Carole Merle, Ladji Doucouré, Arantxa Sanchez, Scottie Pippen, Paul Gascoigne. Ces cinq sportifs ne se connaissent peut-être pas mais ils ont un point commun : celui d’avoir dilapidé un patrimoine financier qu’ils avaient chèrement acquis sur les pistes de ski et d’athlétisme, les cours de tennis, parquets de basket et terrains de foot.
Les causes peuvent différer (Merle et Sanchez ont fait confiance à leur entourage familial, Doucouré et Pippen aux placements douteux, Gascoigne s’en est remis à… l’alcool), les conséquences restent les mêmes : un atterrissage forcé dans la réalité qui impose une reconstruction. Un pas franchi par certains (Bjorn Börg dans les affaires, Mike Tyson dans le show-business…) et que d’autres comme Christian Vieri (s’il consent à délaisser les tables de poker) pourraient effectuer bientôt. Mais avant cela, combien de remises en cause, de dépressions, et parfois de tentatives de suicide ?
Des phases qu’on peut comparer à une fin de carrière où, comme l’explique Benjamin Ferrou « On passe de la lumière à l’ombre du jour au lendemain ». Cofondateur d’un cabinet conseil en gestion de patrimoine des sportifs, cet ex-joueur de rugby n’a pas oublié l’histoire de ce talonneur qui, à sa retraite sportive, s’est retrouvé sans aucun repère, sans savoir à qui s’adresser, totalement désemparé, coincé… dans sa propre voiture ! Le rugby a beau être professionnel depuis seulement vingt et un ans, lui non plus n’échappe donc pas aux « montagnes russes » de ses représentants. Un ascenseur émotionnel qui, selon Benjamin Ferrou, pourrait être évité, « si l’on conseillait les sportifs le plus tôt possible, en entretenant avec eux une relation de père à fils. Pour devancer le margoulin qui va proposer un seul produit financier sans tenir compte des dix ans de carrière et en ne pensant qu’à son pourcentage. Mais aussi pour montrer aux jeunes la valeur des choses, ce que représente leurs revenus comparés au Smic. »
Garder les pieds sur terre dans un monde où tout va trop vite, où les salaires (même pour l’ovalie) atteignent des montants à tant de zéros, et où les multiples sollicitations font perdre la tête à plus d’un(e) ? Pas forcément une sinécure surtout quand on est déjà chouchoutés par son club. « Mes premières années, je n’ai pensé que rugby, on vous lave vos affaires, on cire vos chaussures, on n’a plus rien à faire, donc vous occultez le reste » atteste Benjamin Ferrou. Pourtant, comme il le martèle, « la seule personne qui a la clé, c’est le joueur, qui doit se projeter et prévoir sa reconversion en profitant du réseau, le Castres olympique a d’ailleurs mis en place une cellule qui permet aux rugbymen d’effectuer des stages en entreprises. »
Une « intelligence situationnelle » qui s’étend aux opportunités de placement puisque, comme le précise Benjamin, « des systèmes fiscaux avantageux basés sur l’étalement des impôts peuvent aussi être proposés aux joueurs les mieux conseillés. »
Les personnes concernées sauront-elles prendre cette voie de la sagesse et éviter les pièges tendus ici et là, au cours d’une carrière parfois lucrative mais pas nécessairement longue ? La balle est dans leur camp…