La Caroline du Nord légifère sur les toilettes que les transsexuels devront utiliser
Le mois dernier, l’État de Caroline du Nord a voté une loi déterminant dans quelles toilettes les transsexuels doivent se rendre : chacun doit désormais utiliser les toilettes du genre indiqué sur son acte de naissance. Or ce genre ne peut être changé que dans le cas d’une opération de changement de sexe, ce qui n’est pas toujours possible financièrement ni même tout simplement envisagé par certaines personnes transsexuelles. Cette loi a provoqué l’ire à l’intérieur et l’extérieur de la communauté LGBT. De nombreux patrons d’entreprises telles qu’Apple et Google ont envoyé une lettre au gouverneur de Caroline du Nord, Pat McCrory, lui demandant de retirer cette loi. Quant à PayPal, il a suspendu son projet d’ouvrir une succursale dans la région.
Malgré cette controverse retentissante, le Tennessee, le Kansas et la Caroline du Sud semblent vouloir opter pour le même type de législation. Pourtant plusieurs représentants des forces de l’ordre ont fait remarquer que cette loi n’était pas applicable, la police ne pouvant évidemment pas vérifier les parties génitales de chacun. De plus, un shérif de Caroline du Sud a envoyé une lettre ouverte à la commission chargée d’étudier la loi, déclarant qu’en quarante et un ans de service, jamais il n’y avait eu de problèmes avec une personne transsexuelle dans des toilettes.
D’autres voix se sont élevées contre cette loi à venir : celle des artistes. Ces dernières semaines, plusieurs musiciens ont annulé leurs concerts en Caroline du Nord, notamment Bruce Springsteen, Ringo Starr et le groupe Pearl Jam qui a expliqué sa décision sur son site Internet : « Nous voulons que les États-Unis soient un endroit où personne ne peut perdre son emploi à cause de ce qu’il est ou de ceux qu’il aime ».
La liberté de la presse en déclin dans le monde
Le rapport annuel de Reporters sans frontière a déterminé que la liberté de la presse était en recul. Cette baisse de la liberté d’expression est selon RSF due aux pressions des gouvernements et des entreprises. Une « paranoïa » vis-à-vis de la presse se développerait parmi les chefs d’État. Le concept de débat s’en retrouverait menacé, ainsi que le pluralisme, selon Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
Bien que l’Europe ait la presse la plus libre au monde, à en croire le rapport, certains pays tels que la Pologne et la Hongrie ont durci l’an dernier leur législation dans ce domaine. En Amérique latine, les journalistes subissent la pression du crime organisé. Au Moyen-Orient et en Afrique, c’est le terrorisme qui les menace. Et aux États-Unis, ils se retrouvent victime de cyber-espionnage.
L’étude mesure dans chacun des 180 pays la pluralité des médias, leur indépendance, la législation autour de la presse ainsi que la sécurité des journalistes.
Un humoriste allemand poursuivi par la Turquie
L’Allemagne connaît actuellement un débat sur la liberté d’expression. En effet, pour avoir lu un poème dans lequel il le traitait entre autres de « pédophile », Jan Böhmermann, un humoriste, a été attaqué en justice par le président Erdogan. Le gouvernement allemand a autorisé le chef de l’État turc à poursuivre le comique. Cette attaque en justice étant rendue possible par une loi allemande qui interdit d’insulter un chef d’État étranger. La chancelière a annoncé qu’elle se débarrasserait de cet article de loi d’ici la fin de son mandat. En attendant, Böhmermann risque jusqu’à cinq ans de prison si il est jugé coupable. Il a annoncé vouloir suspendre ses interventions pendant quelques temps. Il en a profité pour ironiser, prétextant qu’il allait « étudier la liberté de la presse et de l’art en détail dans le cadre d’un voyage en Corée du Nord ». Une pétition le soutenant a d’ores et déjà recueilli plus de 240 000 signatures en deux semaines. Certains critiques accusent la chancelière de ménager la Turquie, afin de préserver l’accord autour des migrants.
Hamilton récompensé du prix Pulitzer
En plus des prestigieuses récompenses dans le domaine du journalisme, le prix Pulitzer est décerné à des œuvres artistiques « en rapport avec l’Amérique ». Un prix du roman existait même jusqu’en 1948. Il aura récompensé des œuvres telles que Les Raisins de la Colère de John Steinbeck ou encore Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.
Cette année, le vainqueur dans la catégorie théâtre est Hamilton de Lin-Manuel Miranda. Cette comédie musicale retrace la vie d’Alexander Hamilton, un père fondateur méconnu de l’histoire américaine, si ce n’est pour sa présence sur les billets de dix dollars. Pourtant son histoire a tout d’un roman : officier lors de la guerre d’indépendance sous les ordres de George Washington, il devient ensuite le premier Trésorier des États-Unis, avant de mourir lors d’un duel face au colonel Aaron Burr. Cette histoire passionnante est contée dans la biographie qui inspira la pièce, écrite par Ron Chernow.
Mais là où cette pièce trouve tout son intérêt, et son originalité, c’est qu’elle emprunte le langage, les rythmes et les danses du hip-hop et du R&B, bousculant un peu l’idée d’un Broadway « trop blanc ». Le hip-hop habituellement boudé de Broadway est ici parfaitement intégré aux codes classiques de la comédie musicale américaine. La majorité des danseurs et chanteurs sont d’ailleurs d’origine afro-américaine et latine. Lin-Manuel Miranda a déclaré avoir voulu une distribution qui « ressemblait à l’Amérique d’aujourd’hui, afin de laisser à la porte les préjugés culturels qu’on pourrait avoir sur les pères fondateurs ». Un ver d’une des chansons « Immigrants/We get the job done » (Immigrants, nous accomplissons notre travail) est ovationné à chaque représentation, et permet de tirer un parallèle entre ces premiers immigrants européens et les multiples vagues d’immigration qui ont construit les États-Unis tels qu’on les connaît aujourd’hui.
Peut-on espérer un jour voir un phénomène de cette ampleur en France, où les rôles de Robespierre et Marat seront campés par des comédiens issus de minorités ? Est-ce qu’une telle œuvre saurait réconcilier la jeunesse avec son histoire ? Ce n’était en tout cas pas le pari de 1789 : Les Amants de la Bastille, énième réécriture de l’histoire française en comédie musicale aux objectifs plus mercantiles que didactiques.
À racisme ordinaire, sanction extra-ordinaire
En octobre dernier, les membres d’un club de lecture avaient été exclus d’un voyage œnologique dans la région viticole de Napa Valley en Californie pour avoir été « trop bruyants ». L’expulsion faisait suite à la plainte des autres voyageurs. Cet événement, taxé de racisme, avait déchaîné les réseaux sociaux. En effet, le racisme envers les afro-américains leur vaut souvent d’être expulsés d’endroits, leur présence y étant considérée comme « inadaptée ». Aussi les onze femmes de ce club avaient attaqué en justice pour discrimination raciale la compagnie de train qui organisait le voyage, réclamant 11 millions de dollars. Deux des plaignantes affirmaient même avoir perdu leur emploi suite à la mauvaise publicité que leur aurait faite cette affaire. Elles sont aujourd’hui parvenues à un accord à l’amiable. La compagnie quant à elle s’est engagée à « sensibiliser ses employés à la diversité ». Les conditions de l’accord n’ont pas été rendues publiques.