Billet de Catherine Fuhg
17H05 - vendredi 8 avril 2016

Aveuglement, avidité, arrogance, triple A de notre défaite

 

« Même pas peur ! Même pas peur ! » scandaient certains, beaucoup, dans le cortège qui avançait, vigoureux, solidaire, le 11 janvier 2015 entre les places de la Nation et de la République. Quel symbole ! Dans la semaine, des islamistes avaient assassiné – à l’arme lourde, à bout portant, je devrais dire « massacré » – en plein cœur de Paris des hommes et femmes innocents. Oui, innocents.

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Nu couché, Amedeo Modigliani, 1917

Au début, le temps d’oublier, les slogans rassembleurs et déclarations intrépides ont fusé des écrans télé jusqu’aux zincs de quartiers. Le règne des matamores. On défendrait coûte que coûte nos valeurs, la laïcité, notre culture des libertés. Coûte que coûte ! Absolument. Nous, les Français des lumières (toujours elles !) ne nous laisserions pas bâillonner par quelques fusils, seraient-ils des kalachnikovs. Nous, rois de l’irrévérence, champions du libertinage, et gouailleurs devant l’Éternel, ne nous laisserions pas réduire à l’obéissance, au silence ni à l’abstinence. Au diable Dieu, et toc ! Personne ne nous dirait à nous, héritiers des irréductibles Astérix, Robespierre, de Gaulle, comment ni de quoi rire.

Même pas peur ? Galéjade ! Nous étions terrifiés. Pourquoi sinon tant de Charlie auraient-ils après coup réclamé un peu de respect, s’il vous plaît, des sensibilités, juste un chouia exacerbées, insinuant que les Charlie, les vrais pas les pseudos, avaient quand même poussé mémé dans les orties. Le blasphème, finalement, était-ce indispensable ? La France des bonnes manières et de la collaboration reprenait le dessus.

Et nous voilà quinze mois plus tard, après une piqure de rappel en novembre dernier, plus terrifiés que jamais.

À tort ? Certainement pas. Il suffit pour le vérifier de jeter un coup d’œil à ces pays où l’islamisme, idéologie mortifère, s’épanouit librement. Ces pays où l’on pend les homosexuels, lapide les femmes adultères, ces pays où l’on interdit athéisme et apostasie alors que le viol de fillettes et l’esclavage sont permis… Mais il est temps pour nous d’un examen de conscience. Regardons sans ciller ce qui se passe chez nous et comment nous faisons nous-mêmes le lit des extrémistes.

Il y a nos créateurs de mode qui au lieu de couper nos jupes plus court encore, pour dire m… aux tyrans, choisissent de leur faire des courbettes et lancent une ligne « pudique », jetant ainsi l’anathème sur les filles de peu de vertu qui osent les bretelles spaghetti, les shorts et les cheveux au vent. Pour booster leur chiffre d’affaire ?

Il y a nos chroniqueurs et autres faiseurs d’opinion qui sous prétexte de tolérance et de démocratie, donnent la parole aux fascistes (de gauche, de droite et religieux), et leur servent sur un plateau la légitimité dont ils ont besoin pour sévir.

Il y a nos hommes de pouvoir… Ceux qui pendant des décennies ont joué les aveugles et ignoré le danger. Ceux qui fraient avec l’ennemi dans l’intérêt, disent-ils, du peuple dont ils ont la charge. Et dont on découvre un beau jour, au détour d’un scandale, qu’ils ont été copieusement arrosés au passage.

Last but not least, il y a nous. Nous qui continuons à nous laisser enfumer par des promesses de paradis sur la terre ou au ciel. Qui préférons râler qu’agir et nous tromper peut-être. Qui ne sommes pas non plus hostiles à quelque compromis pour préserver notre confort et nos petits privilèges.

Nous devons tous nous amender. Vraiment. Profondément. Pour faire barrage à cette lame qui fonce droit sur nous et risque de nous engloutir. Nous devons nous réinventer, nous, nos valeurs, notre culture, pas seulement nous restaurer, et réapprendre à chérir plus que tout notre liberté.

Napoléon, un amour de tyran ? La fougue de Catherine

Les nations se cristallisent autour d’une langue, d’une histoire et aussi de certains héros dont elles s’enorgueillissent. Aussi, les peuples, partout et de tout temps, ont cultivé des mythes. Pourtant c’est certainement…
Catherine Fuhg