Des femmes élues et membres d’ONG d’Europe et du Moyen-Orient, réunies en conférence internationale, ont désigné l’extrémisme islamique comme principale, mais non unique, menace aux droits de femmes, et des hommes en général.
Ambiance et propos choisis :
Anticipant d’une semaine la Journée internationale des femmes, une cinquantaine d’élues et membres d’ONG se sont retrouvées à La Défense, sous la Grande Arche, pour dénoncer les maux de la misogynie et des violences faites aux femmes dans tout un éventail de situations malheureuses et, officiellement, dans les zones affectées par l’islamisme radical : aspects juridiques, géopolitiques, sociaux.
Dans une ambiance de meeting politique, il s’agissait de montrer un front mondial de rejet. Afin de souligner la puissance des femmes, il n’y eut que des femmes à la tribune. Tant pis cette fois pour les hommes féministes.
Ingrid Betancourt, Rama Yade, Christine Ockrent, voilà quelques noms français ; puis la vice-présidente de la Coalition nationale syrienne, Nagham Ghaderi ; et d’éminentes membres d’ONG dont Ranjana Kumari du Centre for Social Research de New Delhi. Sans oublier des élues marocaines, albanaises, allemandes, espagnoles, italiennes.
« Le féminisme est une affaire de générations, certains pays en sont à la génération zéro, d’autres sont plus avancés, mais on est loin du bout. Le patriarcat guette partout, même en Europe. Il faut être solidaire des femmes du Moyen-Orient. »
« Les femmes en Inde se reprennent en main et portent les violations devant la justice. Aujourd’hui, il y a une montée de misogynie fondamentaliste hindoue, ce qu’on appelle le hindutwa. Le respect de la démocratie est notre grand recours. »
L’inventaire des atteintes aux droits des femmes était impressionnant, particulièrement à cause de la focalisation sur l’islamisme en général et Daech en particulier. Le côté criminel des agissements islamistes a été souligné, et aussi les formes plus insidieuses du patriarcat qui réussit à réduire la femme à une position d’infériorité sans même avoir besoin de recourir à la force. Enfin, la misogynie active, violente, en Syrie est utilisée à la fois par le régime de Bachar al-Assad et Daech, comme l’explique Nagham Ghadri, vice-présidente de la Coalition nationale syrienne :
Ce meeting était organisé par les Moudjahidin du peuple d’Iran, qui se targuent d’être « la résistance iranienne », et organisent régulièrement des meetings parfois immenses. Ainsi, à La Défense, quelques jours après les élections législatives iraniennes, les dénonciations du régime religieux de Téhéran ont fusé. Nous n’entrerons pas ici dans la légitimité de ces élections, car il faudrait considérer d’une part le scrutin — plutôt correct — de l’autre, le fait que le Comité de sélection des candidats avait préalablement écarté ceux qui se révélaient trop nettement progressistes. Les modérés élus en Iran sont juste les moins fanatiques des conservateurs, mais c’est avec eux que le monde composera. À Téhéran, la question des femmes (il n’y a qu’une poignée d’élues dans le pays) n’est pas à l’ordre du jour, même si cette conférence parisienne s’y est fortement intéressée.
Sans doute, la présence de Sud-Africaines, Américaines (Linda Chavez, ancienne collaboratrice de Ronald Reagan) et personnes originaires du monde arabe, a réussi à rappeler que Daech, al-Qaïda et consorts menacent non seulement sous la forme du terrorisme mais aussi par la tétanisation sociale, poussant les femmes à se conformer préventivement à des normes religieuses répressives. On sentait comme un appel lancé par toutes ces femmes aux Occidentaux afin qu’ils n’oublient pas que les droits des femmes au Moyen-Orient sont en danger même hors de la zone de guerre.