Après l’annonce d’un accord sur le conflit en Syrie, Opinion Internationale revient sur la situation humanitaire avec un secouriste argentin parti sauver la vie des réfugiés dans l’île de Lesbos.
Son visage a fait le tour du monde, Nicolas Migueiz Montan apparaît sur Un bénévole de l’ONG Proactiva Open Arms surveille l’arrivée des bateaux sur la rive grecque. Crédits Photos : Facebook officiel Proactiva Open Arms.[/caption]
C’est ainsi qu’en septembre dernier, une équipe de trois employés part en direction de l’île de Lesbos. Nicolas ne fait pas partie de ce premier voyage : il supplée les absents en Espagne. À leur retour, ses collègues décrivent une situation humanitaire terrible qui nécessite toutes les volontés disponibles. Et pour cause, sur les 800 000 Syriens, Afghans et Irakiens débarqués en Europe pour fuir la guerre et la misère en 2015, 500 000 accostent sur l’île de Lesbos, selon l’UNHCR. C’est alors qu’il est décidé de mettre en place un système de roulement entre les sauveteurs dépêchés sur place et ceux restés en Espagne pour gérer les affaires courantes de la petite entreprise qui ne peut se permettre d’abandonner – même temporairement – ses activités d’origine.
Fin septembre, l’ONG Open Arms voit le jour « pour inscrire notre action humanitaire dans la durée », nous explique Nicolas, parti pour la première fois en Grèce au moment de sa création. Sur place, il découvre une réalité beaucoup plus complexe que celle qu’il imaginait. « L’île n’est située qu’à 9 kilomètres de la côte turque, ce qui, en temps normal, nécessite un voyage de moins d’une heure… Mais les migrants tentent la traversée dans des conditions dramatiques, sur des embarcations précaires dont ils percent parfois la coque bien avant d’arriver, dès qu’ils aperçoivent des gens sur la rive, comme leur ont conseillé les passeurs turcs, et poursuivent à la nage en se noyant pour la plupart. » Une réalité terrible, contre laquelle il va lutter, avec d’autres professionnels d’Open Arms, pendant une vingtaine de jours, avant la relève.
« Au fil des opérations nous avons appris à nous organiser face au chaos et avons pu sauver, bien heureusement, un nombre conséquent de réfugiés dont les bateaux faisaient naufrage », comme le montre la fameuse photo. Pourtant, cette image très gratifiante de la mission accomplie ne doit pas faire oublier l’ampleur de cette crise et l’urgence qu’il y a à agir. « Nous sommes loin d’être des héros, confie Nicolas, car nous ne résolvons aucun problème. Nous sommes des professionnels bénévoles qui tentent de prévenir, sans toujours y parvenir, un risque humanitaire sur un maillon précis de la chaîne. Le débarquement sur l’île de Lesbos n’est qu’une étape du long trajet périlleux qui attend ceux qui fuient des pays en guerre, une fois arrivés sur le sol européen. » Toutefois il reconnaît les répercussions positives de la portée médiatique de cette photo et de manière générale de la couverture internationale des événements dans la baie de Lesbos. Les naufrages successifs, au cours desquels plusieurs centaines de personnes ont trouvé la mort en octobre dernier, restent pour lui des événements traumatiques dont il n’a pu inverser le cours. Mais l’intense traitement médiatique, qui leur a été réservé, a selon lui largement contribué à conscientiser les populations en Europe et dans le monde. Dès son deuxième voyage, il a pu en constater l’impact. La solidarité internationale avait apporté renforts humains, financiers et matériels pour poursuivre l’effort collectif sur l’île de Lesbos.
Open Arms, acteur stratégique désormais, travaille en coopération avec les organisations et institutions internationales sur place et présente sa candidature au prix Nobel de la paix. Toutefois cette action courageuse, qu’incarne notamment cette fameuse photo, ne doit en rien remplacer le travail politique. Il est à espérer que l’accord humanitaire trouvé dans la nuit du 11 au 12 février 2016, après des années de guerre civile, saura mettre un terme au conflit meurtrier. Quant au conflit afghan, dans un rapport paru dimanche 14 février, la Mission des Nations unies en Afghanistan soulignait le bilan de 289 morts et 559 lors de la prise de Kunduz par les talibans.
Pour plus d’informations sur les opérations menées par l’ONG Open Arms en Grèce,
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