Un rapport accablant d’Amnesty International sur la peine de mort
Comme chaque année, l’organisation Amnesty International publie le tableau de la peine de mort dans le monde. Et celui de l’an passé n’est pas glorieux. En effet, en 2015 dans le monde, 1 634 personnes ont été exécutées. Soit 50 de plus qu’en 2014. Le chiffre le plus haut depuis 25 ans. Et cela sans compter la Biélorussie, le Vietnam et la Chine, qui ne fournissent pas leurs chiffres. Les experts estiment néanmoins le nombre d’exécutions en Chine à plus de 1 000 pour l’année 2015. Les exécutions se sont faites plus fréquentes dans trois pays : l’Iran, le Pakistan et l’Arabie saoudite qui représentent à eux seuls 90 % des exécutions mondiales enregistrées. Année après année, ils continuent d’ignorer les appels des associations humanitaires à abolir la peine de mort. En Iran, parmi les plus de 900 personnes condamnées à la peine capitale, 4 ont été prononcées à l’encontre de mineurs. Quant à l’Arabie saoudite, elle pourrait bien cette année dépasser encore le score sinistre de l’année dernière puisqu’au cours des trois premiers mois de l’année 2016, 82 personnes déjà ont été décapitées.
Le bilan 2015 n’est pourtant pas totalement négatif. Les États-Unis par exemple, seul pays du continent américain à appliquer encore la peine de mort, n’a exécuté « que » 28 personnes en 2015, soit le chiffre le plus bas depuis 1991. Malheureusement le bilan 2016 pourrait être plus lourd étant donné qu’entre début janvier et fin mars 2016 l’État de Géorgie a déjà exécuté 5 personnes, soit autant que dans toute l’année 2015.
En 2015 aussi, 4 pays ont aboli la peine de mort, à savoir les îles Fidji, Madagascar, la République du Congo et le Suriname. Et l’abolition votée en Mongolie sera mise en application fin 2016. L’année 2015 aura ainsi marqué un cap dans la lutte contre la peine de mort puisque, enfin, plus de la moitié des pays du monde (102 sur 195) l’ont désormais abrogée.
Massacre d’un libre-penseur au Bangladesh
Un jeune bloggeur et étudiant à l’université de Jagannath, du nom de Nazimuddin Samad, a été brutalement assassiné à Dacca, capitale du Bangladesh. C’est le sixième auteur ou éditeur se définissant comme laïque et libre-penseur à être tué de la sorte au cours des 14 derniers mois. La police rapporte que son attaque était préméditée. Trois à quatre personnes l’ont frappé à coups de machettes avant de l’abattre d’une balle. Aucun d’eux n’a été arrêté pour l’instant. Ce crime a déclenché de violentes manifestations estudiantines dans la capitale.
L’évènement sème la peur parmi les autres auteurs ayant pu critiquer la religion au Bangladesh. En septembre dernier, des extrémistes islamiques avaient publié une liste de personnes à abattre. Elle comportait des noms d’écrivains et bloggeurs laïcs bangladais, mais pas seulement : des noms d’européens se trouvaient parmi eux. Le groupuscule ayant diffusé la liste appelle à « tuer ces ennemis de l’Islam, où qu’ils soient ».
Un calvaire sans fin pour les victimes de Boko Haram
Le groupe islamiste nigérian Boko Haram s’est fait une spécialité d’enlever des jeunes femmes pour les revendre ou leur faire subir diverses violences sexuelles. Ces derniers mois, le groupe ayant subi plusieurs défaites face aux troupes gouvernementales, quelques centaines de femmes réduites en esclavage ont été libérées. Elles ont ainsi pu rentrer dans leur foyer. Malheureusement, certaines ont témoigné de l’accueil froid, voire violent, que leur famille leur aurait réservé. En effet, à leur retour, les femmes se voient affublées du nom de « annoba », qui veut dire infectée. Leurs semblables les considèrent comme les épouses de Boko Haram et craignent qu’elles soient porteuses de son idéologie, telle une MST, et contaminent leurs proches. Il en va de même des enfants nés de ces viols répétés : ils sont considérés comme porteurs de « mauvais sang » qui les pousserait plus tard à se radicaliser. Ce mélange de superstitions, de suspicion et de violence, mène donc de nombreuses jeunes femmes à s’en aller finalement pour rejoindre des camps de réfugiés, ajoutant un peu plus à l’horreur qu’elles auront vécue.
Les États-Unis complices des pertes civiles au Yémen
Human Rights Watch a rendu les résultats de son enquête sur le bombardement d’un marché au Yémen, le 15 mars dernier, qui avait fait au moins 107 victimes dont 25 enfants. Selon l’organisation, l’armement employé par les deux avions avait été vendu à l’Arabie saoudite par les États-Unis. Pour Human Rights Watch, cette terrible attaque non discriminante démontre que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France devraient cesser de vendre des armes à la monarchie saoudienne. De plus, selon le rapport, rien ne justifiait un tel bombardement puisque, comme le prouve l’enquête, trois soldats seulement se trouvaient sur les lieux, aux commandes d’un checkpoint, à 250 mètres au nord du marché. Les États vendeurs de l’armement qui sert à de telles attaques peuvent être selon Human Rights Watch considérés comme complices.
Depuis un an, les Nations unies ainsi que plusieurs ONG ont recensé de nombreuses attaques aériennes, non discriminantes ou disproportionnées et en conséquence contraires au droit international. Est considérée non discriminante toute attaque qui ne cible pas spécifiquement une infrastructure militaire. Une attaque est dite disproportionnée lorsque les pertes civiles estimées sont plus importantes que l’intérêt stratégique de ladite attaque. Human Rights Watch a également recensé l’usage de munitions à fragmentation. Les pays de la coalition ne sont pas signataires de la convention qui régit ce type d’armes, extrêmement dangereuses pour la population civile.
La guerre civile yéménite aura tué un peu plus de 6 000 personnes, civiles pour la moitié.
Le gouvernement britannique critiqué par le Parlement sur sa politique étrangère
Le comité parlementaire chargé des affaires étrangères britanniques a déclaré que le travail du ministère sur les Droits humains s’était dégradé depuis l’arrivée au poste de secrétaire aux Affaires étrangères de Philip Hammond. Ce dernier a rejeté ces accusations, déclarant que l’amélioration des droits humains faisait partie des priorités de son ministère et que chacun des diplomates sous sa responsabilité en était conscient. Il a également rappelé que le Royaume-Uni soutenait plus de 75 projets humanitaires dans plus de 40 pays et que cette année le budget alloué aux droits humains allait être doublé, atteignant 10 millions de livres sterling.
Pourtant il semblerait que les organisations humanitaires soient désormais plus difficilement reçues et que le ministère ne respecte pas toujours ses engagements. Le rapport dénonce également l’absence de l’Égypte et du Bahreïn sur la liste des pays prioritaires quant à l’amélioration des droits humains. Des diplomates britanniques auraient fait pression sur le Conseil des droits humains aux Nations unies pour que le mot « torture » soit retiré d’une résolution sur le Bahreïn. De même, un communiqué ministériel aurait annoncé que l’Égypte était en voie de devenir « plus démocratique », alors même que les forces de l’ordre égyptiennes viennent d’obtenir l’immunité sur toute action perpétrée durant le service, et que le travail des humanitaires y est entravé. Globalement, le comité reproche au ministère de travailler plus, avec des États comme la Chine, l’Égypte ou encore l’Arabie saoudite, dans le sens des intérêts financiers et sécuritaires que dans celui des droits de l’homme.