International
16H11 - mardi 15 mars 2016

MEDEF, osons la mixité !

 

 

Dans le cadre du programme HeForShe, le Medef organisait en collaboration avec l’Onu Femmes une conférence autour de la mixité en entreprise intitulée « La mixité : yes we can ! » Des femmes et des hommes travaillant dans des sociétés de tailles diverses ont été invités à prendre la parole.

Carole Ozenne ouvre la conférence. – Crédit photo : Clément Charpentreau

 

Animée par Armelle Carminati-Rabasse, présidente de la Commission innovation sociale et managériale du Medef, la conférence faisait intervenir des duos composés d’un membre du comité exécutif et un de ses managers.

Selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une mixité bien gérée au sein d’une société lui apporte 0.4 % de croissance supplémentaire. Cet élément motive, on s’en doute, les chefs d’entreprise français à se réunir pour trouver les outils d’une cohabitation parfaite entre hommes et femmes. Si les femmes constituent 70 % du personnel au siège du Medef, il n’en est pas de même dans le réseau de ses 15 000 mandataires. Cela fait une quinzaine d’années que la mixité tente de convaincre, et bien qu’elle ait fait d’énormes progrès, il reste encore du travail. Pour le Medef, la réussite réside dans une méthode engageante et non contraignante pour les entrepreneurs. C’est pourquoi, à l’initiative de Pierre Gattaz, le programme « Patrons, champions du changement » a été lancé. Celui-ci met les dirigeants au cœur des problématiques d’innovation sociale et managériale habituellement « laissées à l’initiative des pouvoirs publics ».

« Ce que nous partageons est plus important que ce qui nous divise »

Miren Bengoa, présidente du comité Onu Femmes France et membre de la fondation Chanel a présenté le programme HeForShe lancé en septembre 2014 par l’emblématique discours d’Emma Watson. Un milliard d’initiatives sont signataires de la charte disponible sur www.heforshe.org, un bilan positif pour madame Bengoa. De plus, deux des dix entreprises les plus respectueuses de la mixité sont françaises.

En dépit de cette bonne nouvelle pour la France, Anne-Sophie Beraud, VP Inclusion et Diversité du Groupe AccorHotels a confié que notre cher pays figurait au rang des moins bons élèves de la mixité au sein de sa multinationale. Par exemple, 27 % seulement des chefs d’hôtel en France sont des femmes contre 50 % au Brésil. L’objectif sera d’atteindre 35 % d’ici 2017. Pour contrecarrer cette mauvaise statistique, Anne-Sophie Beraud et Sophie Stabile ont mis en place une initiative originale, le « ShadowComEx », un comité exécutif parallèle composé de 7 femmes et 6 hommes de moins de 35 ans. Ils reçoivent les mêmes sujets à traiter que le vrai ComEx et peuvent faire remonter leurs idées, suggestions et réponses à ce dernier.

On pourrait penser que la parité est difficile à imposer dans une multinationale. Schneider Electric par exemple regroupe 110 pays et autant de business model. Mais Isabelle Michel Magyar, responsable de la diversité dans ce groupe, considère qu’on peut facilement modifier tous les préjugés car la mixité est une problématique de business. Son groupe explore de nouvelles pistes : conseil consultatif de femmes, mentoring, woman leadership… Ces efforts ont été récompensés l’an dernier par le prix des Women’s Empowerment Principles (une initiative de l’Onu).

La façon la plus efficace de mettre en mouvement l’égalité est, de l’avis de tous les patrons présents ce soir-là, de s’engager à travers une charte écrite. C’est ce qu’a fait Bernard Michel, président du groupe immobilier Gecina, qui a régulé l’égalité salariale en 2014. Il s’est ainsi engagé à favoriser l’accès des femmes aux postes de direction et à faire disparaitre le tristement célèbre plafond de verre. Une autre problématique préoccupe les jeunes générations de travailleur : l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Pour Philippe Valade, la solution réside dans le travail à distance et en réseau. Néanmoins, Bernard Michel et Gérald Karsenti, PDG d’Hewlett Packard Enterprise France, ont confié que même si les patrons sont pleins de bonne volonté, ce sont lois qui les motivent plus à agir.

« Le devoir de démocratie passe par la capacité que l’on donne aux femmes à s’épanouir dans leur travail. »

Plusieurs patrons ont dénoncé ce qu’Armelle Carminatti a appelé le « frozen middle ». Si les initiatives pour la parité sont faciles à implanter au niveau du comité de direction et à imposer à l’embauche pour les postes les plus bas de la hiérarchie, le middle management reste quant à lui majoritairement masculin. C’est notamment ce que pointent Gérald Karsenti et Sandra Taborin Account General Manager chez Hewlett Packard Enterprise France. Pour le président, la solution réside dans la théorie de la tenaille : une fois les deux extrémités de l’organigramme convaincues, les mentalités changent d’elles-mêmes. Sandra Taborin considère, pour sa part, que le problème provient de ce que les travailleurs ont besoin de codes, de mentors, et qu’actuellement ces derniers sont majoritairement masculins.

Mais l’ambition de mixité n’existe pas que dans les grands groupes. Les PME s’y intéressent aussi. C’est en tout cas une des préoccupations d’Éric Malenfer, dirigeant du groupe de géomètres Gexpertise. Il explique que des sept professions ordinales, les géomètres experts sont les plus ouvriers, ce qui en faisait un métier très masculin il y a encore quelques années. Mais en créant de nouvelles fonctions aujourd’hui essentielles aux entreprises compétitives (chefs de projets, consultants, commerciaux, etc.), Gexpertise a réussi à introduire la parité. Une parité qu’elle applique au sein d’un management original : chaque travail est organisé en projet, où l’on cherche à mettre la bonne personne pour le bon sujet, la bonne compétence, au moment donné. Ce n’est donc plus l’ancienneté qui prime comme avant. Pour lui et Sophie Charpenteri, responsable des Ressources humaines, « on ne peut être un aménageur du monde sans placer l’humain au cœur ».

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