Opinion Sport
11H09 - mercredi 27 avril 2016

Formule E à Paris : une course capitale

 

Après le tapage médiatique, le silence des monoplaces. Ainsi pourrait-on résumer l’étape française de Formule E (Formule électrique) qui s’est déroulée samedi dernier autour des Invalides. Pour célébrer le retour de la course automobile à Paris après 65 ans d’absence, les médias n’ont en effet pas hésité à relayer en grande pompe l’évènement souhaité par Jean Todt, président français de la Fia. Il faut dire que la course faisait figure de test pour les autorités après les attentats de novembre 2015 et à moins de deux mois de l’Euro 2016 de foot. Test aussi pour les organisateurs, soucieux d’attirer un large public pour promouvoir une discipline jeune de deux ans et censée promouvoir des valeurs écologiques. Test enfin pour les pilotes qui découvraient un nouveau circuit sur le calendrier du championnat, qui plus est en ville.

Crédit photo : Glenn Dunbar

Crédit photo : Glenn Dunbar

Et si le résultat fut à la hauteur des espérances, il le doit en grande partie à ces pilotes. Par leur envie, visible malgré un accident à quelques tours de la fin qui a obligé le safety car à faire rouler les monoplaces au pas. Par leur joie également que prouve le selfie pris par le vainqueur Lucas di Grassi avec ses compères du podium, Jean-Éric Vergne (2e) et Sébastien Buemi (3e). Un enthousiasme partagé jusqu’en conférence de presse, où le gagnant n’a pas hésité à déclarer sa flamme à « l’une des plus belles villes du monde, avec des gens autour du circuit qui applaudissent, crient et font la fête, même dans les appartements ! » Pour son dauphin, il s’agissait de rien moins qu’« une course vraiment importante parce que Paris comme la Belgique ont traversé une période difficile et cette étape montre la force des gens ». Idem pour Nicolas Prost, 4e à l’issue de l’épreuve, pour qui « le tracé autour de lieux incroyables rappelle celui de Moscou », et qui trouve « fantastique l’engouement grandissant des spectateurs ».

Des réactions qui pourraient bien pousser Anne Hidalgo à renouveler l’expérience, et renforcer le tournant vert pris par la municipalité, notamment sur le volet sport, à peine cinq mois après la tenue de la Cop 21. La première élue de la capitale, comme certains pilotes français, a d’ailleurs parfaitement saisi les enjeux d’une telle manifestation pour la France. De la promotion des voitures propres (après le scandale, en septembre dernier, des moteurs diesel truqués de Volkswagen) à celle du savoir-faire hexagonal symbolisé par la société Spark, marque fournisseuse de carrosseries, d’ailerons, et de suspensions… créée pour la Formule E. Nicolas Prost n’a d’ailleurs pas manqué d’insister sur « l’énorme implication du gouvernement, de la municipalité, et des grands constructeurs dans l’organisation de cette étape ».

Des grands constructeurs, dont Michelin (créateur de pneus sur mesure pour la discipline), qu’Alejandro Agag a mentionné pour en souligner la place essentielle… en tant que partenaire fondateur. Le patron de la Formule E n’a pas non plus caché qu’il est très important pour lui « qu’une course ait lieu en France », parce qu’elle est « le pays de naissance du sport automobile » qui « abrite le siège de la Fédération internationale d’automobile » (place de la Concorde). Lui et son équipe n’ont cessé de marteler que le développement durable fait partie de leur ADN et qu’avec leur programme de contribution ils s’engagent « à ce que les courses de Formule E aient des conséquences sur le long terme pour les villes d’accueil ». Du pain béni pour Jean-François Martins, qui a déclaré sur RMC que « l’avenir de la mobilité à Paris, c’est l’électrique, et que ce grand événement participe à installer la mobilité électrique comme un choix naturel, efficace et performant ». L’adjoint aux Sports à la mairie de Paris avait même trouvé un supporter de poids avec Greenpeace, et ce malgré les quelques protestations de certains élus écologistes de la capitale.

Une course à guichets fermés, des pilotes ravis, des représentants politiques confortés dans leurs convictions et leur volonté de changer le paysage automobile urbain : pour Jean Todt, ex-patron de la très rouge Ferrari en Formule 1, le vert est désormais de mise avec la Formule E. E comme espoir…

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