Claude Estier est mort hier à l’âge quatre-vingt-dix ans. L’homme, né Ezratty, a marqué de son empreinte l’histoire du socialisme français. Toute sa vie, il a voué une passion à la France et à ses valeurs. Gamin de la Butte, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, Claude Estier s’engage dès 1942 dans la Résistance, à Lyon. Pendant trois ans, dans les rangs des Forces françaises de l’Intérieur (FFI), il prendra des risques insensés pour distribuer les journaux clandestins. Après-guerre, il entre comme journaliste dans un journal régional. D’abord au Populaire, il écrira ensuite pour Le Progrès de Lyon. Tout en poursuivant ses activités au quotidien lyonnais, il participe activement à la rédaction de France Observateur, père de L’Obs d’aujourd’hui. C’est en 1955 qu’il rejoint le service politique du Monde. Très engagé dans le débat sur la décolonisation, il quitte, trois ans plus tard, le quotidien du soir à cause de la ligne politique d’Hubert Beuve-Mery, trop attentiste selon lui sur le dossier algérien. En 1958, il amorce un rapprochement avec François Mitterrand et rejoint la rédaction du premier Libération. Dans la foulée, il en devient le rédacteur en chef tout en maintenant sa collaboration à France Observateur.
Artisan de l’Union de la gauche
Six ans plus tard, en 1964, après la disparition de Libération, il s’investit dans le rapprochement de Mitterrand avec le Parti communiste français. Élu député en 1967, il contribue à l’arrivée de François Mitterrand à la tête du Parti socialiste en 1971. Il se consacre désormais à l’hebdomadaire socialiste L’Unité qu’il a fondé. Artisan de l’Union de la gauche, il œuvre à l’élection de François Mitterrand en 1981 à la présidence de la République. Réélu député la même année, il présidera deux ans plus tard la commission des Affaires étrangères et de la Défense jusqu’en 1986, année de son élection pour Paris au Sénat, dont il dirigera plus tard le groupe socialiste.
Claude Estier s’est aussi beaucoup investi à Paris dans la « bande du XVIIIe » qui contribuera grandement à l’arrivée de Bertrand Delanoë à la tête de la mairie de Paris. Pilier de la gauche parisienne et du socialisme français, Claude Estier était aussi une plume. Il a publié, jusqu’en 2014, de nombreux ouvrages, notamment au Cherche-Midi.