À l’issue de leur victoire il y a huit jours en finale du championnat universitaire américain face à North Carolina, les joueurs de Villanova n’ont pas dérogé à la tradition en découpant le filet du panier de basket. Et si ce geste, réservé au vainqueur d’une grande compétition, signifiait mettre fin une fois pour toutes au diktat d’un panier… de « crabes » ?
Au-delà de la simple métaphore, un constat implacable demeure : malgré l’engouement suscité par le March Madness (folie de mars) qui voit s’affronter les 68 meilleures équipes des universités américaines, les joueurs, qui ne sont pas professionnels, n’ont rien à espérer en terme d’argent !
Une réalité parfaitement décryptée par John Oliver il y a quelques semaines dans son émission Last Week Tonight. Le présentateur du talk-show hebdomadaire a d’abord été effaré de constater que les basketteurs universitaires américains ne touchaient « pas un sou d’une discipline générant un milliard de dollars de chiffre d’affaire ». Il a ensuite vivement réagi aux propos de Mark Emmert (responsable de la National Collegiate Athletic Association), qui explique que les basketteurs « ne sont pas des employés, mais des étudiants » pour justifier qu’ils ne soient pas payer pour leur travail. « Non, en effet, ce ne sont pas des employés, ce sont des jeunes d’un camp d’été qui portent la même chemise chaque fois » a ironisé Olivier, n’hésitant pas à relayer une interview de Shabazz Napier, vainqueur de la finale universitaire 2014, où il révélait avoir eu faim des nuits durant… Et que dire du témoignage d’Ed O’Bannon, l’un de ses prédécesseurs sur les parquets de la NCCA, qui eut la surprise de voir son visage apparaître dans un jeu vidéo sans avoir été consulté au préalable ni évidemment avoir reçu de contrepartie financière ? Une vidéo retirée après procès qui a surtout convaincu la NCCA de ne plus réitérer ce type d’offres par peur d’autres poursuites judiciaires.
L’ambassade américaine qui précise sur son site : « Le tournoi de basket-ball de la NCAA est l’événement le plus spectaculaire et le plus lucratif de tous les sports universitaires », ajoute tout naturellement que « ce n’est pas la NCAA qui en est la grande bénéficiaire : les recettes qu’elle tire des contrats passés avec les organes de télédiffusion, et qui portent sur des milliards de dollars, sont distribuées aux universités qui ont des équipes de basket-ball ». Ces universités pouvant ainsi s’offrir des enceintes dignes d’équipes professionnelles et rétribuer grassement… leurs coachs. Oui, seulement les coachs. La question centrale d’éventuels émoluments pour les principaux acteurs du jeu, à savoir les basketteurs eux-mêmes, n’est même pas soulevée !
Fin 2011, les basketteurs professionnels avaient pour leur part réclamé une répartition équitable du pactole généré par la lucrative NBA (le championnat nord-américain). Pour certains joueurs amateurs, il en va de la survie, seulement 1,2 % d’entre eux passant pro dans le courant ou à l’issue de leurs quatre années d’études.
Et puis, il y a ceux qui se blesseront et seront, du même coup, renvoyés de leur université, à défaut de pouvoir payer les frais de scolarité, pris en charge seulement tant qu’ils sont aptes à combattre pour un titre. Ainsi, ceux qui auront enrichi leur fac pourront du jour au lendemain se retrouver sur la touche, démunis et sans avenir.