De très nombreuses municipalités ont décidé d’armer leurs polices municipales au lendemain des attentats de 2015. Une course à l’armement qui n’est pas sans risques.
Avec de près de 21 000 agents, les polices municipales, directement rattachées aux mairies, ont le vent en poupe depuis une dizaine d’années et sont aujourd’hui la troisième force de police en France après la police nationale et la gendarmerie. Elles ont été très éprouvées par la mort en service de deux des leurs, deux femmes, l’une à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne) dans un échange de coups de feu avec des braqueurs chevronnés et la seconde le 9 janvier 2015, à Montrouge (Hauts-de-Seine), sous les balles d’Amédy Coulibaly, auteur de la prise d’otages meurtrière de l’Hyper Cacher à Paris. Depuis ces évènements dramatiques, les élus locaux ont fait de la sécurité des citoyens un enjeu de campagne. L’armement des policiers municipaux est l’objet de nombreux débats dans les conseils municipaux. Il faut savoir que 12 % des communes françaises sont dotées d’une police, soit un peu plus de 3 800 communes. En 2014, 40 % des 21 000 policiers municipaux sont armés. Cette année, ils pourraient dépasser allégrement 57 %. Un nombre important de policiers municipaux (on parle de 4 000) devrait, cette année, recevoir une arme de service pour l’exécution de missions de surveillance sur la voie publique. Un nombre si important que les stages d’initiation aux règles juridiques et au maniement des armes à feu, proposés par le Centre national de formation de la fonction publique territoriale, doivent s’enchaîner à un rythme soutenu. Le CNFPT qui d’ordinaire forme entre 800 et 900 policiers par an a déjà enregistré plus de 1 700 inscriptions pour le seul premier semestre 2016 ! Des demandes si nombreuses que les délais d’attente au CNFPT s’allongent : il faut compter 3 à 4 mois d’attente pour bénéficier de stages d’une durée de 12 heures pour la partie théorique (règles juridiques d’usage des armes) et de 45 heures pour la partie pratique. Des temps de formation qui peuvent paraître bien faibles par rapport aux formations régulières dispensées aux policiers nationaux et gendarmes. La formation des policiers municipaux devrait faire l’objet d’une réforme complète à commencer par l’allongement considérable de sa durée initiale (actuellement de 6 mois contre 12 pour les gardiens de la paix). Il faudrait aussi repenser de fond en comble leurs missions, notamment en matière de police administrative et de prévention de la délinquance.