La communauté juive demande une reconnaissance officielle par le gouvernement indien
La communauté juive d’Inde, constituée d’environ 5 000 personnes, a soumis sa demande de reconnaissance officielle en tant que groupe minoritaire au ministre des Affaires des minorités. L’Inde compte six communautés minoritaires officielles : musulmane, chrétienne, bouddhiste, sikhe, parsie et jaïne. Selon, le rabbin Ezekiel Isaac Malekar, dirigeant de la communauté de New Delhi, le premier objectif de cette « candidature », annoncée le mardi 12 avril, est de pratiquer et promouvoir la culture juive.
Pourquoi ce soudain désir de reconnaissance maintenant ? Il a émergé ces dernières années avec notamment le cas d’une communauté du Nord-Est de l’Inde, forte de dizaines de Juifs qui s’affirment descendants d’une tribu juive biblique perdue et émigrent en Israël après des années de controverse précisément sur leur lien au judaïsme.
C’est en 2005 qu’un grand rabbin israélien les reconnaît « tribu perdue ». 1 700 d’entre eux s’installent alors en Israël en l’espace de deux ans. Puis le gouvernement israélien cesse de leur donner des visas. Ce n’est qu’en 2012 que l’État hébreu reviendra sur cette politique, acceptant finalement de laisser immigrer les 7 200 membres « restants » de cette tribu peu ordinaire. En 2015, ils sont déjà 3 000 à vivre en Israël.
Répondant au nom de Bnei Menashe, les Juifs de cette communauté souhaitent aussi voir reconnu leur enracinement en Inde, affirmant « faire partie de la société indienne depuis 2 300 ans maintenant » selon le rabbin Malekar. Ce n’est pas la première demande des Juifs d’Inde à une reconnaissance officielle, mais les services d’informations se sont refusés à dire de quand datait la dernière fois et surtout pourquoi elle avait été rejetée.
La Maison-Blanche cherche-t-elle à construire une Otan en Asie ?
La volonté connue des États-Unis de contenir la puissance – y compris militaire – de la Chine semble passer de plus en plus, aux yeux de la Maison-Blanche, par un engagement de l’Inde à ses côtés. Par son influence régionale, sa prépondérance démographique et l’énergie de son économie, l’Inde paraît en effet avoir le potentiel de constituer un rempart crédible à l’expansion chinoise.
C’est dans cet esprit que s’est rendu à New Delhi Ashton Carter, secrétaire américain à la Guerre. Avec une série conséquente de conventions et contrats, son propos était d’introduire l’Inde dans une série d’opérations et mécanismes propices aux intérêts de Washington, et qui pourraient aussi servir les ambitions de Narendra Modi, Premier ministre. Si ce dernier semble avoir pris acte des propositions, un long chemin reste à parcourir avant qu’il ne donne son accord.
Fidèle à une politique de non-alignement, tracée, défendue et exportée depuis Nehru, l’Inde semble en effet davantage désireuse de ménager tant ses partenaires régionaux qu’américains. Bien que souvent présentée comme son ennemie héréditaire, Delhi sait qu’elle peut bénéficier d’une relation cordiale avec Pékin qui, en renforçant l’influence de la région, servirait son indépendance. Ainsi, dès le week-end prochain, le ministre de la Défense Manohar Parrikar partira pour une visite de quatre jours en Chine, afin de rencontrer de hauts dignitaires nationaux. Objectif : affirmer, encore, l’indépendance diplomatique et militaire de l’Inde. Suite à l’annonce de cette visite, la Chine a publié une longue déclaration affirmant qu’elle ne saurait en aucune façon discuter le droit de l’Inde à définir ses propres objectifs en relation avec les autres grandes puissances, notamment l’Amérique ou la Chine elle-même.
L’Inde demeure l’économie la plus performante
« L’Inde est décidément fascinante » titre le Financial Times. Immense pays à la pauvreté ancrée tant dans la réalité quotidienne que dans l’imaginaire de ses observateurs, le pays de Nehru, dont la démocratie est aujourd’hui reconnue, a un taux de croissance parmi les plus hauts au monde. Une bonne santé apparente qui, si elle ne continue pas à s’améliorer tout en conservant le cœur de sa Constitution, pourrait devenir mirage.
Comment résumer aujourd’hui la situation indienne ? Arrivé en 2014, Narendra Modi est loin d’avoir réalisé le nombre – considérable – de réformes promises et s’inscrit davantage dans la continuité que la révolution économique. Pourtant, le potentiel du pays requiert d’urgentes réformes structurelles, tant pour développer les secteurs que pour mettre fin à des pratiques (subventions, mode de fonctionnement) archaïques ou inefficaces.
Les enjeux principaux ? Refondre des monopoles publics inefficaces, intégrer le secteur des services au marché intérieur, lutter contre les déficits et l’inflation. Si cette dernière est passée de 10 % en 2013 à moins de 6 % aujourd’hui, et si le déficit du gouvernement central devrait baisser à 3,5 % du PIB l’an prochain (contre 4,5 % en 2013-2014), des réformes demeurent nécessaires. En tête : l’amélioration de l’administration, la consolidation et recapitalisation des banques du secteur public, l’augmentation de la liberté des États de rivaliser sur des politiques favorables à la croissance…
Narendra Modi est conscient de ces exigences, et semble déterminé. Son activisme en termes de relations internationales continue d’accompagner l’Inde dans son ascension. Mais la montée d’un nationalisme « chauvin et intolérant » pourrait causer sa chute.
Culture du coton : bras de fer contre Monsanto
Le coton est cultivé en Inde par 7 millions de paysans, or 90 % des surfaces dédiées à sa culture utilisent une technologie résistant aux insectes… et pilotée par Monsanto. Lorsque le gouvernement de Modi a décidé de baisser de 70 % le montant des royalties payées à Monsanto par les entreprises locales, le géant américain s’y est bien entendu opposé et, prétextant « des interventions arbitraires qui sont un frein à l’innovation », menace aujourd’hui de quitter le pays.
Sur son site Internet, le leader des semences rappelle que son coton Bt a permis d’augmenter le rendement de plus de 50 % en moyenne en Inde. Un argument que Delhi refuse d’entendre : « Nous n’avons pas peur que Monsanto quitte le pays, car notre équipe de scientifiques travaille à développer une variété indigène de coton OGM », a déclaré le ministre d’État chargé de l’Agriculture.
Avant l’introduction du coton Bt, plus d’un quart des surfaces consacrées à la culture de la fibre étaient semées avec des variétés locales – un souvenir que l’État indien semble bien décidé à faire revenir à la réalité.