Dans une déclaration d’août 2013 à Associated Press Billie Jean King révélait qu’elle n’aurait jamais pu faire son coming-out quarante ans plus tôt (elle le fit en 1981). Pas par honte de sa sexualité, mais par crainte de mettre en péril une institution, l’Association des joueuses de tennis professionnelles, qu’elle venait de créer.
L’avion au nom du controversé champion philippin – Crédit photo : Angel – Wikimedia Commons[/caption]
Si l’Américaine est depuis devenue une icône de la cause homosexuelle et de l’égalité des droits, force est de constater que le combat contre les discriminations dans le sport est loin d’être gagné ! Tel un feu de forêt, il semble au contraire se propager dans plusieurs pays et toucher de nombreuses disciplines.
Dernier exemple en date il y a quelques jours, celui du boxeur philippin Manny Pacquiao, qui avait d’abord comparé les homosexuels à des animaux avant de s’excuser… puis de maintenir ses propos en invoquant la Bible ! Pour ce chrétien évangélique qui brigue un poste de sénateur après celui de député, le chemin de la rédemption semble encore long. Idem pour son collègue britannique Tyson Fury qui, début novembre 2015, avait évoqué « trois choses pour attirer le diable : légaliser la pédophilie, l’avortement et… l’homosexualité ».
Comment ne pas non plus faire référence au mot « fiotte » lâché par le footballeur du Paris Saint-Germain Serge Aurier à l’encontre de son entraîneur Laurent Blanc dans sa désormais célèbre vidéo sur l’application Periscope ? Bien qu’éludée par la plupart des observateurs, la connotation péjorative de l’insulte semble pourtant évidente !
C’est ce manque de réaction publique et surtout politique qui a poussé le Paris Foot Gay à cesser ses activités en septembre 2015, après douze ans d’existence. L’association de lutte contre l’homophobie dans le sport avait même parlé « d’indifférence totale, de peur des institutionnels à s’engager réellement, et de honte pour certains à traiter ce sujet ».
Comment alors riposter à l’intolérance ? En s’associant à des personnalités sportives comme Vikash Dhorasoo pour le PFG ? En insistant sur le cas de Gareth Thomas, star du rugby gallois dans les années 1990 et 2000, dont coéquipiers et entraîneurs avaient accueilli le coming-out avec respect ? Ou sur celui de l’ex-nageur australien Ian Thorpe, dont nombre de sportifs ont salué la franchise après la révélation de son homosexualité en 2014 ?
En se basant peut-être sur l’histoire de Jason Collins et de Michael Sim, basketteurs et footballeurs américains en activité et ouvertement gays. Ou sur l’organisation d’une compétition majeure comme les Gay Games, dont Paris sera l’hôte en 2018. En prouvant surtout qu’il faut aller bien au-delà de l’initiative de l’association Panamboyz qui, lors des rencontres de football de ligues 1 et 2 françaises du 29 janvier au 1er février dernier, avaient demandé aux joueurs de porter des lacets arc-en-ciel.
Arc-en-ciel, la couleur arborée par l’athlète suédoise Emma Green sur ses ongles lors des jeux olympiques d’hiver à Sotchi en 2014. Une initiative louable mais critiquée par sa collègue perchiste Yelena Isinbayeva, qui avait alors déclaré que « les hommes vivent avec les femmes, les femmes vivent avec les hommes », abondant ainsi dans le sens de la loi russe qui punit la propagande homosexuelle. Même si elle avait ensuite tenté d’atténuer ses propos prétextant une erreur de traduction, la star de sa discipline venait surtout confirmer que le manque d’ouverture n’est pas l’apanage des hommes…