout envie d’être meilleure que la veille ! Depuis toujours…
Y-a-t-il des différences de méthode entre un entraîneur et une entraîneuse ?
Les personnalités changent. Tactique ou stratégique : chacun a son opinion. Mais si l’approche est différente, la finalité est la même. Une femme est peut-être plus attentive à la gent féminine ?
Quel regard portez-vous sur le sport féminin ?
Il y a eu énormément de progrès, les résultats sont là aussi : en hand, en foot… Dans le basket, on est bien lotis et notre président de fédération nous comprend.
Le basket féminin en général, et Bourges en particulier, ont-il selon vous bénéficié de l’effet équipe de France après son parcours aux JO de 2012 ? Et votre médiatisation pendant la compétition a-t-elle changé le regard du public à votre égard ?
Cette médaille d’argent a changé les mentalités, et ouvert des portes à des personnes qui ne connaissaient pas le basket. Je suis ravie des succès individuels, le public a besoin de s’identifier à des champions et une ou deux têtes de liste ressortent, mais la performance est collective.
Que retenez-vous de votre expérience à l’étranger (deux ans en Russie) ?
Les clubs russes sont financés par un seul groupe : à Ékaterinbourg, c’est une entreprise de métallurgie. À Bourges, les sponsors sont plus nombreux, et nous avons aussi des bénévoles. Il y a beaucoup d’argent en Russie, mais cela ne fait pas tout. Bourges privilégie plutôt la stabilité.
Que représente le « camp Céline Dumerc » ?
Ce camp est dédié à la meneuse de jeu, de petite taille normalement, même si nous intégrerons les joueuses intérieures l’année prochaine, car il est difficile à cinq contre cinq de procéder seulement avec des meneuses. Je viens pour partager mon expérience car ce poste requiert des compétences particulières. Il s’agit de donner des idées à des jeunes joueuses qui aspirent à devenir basketteuses. Il faut que chacune puisse s’exprimer, c’est la raison pour laquelle nous avons instauré avec Didier Servant quatre catégories d’âge, de treize à vingt ans. La deuxième édition aura lieu du 5 au 9 juillet prochain à Bourg de Péage, dans la Drôme.
Cette expérience vous donne-t-elle des idées de reconversion ? Y pensez-vous ?
Non, pas encore. J’ai quelques pistes, mais rien de concret. Je vis dans le présent et je me concentre sur le basket. Je prends du plaisir sur le terrain tant que mon corps me permet de performer. Mais je n’oublie pas d’où je viens, j’ai d’ailleurs croisé Sandra, ma première entraîneuse, après Londres.
La capitale anglaise vous rappelle forcément les JO de 2012. Ceux de 2016 qui se dérouleront à Rio cet été constituent-ils votre principal objectif à court terme ?
Oui, car les JO restent la compétition à laquelle tous les athlètes rêvent de participer, de par sa notoriété, son mode de compétition (on n’avait jamais fait en même temps des compétitions avec des garçons). C’est très particulier, avec une vraie atmosphère, c’est la fête du sport, ça donne des étoiles dans les yeux. On a donc envie d’y retourner (Ndlr : la France disputera un tournoi de qualification en juin à Nantes) ! Mais avant cela, j’espère que Bourges récupérera la Coupe de France et sera à nouveau championne de France.
Pour aller plus loin : le camp Céline Dumerc