La vie publique israélienne est en constante ébullition. Tolérance et intolérance s’y livrent un combat quotidien. Petite chronique de ses grandeurs et bassesses.
L’homosexualité à l’honneur, mais pas pour tous
Mardi dernier, le parlement israélien a mis la communauté LGBT à l’honneur avec plusieurs tables rondes autour des droits des homosexuels dans le pays. Les questions abordées seront entre autres celles du soutien gouvernemental aux organisations gay, des droits des homosexuels en général ou de leur intégration au sein de l’armée.
La veille de l’événement un rapport officiel commandé pour l’occasion a été publié. Les chiffres de cette étude révèlent une hausse inquiétante des actes et propos homophobes dans la vie publique israélienne et particulièrement sur les réseaux sociaux.
Entre les mois d’août et décembre 2015, Agouda, la plus importante organisation gay en Israël, a recensé 276 actes violents ou discriminatoires à l’égard de membres de la communauté homosexuelle. 100 % de plus que pendant la même période, en 2014.
Un de ces faits s’est produit au cours du dernier défilé de la Gay Pride à Jérusalem où un Juif ultra-orthodoxe avait poignardé six personnes. L’une d’elles, une adolescente de seize ans, a succombé à ses blessures.
D’ordinaire pourtant, l’homosexualité se vit librement en Israël et tout particulièrement à Tel Aviv, la plus grande ville côtière du pays, classée parmi les 12 destinations les plus gay friendly au monde et censée avoir dépassé New York par la proportion d’homosexuels de sa population.
L’histoire de Linoy Rubin est un exemple frappant de l’ouverture de la société israélienne en matière d’homosexualité. C’est en tant que jeune femme qu’elle a été enrôlée à dix-huit ans dans l’armée. Au cours de son service et avec le soutien des autorités militaires, Linoy a changé de sexe pour devenir un homme désormais prénommé Liam.
Incorporée dans une unité combattante mixte, Linoy s’est révélée à elle-même au cours de sa première année de service. Sans tarder, elle a fait son coming out et parallèlement entrepris les démarches pour changer de sexe. Il lui a fallu lutter pour obtenir les autorisations militaires, mais elle y est parvenue. Après son opération, Liam a repris l’entraînement dans l’unité où Linoy avait servi jusque-là. Il y aurait à ce jour 60 soldats transgenres dans l’armée israélienne.
La ville de Petah Tikva se distingue par son racisme
Il y avait déjà eu le scandale des écoles refusant d’intégrer des élèves d’origine éthiopienne. Aujourd’hui, ce sont les instances religieuses de la ville qui se font remarquer de manière négative. Et une fois encore pour discrimination envers la communauté éthiopienne. Une jeune femme a subi les tracasseries du conseil religieux qui lui a réclamé, outre son certificat de conversion, diverses attestations, refusant de la marier si elle ne les produisait pas. Juive aux yeux de l’État et du consistoire, la jeune femme s’interroge aujourd’hui sur les causes de ce « harcèlement » et accuse le conseil de racisme. Cette affaire suscite l’indignation de l’opinion publique et aussi de rabbins. Un député du parti Yesh Atid, de centre gauche, a réclamé auprès du ministère de l’Intégration l’ouverture d’un débat d’urgence sur la question.
La communauté juive éthiopienne, très ancienne, est arrivée en Israël entre les années 1980 et 1990. Après plus de trente ans, toujours en butte aux discriminations, elle est encore mal intégrée.
La visite exceptionnelle de journalistes arabes en Israël
Le ministère des Affaires étrangères israélien a dernièrement intensifié son travail de relations publiques à l’adresse des communautés arabes du monde. Ainsi a-t-il accueilli, il y a une semaine, une délégation de journalistes arabes installés en Europe. Le but de l’invitation était de leur présenter le pays sous un éclairage différent.
Au cours de cette visite, les quatre invités, qui écrivent pour divers titres en langue arabe, ont visité Jérusalem, rencontré des journalistes israéliens et des membres du Parlement.
Selon Hassan Kaaba, porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, « la visite leur a présenté la réalité complexe de la région du point de vue israélien en leur fournissant des exemples concrets ». Ces journalistes, qui préfèrent rester anonymes, ont déclaré que cette visite a changé leur vision d’Israël et leur façon de penser. Emmanuel Nahshon, porte-parole de la diplomatie israélienne, a affirmé que « le dialogue avec le monde arabe [était] une priorité absolue ».
