Lors de la conférence de presse organisée vendredi dernier à Berlin par le Comité olympique allemand, Yusra Mardini s’est montrée souriante, décontractée et pleine d’assurance malgré ses dix-huit ans.
Pourtant, pendant des années, c’est bien l’enfer qu’a vécu la Syrienne. Une plongée en eaux troubles devrait-on dire pour cette nageuse habituée à pratiquer sa discipline au milieu des bombes.
Une situation invivable qu’elle a laissée derrière elle il y a sept mois lorsqu’avec sa famille elle a décidé de partir pour un exode qui l’a mené du Liban à la Turquie, en passant par l’île grecque de Lesbos.
Un périple, certes, mais qui aujourd’hui lui permet de servir de témoin et d’exemple pour tous les réfugiés. Témoin, parce qu’elle s’en est sortie. Exemple, car elle fait partie des 43 athlètes prometteurs identifiés et aidés par le CIO dans le cadre des prochains JO de Rio. « Je veux d’abord le faire pour tous ces gens. Je veux les encourager. Quand vous êtes face à des difficultés dans la vie, il ne sert à rien de s’asseoir et de pleurer comme un bébé. Ces difficultés sont la raison pour laquelle je suis ici. J’en suis ressortie plus forte et je veux atteindre mes objectifs. Je veux inspirer le monde afin que chacun puisse réaliser ce en quoi il croit au fond de lui-même », a même déclaré la jeune femme lors de la conférence de presse.
Désireuse d’intégrer l’équipe des réfugiés qui sera alignée au Brésil en août prochain, Yusra souhaite « montrer à chacun que c’est dur de réaliser ses rêves mais que ce n’est pas impossible. Vous pouvez le faire ; chacun peut le faire ; et si moi je peux y arriver, alors n’importe quel athlète peut y arriver. »
Un message sans doute adressé à la taekwondoïste iranienne Raheleh Asemani, qui a également reçu une bourse de la solidarité olympique par le CIO pour ses préparatifs en vue d’une éventuelle qualification. En cas de réussite dans leurs tentatives, Yusra Mardini et Raheleh Asemani côtoieront 11 000 autres athlètes au village olympique.
Mais pour savoir si elles intégreront la délégation de réfugiés présente à Rio, Yusra et Raheleh devront attendre juin prochain. C’est en effet dans trois mois que la commission exécutive du CIO livrera le nom des cinq à dix athlètes qui se rendront au Brésil. Une échéance qui n’effraie sans doute pas Yusra Mardini…