Une semaine comme les autres dans ce pays où l’histoire se mêle en permanence de l’actualité, et parfois même l’inverse. Où les tensions inter- et intracommunautaires semblent toujours vouloir croître et se multiplier, mais où personne n’est prêt, jamais, à abandonner l’espoir.
Des morts encore
La semaine du 25 janvier a mal commencé en Israël avec la mort d’une femme, assassinée à Beit Horon, en Cisjordanie. C’est aux abords d’un supermarché que lundi deux Palestiniens, de 17 et 23 ans, ont poignardé des passantes. L’une d’elle, Shlomit Krigman, a succombé à ses blessures. Les terroristes, quant à eux, ont été abattus dans le feu de l’action par des membres de la sécurité. Slomit Krigman, âgée de 23 ans, étudiait le design industriel à l’université et développait, dans ce cadre, un projet de bibliothèques à installer dans les stations de bus, pour « apprendre au peuple d’Israël à aimer la lecture », disait-elle. Ses proches expliquent que cette vision reflétait parfaitement sa personnalité et répondait à ses deux passions : le livre et le stylisme. La suite de la semaine, si elle a vu couler le sang – trois blessés dans une fusillade et un, dans un attentat à la voiture bélier – n’a pas compté d’autres morts.
Une loi de la honte !
Miri Regev, ministre israélienne de la Culture, a scandalisé l’opposition et le monde de l’art en Israël avec une proposition de loi, que Ksenia Svetlova, député de centre-gauche, a qualifiée de liberticide, dans la « pure tradition maccarthyste ».
Le nom de ce projet « Fidélisation de la culture » n’évoque a priori rien de menaçant pourtant. Mais à y regarder de près… En effet, il s’agit d’argent. De subventions culturelles exactement. Elles dépendraient désormais du « respect envers Israël ». Ainsi, les demandeurs, qui « défigureraient le drapeau ou d’autres symboles nationaux, inciteraient au racisme, à la violence ou à la terreur », n’en recevraient plus aucune.
Les critiques fusent de toutes parts au Parlement et ailleurs. On reproche en bref à cette loi de saper « les fondements de la démocratie israélienne » que sont les liberté d’expression et de création et de rappeler ces « régimes qui persécutent leurs détracteurs et font taire la critique ». Le Premier ministre Netanyahu s’est posé en arbitre dans ce débat, en refusant de qualifier de « traîtres » les personnes dont l’avis diffèrerait du sien. Mais il n’a pas manqué de condamner par ailleurs ceux qui « calomnient le nom d’Israël dans le monde ».
Journée mondiale de la Shoah, en Israël
Bien qu’Israël ait sa propre journée de commémoration de la Shoah, le 27 du mois hébraïque nissan, en avril-mai, chaque année, la journée mondiale consacrée à l’holocauste y est aussi l’occasion de parler des survivants et de leurs enfants. Une étude, par exemple, a été publiée sur les risques de développer des troubles schizophrènes. Selon cette étude, dirigée par les professeurs Stephen A. Levine du département de santé mentale communautaire de l’université de Haïfa, Itzhak Levav, professeur en psychiatrie et Yaïr Goldberg, du département des statistiques, le nombre de survivants souffrant de cette maladie est de 27 % supérieur à celui des personnes ayant survécu aux événements dans des zones protégées. Par ailleurs, les survivants conçus et nés dans ce contexte sont à 41 % plus vulnérables à ces désordres mentaux.
Si, historiquement, la création de l’État d’Israël n’est pas seulement la conséquence de la Deuxième Guerre mondiale et du projet non abouti d’extermination des Juifs, il est certain que l’holocauste y conditionne la vie politique. Ainsi, la crainte d’être, une nouvelle fois, confronté à une telle force destructrice fait de la sécurité une priorité pour tous les Israéliens.
Terre sainte, peut-être, terre d’histoire, sans doute
L’Autorité des antiquités d’Israël a déclaré avoir mis à jour trois nouvelles inscriptions funéraires vieilles de 1 700 ans. Selon les deux inscriptions en araméen – les autres sont en grec –, des défunts, dont le nom est accompagné de la mention « rabbin », ont été enterrés dans le cimetière ouest de Sepphoris. Docteur Moti Aviam de l’Institut archéologique de Galilée a déclaré que « l’importance des épitaphes réside dans le fait que ceux-ci reflètent la vie quotidienne des Juifs de Sepphoris et leur monde culturel. » L’un des morts étaient appelé « le Tibérien ». Sepphoris, capitale intellectuelle et administrative de la Galilée d’alors, était surnommée « ville de la paix ».
Une promesse sous forme de menace ?
Pour les Israéliens, la promesse de Laurent Fabius de reconnaître l’État palestinien, en cas d’échec des efforts de paix et quelles qu’en soient les raisons, met Israël en position de faiblesse dans les négociations. Si les Palestiniens, disent-ils, savent par avance qu’ils auront ce qu’ils veulent pourquoi feraient-ils des efforts ?
De son côté, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a salué l’initiative française au cours du 26e sommet de l’Union africaine en Éthiopie, et affirmé vouloir continuer « à utiliser des méthodes politiques et juridiques, à travers une résistance pacifique et populaire, pour obtenir nos droits nationaux ». Il a par ailleurs averti que toute tentative de la part d’Israël de changer le statu quo au Mont du Temple pourrait changer la nature du conflit de politique en religieux.
L’objectif de la diplomatie française, par la voix de Laurent Fabius, est d’organiser un sommet international de la paix, afin de relancer les pourparlers et faire aboutir la solution des deux États.
Une avancée de la mixité en religion
Le mur des Lamentations, lieu sacré entre tous pour les Juifs du monde entier, a été l’objet de disputes, parfois violentes, depuis bientôt 25 ans. Femmes et hommes y prient actuellement de part et d’autre d’une palissade, l’espace réservé aux unes étant considérablement plus étroit que celui des autres. Les responsables, orthodoxes, de ce lieu de prière, y avaient interdit certaines pratiques, « contraires à la tradition », aux femmes du mouvement libéral. Ces dernières, organisées en association, Les Femmes du Mur, ont obtenu satisfaction : le 31 janvier, le gouvernement a approuvé la création d’un espace mixte de prière, pour les Juifs non orthodoxes.