La haine ne passera pas
Un homme de vingt-sept ans, habitant de Modiin, dans le centre du pays, a été l’objet d’une plainte déposée par le procureur du district pour incitation à la violence à l’encontre des Arabes israéliens et des Palestiniens. À la suite de l’enlèvement et de l’assassinat en juin 2014 de trois jeunes élèves d’école talmudique, cet Israélien avait posté des messages de haine sur les réseaux sociaux. Pour des motifs similaires, deux résidents de Jérusalem-Est ont été condamnés, en 2015, à 9 et 17 mois de prison.
Dans cette lutte contre l’escalade des violences, les forces de sécurité israéliennes – l’armée, les services de renseignement intérieur et la police – ont décidé de s’unir.
Hommes et femmes prient ensemble au Mur des lamentations
Cette semaine a vu la première prière mixte devant le Mur occidental de Jérusalem depuis la prise en main de ce haut lieu du judaïsme par la communauté orthodoxe. Les alliés religieux du gouvernement ont à ce sujet posé un ultimatum, menaçant de quitter la coalition si le mouvement de réforme n’était pas stoppé d’ici les fêtes de Pâques.
Lors de la prière, c’est une femme qui a procédé à la lecture du texte sacré.
Les tensions autour de cet événement sont révélatrices d’une part de la détermination des réformistes à obtenir le respect de leurs droits et, de l’autre, de l’intransigeance des autorités orthodoxes à leur égard.
Un rabbin influent tente de corrompre un haut gradé de la police
Le rabbin Pinto, de la mouvance ultra-orthodoxe, considéré par sa communauté comme un chef spirituel, a été reconnu coupable de tentative de corruption sur la personne d’un commissaire de police adjoint auquel le rabbin aurait tenté de verser une somme équivalente à 96 000 euros afin d’obtenir des informations sur une enquête en cours.
Après la transaction, effectuée entre les épouses de chacune des parties dans un hôtel en 2012, l’officier avait dénoncé les faits, ce qui avait mené à l’arrestation du rabbin. La justice l’a condamné à une année de prison et 1 million de shekels (environ 230 000 euros) d’amende. Il devrait faire appel de sa condamnation.
Non aux diktats religieux
Une Américaine de quatre-vingt-un ans installée en Israël depuis une dizaine d’années a porté plainte contre la compagnie d’aviation El Al pour discrimination.
Au départ de son vol retour de Newark (USA) pour Tel-Aviv, un homme a refusé, pour des motifs religieux, de s’asseoir à côté d’elle. Ce Juif orthodoxe d’une cinquantaine d’années ne voulant pas « risquer » le contact avec une femme a alerté le personnel, et la vieille dame s’est vu offrir une place en première classe. C’est à son arrivée en Israël qu’elle a réalisé à quel point la situation l’avait blessée. Elle, une femme âgée, marchant à l’aide d’une canne, avait dû se déplacer pour ne pas gêner un homme jeune et en bonne santé. Impossible désormais pour elle de rester sans rien faire.
Ce n’est pas la première fois que des revendications intempestives de religieux ont retardé, voire bloqué, des vols de la compagnie israélienne.
Finalement, la vieille dame s’est adressée à un groupe d’avocats justement à la recherche d’un cas comme le sien : ils reprochent à El Al d’avoir intégré les exigences des religieux et d’accepter de s’y plier.
La lutte contre ce genre de diktats est constante en Israël et jusqu’ici la justice a su rester ferme à cet égard. En 2013, le procureur de la République a appelé le gouvernement à stopper les tentatives de ségrégations sexistes dans les sphères publiques.
Un Kenyan remporte le marathon de Tel Aviv
Tel Aviv aime le sport et les grands événements. Le marathon, qui attire des participants du monde entier, a donc tout pour lui plaire. 40 000 coureurs de 60 nationalités différentes, dont le doyen âgé de 92 ans, ont pris vendredi, à 7 heures du matin, le départ des quatre courses de ce huitième marathon.
Cette année, on peut presque dire que le Kenya a gagné. En effet, les trois premières places de la course masculine et les deux premières de la féminine ont été raflées par des coureurs kenyans. William Kiprono Yegon a remporté la course des hommes pour la deuxième fois consécutive tandis que côté femmes, Lonah Chemtai Korlima, sa compatriote donc, a terminé en tête.