C’est un Français qui vous parle, le citoyen d’un pays qui vote Front national à plus de 25 %, parfois à parfois à 36,4 % comme les Autrichiens dimanche, et jusqu’à 50 % des électeurs votants dans certaines municipalités… Le citoyen d’un pays qui a eu à choisir, un certain 21 avril 2002 – 16 ans déjà, bientôt une génération ! – entre un candidat républicain et un candidat fasciste. Je n’ai donc certainement aucune leçon à vous donner.
Pourtant, parce que nous avons une patrie commune, l’Europe, des valeurs communes inscrites dans la Charte européenne des droits fondamentaux, je ne peux rester silencieux devant ces fameux 36,4 % réalisé par Norbert Hofer, chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ)… De la liberté ? Mot assassiné par ce parti anti-migrants et anti-européen ! Un vrai parti d’extrême droite.
Ce résultat est clairement un coup de poing pour tous les Européens épris de démocratie et de… liberté justement. Un coup de poing à un corps apparemment anesthésié car les réactions en Europe ont été, pour le moment, plutôt timides.
Le pouvoir d’un président de la République d’Autriche est certes quasi symbolique – pour le moment. Le futur Président de la République ne fera que de la représentation ! Mais est-ce réellement cette image que le peuple autrichien souhaite montrer de lui au monde ? L’élection à la tête de l’État de l’homme d’un parti populiste, fascisant même osons le dire, nuira certainement au rayonnement de l’Autriche et éclaboussera l’Europe dans son ensemble.
Sans parler des graves conséquences internes, puisque monsieur Hofer a promis d’élargir son champ d’intervention dans la politique nationale. Derrière ses allures de « bon garçon, bon camarade », le candidat du Parti de la liberté, membre de la fraternité Marko-Germania, qui considère l’Autriche comme partie intégrante de la nation allemande, « Deutsches Vaterland », n’entend pas jouer, lui Président, les figurants. N’a-t-il pas annoncé qu’il userait de ses pouvoirs pour, par exemple, démissionner le chancelier et son gouvernement, dissoudre le Parlement, bloquer le vote de lois et promulguer des arrêts d’urgence ?
Avec la montée du Front National en France, la menace de Brexit du Royaume-Uni et la poussée générale des populismes en Europe dont témoigne de façon spectaculaire et inquiétante l’élection autrichienne, des temps difficiles s’annoncent sur le plan des principes, des droits, des libertés. Femmes renvoyées à leur foyer, minorités discriminées, État de droit bafoué, les Autrichiens, les Européens ont tout à perdre à céder à la tentation des discours populistes.
Les enjeux sont aussi économiques ! De même qu’en France, les forces économiques (patrons et syndicats) se sont mobilisées en décembre dernier pour barrer la route à Marine Le Pen dans la Région Nord-Pas de Calais Picardie, il faut espérer que dans les prochaines semaines les acteurs économiques se feront entendre en Autriche pour barrer la route à Norbert Hofer.
Les forces politiques traditionnelles sont en perte de vitesse, parfois en déliquescence. En Autriche dimanche, elles ont été laminées. Mais là, on ne rigole plus ! L’Europe est en danger. Nos libertés, nos économies sont menacées !
Nous l’annoncions il y a des années : le jour où un pays membre de l’Union européenne sera gouverné par un dirigeant d’extrême droite ayant les pleins pouvoirs, l’Europe tremblera sur ses bases. Un président autrichien nazillon, c’est un amer apéritif qui annonce un repas empoisonné !
En 2002, nous fûmes des millions à appeler à voter Jacques Chirac pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen. Le 22 mai, appelons à voter Alexander Van der Bellen, le second du premier tour. Élu des Verts, il est démocrate et européen.
La partie va être serrée. L’Europe doit se mobiliser avec nos amis Autrichiens.