En marge de la manifestation parisienne contre la loi Travail, un lycéen a été violemment frappé par un policier. La scène, filmée par ses camarades de classe, a choqué l’opinion publique mais aussi le ministre de l’Intérieur et la plupart des syndicats policiers. Cette affaire intervient juste après qu’un rapport de l’ONG Acat sur les violences policières en France a été rendu public.
https://www.youtube.com/watch?v=CBuzy2-B-T4&feature=youtu.be
La vidéo du tabassage d’un lycéen parisien jeudi 24 mars, en marge d’une manifestation contre la loi Travail, a fait le tour des réseaux sociaux et engendré une vague de protestations chez les jeunes et la plupart des politiques. Sur cette vidéo, on voit un jeune homme à terre, relevé par trois fonctionnaires de police avant que l’un d’eux lui assène un violent coup de poing au visage le renvoyant au tapis. Les images ont choqué, jusque même dans les rangs des policiers. Mohamed, un policier parisien, ne décolère pas. Le fonctionnaire qui exerce dans un commissariat de la proche banlieue exprime son dégoût : « Quand j’ai vu ces images, j’ai eu un moment de honte pour notre métier. On commençait à peine à retisser des liens avec la population et les jeunes, voilà qu’un collègue vient tout foutre en l’air ! Ok, on est fatigués, on en a marre de se faire insulter dans les manifs mais bon si on n’est pas capables de maitriser nos nerfs, on reste chez soi ou on fait un autre boulot. Pour moi, ce collègue a un problème, il faudra le sortir vite fait de la voie publique. Je pense que son geste méritera une lourde sanction et franchement je ne serai pas là pour le plaindre ou le défendre. » Quand Mohamed découvre que des centaines de jeunes s’en sont pris à deux commissariats parisiens le lendemain, il se dit « dégoûté » : « On est là pour protéger la population, pas pour leur mettre des coups de poing dans la figure ». Les syndicats de police aussi ont choisi de dénoncer publiquement cet acte. Ainsi Nicolas Compte, le secrétaire général de SGP-FO Police, n’y va pas par quatre chemins : « La faute paraît évidente, le policier auteur du coup de poing risque de lourdes sanctions pénales et la révocation », explique-t-il sur les plateaux télés, indiquant que la police est « le métier le plus contrôlé de France et que les sanctions infligées sont toujours très sévères ».
Renforcer les moyens d’enquêtes du Défenseur des droits ?
Cette affaire met en perspective le problème récurrent des violences policières en France. Dans un récent rapport, l’organisation Acat France a révélé que plus d’une personne par an meurt sous les coups de la police. Ce rapport repose sur l’analyse de 89 cas d’utilisation excessive de la force par la police et la gendarmerie. Il met en évidence dans quelles conditions, avec quelles méthodes et quelles armes, les violences policières sont commises. Au regard du bilan humain de l’utilisation de certaines armes (Flashball, Taser) et gestes d’immobilisation, l’Acat considère que des réformes doivent être engagées pour les encadrer plus strictement. Parmi les pistes avancées par l’Acat : la création d’une statistique annuelle des faits de violences policières et des sanctions prises, que l’association souhaite voir rendue publique. Elle demande également une meilleure organisation du contrôle interne des actions policières. Il est vrai que le fait que la police et la gendarmerie soient contrôlées par leurs pairs peut parfois être source de confusion. Il faudrait alors peut-être renforcer les moyens d’enquêtes du Défenseur des droits ou étendre ceux de la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Quoi qu’il en soit, il faut d’urgence rompre le silence autour des violences policières et apporter de vraies réponses !