International
10H03 - mardi 2 février 2016

La Jordanie : la dixième étape de l’InterFaith Tour II

 

Entourée de pays où les tensions politico-religieuses sont très présentes, la Jordanie se distingue de ses voisins par la quiétude des relations entre ses différentes communautés.

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Composée de 95 % de sunnites et 4 % de chrétiens, la population jordanienne comprend peu de druzes, minorité issue du chiisme, dont la pratique et les fondements sont peu communiqués voire tenus secrets. Les bahaïs sont aussi peu nombreux ; la religion bahaïe est apparue à la fin du xixe siècle en Iran. Elle place la notion d’unité au cœur de ses enseignements et puise sa foi dans la croyance en la manifestation divine. Ainsi, le Baha’u’llah, représentant des bahaïs et garant de l’unicité, est le symbole même de la jonction de toutes les religions.

Connu sous le nom de Transjordanie jusqu’à son indépendance en 1946, le pays devient royaume hachémite de Jordanie en 1949 après la signature avec Israël d’un armistice mettant fin à sa participation à la guerre israélo-arabe de 1948-1949. En 1994, le Premier ministre jordanien signera en présence du roi un accord de paix avec Israël. Cette initiative sera perçue comme une trahison aux yeux du reste du monde arabe.

Le roi Abdallah II, qui a succédé à son père en 1999, a participé à l’établissement de relations interreligieuses équilibrées en inaugurant l’Institut royal pour les études interreligieuses et en diffusant, en 2004, le « Message d’Amman ». Adressé aux leaders et représentants de l’islam, le message définit ce qu’est l’islam et les actions qui la représentent, et invite musulmans et chrétiens à s’engager plus activement dans un dialogue. Cet effort œcuménique sera suivi en 2007 par « Une Parole commune », une lettre ouverte, adressée par 138 personnalités musulmanes à tous les leaders chrétiens, exhortant les communautés islamo-chrétiennes à passer d’un rapport respectueux à une relation de collaboration.

Parmi les initiatives rencontrées, nous retenons le Coexistence Center créé par Nabil Haddad, un prêtre arabo-chrétien orthodoxe qui considère sa communauté non comme une « minorité » (pouvant être ignorée) mais comme une « petite communauté », devant s’affirmer auprès des plus grandes afin de se faire reconnaître comme partie intégrante de la société. Le Coexistence Center porte une attention particulière aux femmes et travaille à développer les échanges entre musulmans et chrétiens notamment lors des fêtes. Il rassemble les communautés dans une mosquée à Noël ou dans l’enceinte d’une église pendant le Ramadan. Pour monsieur Haddad, c’est l’occasion de partager les valeurs interreligieuses, comme l’amour et le respect, et de les mettre en action : « On ne compromet pas nos religions, au contraire, on les utilise au mieux pour atteindre l’Autre ».

 

Ariane Julien

 

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