Opinion Sport
15H04 - vendredi 4 mars 2016

Victoria Ravva : « Je suis fière d’être française »

 

Bien qu’elle ait pris sa retraite sportive il y a un an, la joueuse du RC Cannes est restée au sein de son club de toujours. Afin de rendre au volley-ball et son emblème tout ce qu’ils lui ont donné pendant vingt ans.

Victoria Ravva en 2011 -  Crédit photo : Wikimedia Commons

Victoria Ravva en 2011 – Crédit photo : Wikimedia Commons

 

Comment avez-vous débuté le volley ?

J’ai commencé à cinq ans en Géorgie, mon pays d’origine. J’ai suivi une tradition familiale car ma mère et mon père ont joué dans l’équipe nationale, mon père a même joué en junior pour l’URSS. Mais à l’époque, ce n’était pas professionnel. Ma grande sœur a aussi pratiqué ce sport.

La ville de Cannes était-elle connue dans votre pays d’origine quand le club vous a contactée ?

Je connaissais le festival de Cannes ! C’est Yan Fang, déjà entraîneur à l’époque, qui m’a contactée. J’ai joué de quatorze à dix-sept ans en Azerbaïdjan et de dix-sept à dix-neuf ans en Turquie, il m’avait donc repérée à ce moment-là.

Il vous a entraînée pendant vingt ans : quelle relation entretenez-vous avec Yan Fang ?

C’est lui qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui, c’est donc un entraîneur particulier. On a traversé de bonnes et de mauvaises périodes. Il a fait grandir les joueuses et a permis de concurrencer les autres clubs européens sans avoir le même budget.

Les 20 titres nationaux du club ont été acquis sous la direction d’Anny Courtade : quel est le secret de son succès ?

Anny ne connaissait rien au sport, mais elle a essayé de structurer le club en recrutant le meilleur coach de l’époque. Elle a trouvé plus de moyens que les autres pour avoir la liberté de dénicher les meilleures joueuses. Je n’ai pas la même relation avec elle qu’avec Yan mais on se fait confiance, les deux ont toujours voulu m’avoir à leurs côtés, et notre trio fonctionne plutôt bien.

Vous avez passé plus de la moitié de votre vie à Cannes, le fait de devenir française vous a-t-il alors paru naturel (Ndlr : en 2002) ?

Oui. J’ai vécu ma vie en France, même si j’aime beaucoup mon pays natal. À l’époque, on ne pouvait pas avoir de double nationalité et le niveau de l’équipe géorgienne était très bas, le côté sportif a donc aussi compté dans mon choix. Je me suis toujours sentie bien dans ce pays, je suis fière d’être française et de vivre dans ce pays magnifique. Et Cannes est extraordinaire, je n’ai jamais pu quitter cette ville aux deux facettes : d’un côté le luxe et les paillettes, de l’autre les criques naturelles avec la mer.

Allez-vous jouer un rôle au sein du staff dans les prochaines années ?

Je veux participer au recrutement du RC Cannes, gérer l’ensemble du club (administratif, communication…) pour pouvoir être directrice sportive. En ce moment, je suis un peu comme une stagiaire, car je suis une formation à l’université de Limoges pour être manager ; c’est ma première année, et j’en ai deux à faire.

Avez-vous songé au poste de présidente ?

J’en suis loin ! Il faut un certain vécu et avoir fait ses preuves. Les grands titres ne m’intéressent pas et, en tant que jeune retraitée, ce serait prétentieux…

Pourquoi avoir accepté d’être marraine des « 4 Saisons du sport féminin » et quelles missions vous ont été attribuées ?

Je ne sais pas pourquoi on m’a choisie, peut-être ont-ils vu que je suis comme ma présidente : impliquée pour la parité. Je vais essayer de promouvoir le sport et la femme dans le sport. On ne cherche rien de plus que la place qu’on mérite. Je vais participer à des manifestations comme des congrès ou colloques sur ce thème et montrer à quel point on vit dans une sorte d’inégalité.

Votre rôle de consultante pour une chaîne de télévision est-il lié à cette promotion du sport féminin ou est-ce une reconversion durable ?

Je n’ai jamais pensé en faire mon métier, j’ai reçu une proposition flatteuse car L’Équipe 21 venait de signer un contrat avec la ligue nationale de volley-ball. Le rôle de consultante n’est pas celui de journaliste, j’ai juste une vision différente, et j’apporte la bonne humeur, les explications et les anecdotes. On me demande d’être moi-même et je le fais avec un immense plaisir. J’aime voir qu’il y a un réel intérêt pour le volley-ball féminin en France comme en Géorgie ; j’espère d’ailleurs qu’avec l’organisation des championnats d’Europe 2017 en Géorgie et en Azerbaïdjan, ce sport va briller.

 

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