Seydou Keïta
Entre 1848 et 1977, le photographe malien Seydou Keïta fut le témoin privilégié des transformations animant une société en pleine décolonisation. Parce qu’il avait l’art de conférer à chacun de ses sujets la grâce d’une icône, parce qu’il fut l’un des premiers à présenter des Africains comme des personnes plutôt que les objets d’une étude ethnologique, il est surtout l’un des plus grands portraitistes du siècle passé. Le Grand Palais lui consacre une première rétrospective de grande ampleur, foncez !
QUAND : du 31 mars au 11 juillet 2016
OU : au Grand Palais, Paris (France)
Christine Spengler : l’opéra du monde, 1970-2016
Le Tchad. Le Liban. Le Kosovo. L’Irak. Mais aussi l’Irlande du Nord, le Vietnam, ou plus récemment la « jungle » de Calais… Partout où elle s’est rendue, la correspondante de guerre Christine Spengler a immortalisé les opprimés de ce monde, rendant inlassablement compte de la vie et de l’humanité qui subsistent au milieu de ce qu’on tend à considérer froidement comme de vastes champs de bataille. Juxtaposant son travail de photoreporter, en noir et blanc, et ses dernières créations plus colorées, la Maison européenne de la photographie lui rend hommage à travers une rétrospective mettant en lumière le caractère résolument humaniste de son œuvre.
QUAND : du 6 avril au 5 juin 2016
OU : à la Maison européenne de la photographie, Paris (France)
« Angezettelt » : 130 années d’autocollants racistes et antisémites
Ça n’a l’air de rien, mais ça en dit long, un simple autocollant. Les xénophobes l’ont vite compris, qui, dès la fin du xixe siècle, s’en sont servi comme d’une arme de propagande massive. Le Deutsch Historisches Museum nous propose ainsi de revisiter l’histoire des mouvements racistes et antisémites à travers celle des stickers qui en font la publicité. Preuve qu’entre eux et leurs adversaires, il s’agit d’une guerre d’idée mais aussi de communication.
QUAND : jusqu’au 31 juillet 2016
OU : au Deutsch Historisches Museum, Berlin (Allemagne)
« Temps fort » Beyrouth ya Beyrouth
Que vit-on à Beyrouth aujourd’hui, quand on est un homme, quand on est une femme, quand on est réfugié ? Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée de Marseille met à l’honneur la capitale libanaise pendant plus d’un mois. Au programme : rencontres, lectures, concerts, projections de films et performances artistiques, afin de découvrir la richesse de la vie culturelle d’une autre grande cité méditerranéenne marquée par la diversité.
QUAND : du 4 mai au 26 juin 2016
OU : au MUCEM, Marseille (France)
Port-au-Prince littéraire
Chérir Port-au-Prince, c’est le nom de l’ouvrage que Valérie Marin de La Meslée a consacré à la vie artistique de la capitale haïtienne… mais aussi un véritable défi, à l’heure où Port-au-Prince peine à se relever d’un désastre humanitaire. La journaliste nous livrera son regard sur Port-au-Prince à l’occasion d’un débat au musée Dapper avec des auteurs (Lyonel Trouillot, Makenzy Orcel) et comédiens (dont Natacha Jeune Saintil) haïtiens contemporains qui l’ont profondément influencée.
QUAND : le 18 mai 2016
OU : au musée Dapper, Paris (France)
Emel Mathlouthi
Elle s’est fait découvrir en chantant pour la liberté pendant le Printemps arabe, et a bénéficié d’un sérieux coup de pub en interprétant sa chanson phare, Kelmti Horra, lors de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix au Quartet tunisien pour le dialogue national, l’année dernière… mais si vous ne la connaissez pas encore, pas de panique : vous pouvez encore découvrir la voix puissante de la tunisienne Emel Mathlouthi et son incroyable don pour envoûter les foules, en allant voir No land’s song au cinéma, ou lors de son concert à Pierrefitte-sur-Seine aux Archives nationales !
QUAND : le 17 mai 2016
OU : aux Archives Nationales, Pierrefitte-sur-Seine (Ile-de-France)
Lignes de fracture
Alors que l’essor du mouvement « Nuit debout » témoigne d’une aspiration à repenser l’organisation de la vie politique, partout en France, le centre Pompidou convoque lui aussi ses « états généraux » afin de débattre des grandes lignes de fracture traversant le monde contemporain, en compagnie choisie : le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, sera (virtuellement, détention arbitraire oblige) de la partie, ainsi que le monument de la théorie postcoloniale Achille Mbembe, et les réalisatrices engagées Catherine Corsini et Céline Sciamma, entre autres. Ça promet.
QUAND : le 4 mai 2016
OU : au centre Pompidou, Paris (France)
Jazz à Ouaga
Au cours des ans, « Jazz à Ouaga » s’est imposé comme l’un des rendez-vous culturels majeurs de la capitale burkinabé, pour les amateurs de jazz en général. La programmation de sa 24e édition est toujours aussi soignée, avec, entre autres, la Capverdienne lauréate du prix RFI découverte 2015 Elida Almeida et le Béninois Lionel Loueke, décrit par le mythique Herbie Hancock comme un « peintre de la musique ». Avec le concours « Jazz performance », le festival permet aussi de faire émerger de nouveaux talents. À suivre aussi par ici !
QUAND : du 29 avril au 7 mai
OU : diverses salles à Ouagadougou et Bobo Dioulasso (Burkina Faso)
La Philo vagabonde, de Yohan Laffort
Ancien prof de philo des lycées, Alain Guyard a décidé de tout plaquer pour prendre la route et devenir « philosophe forain ». Le but : libérer la philosophie du carcan scolaire et la ramener à sa dimension pratique fondamentale, la faire réellement vivre en la plaçant au cœur du quotidien de ceux qui ne l’ont jamais étudiée… Bref, philosopher partout où on ne s’y attend pas, dans les champs ou en prison, pas tant par poésie que par engagement : afin que chacun puisse exercer son droit à faire « vagabonder la pensée ».
Avant-première le 22 mai à 11h à Paris au cinéma l’Escurial.
Court (en instance), de Chaitanya Tamhane
À la suite de la découverte du cadavre d’un ouvrier à Bombay, un chanteur contestateur est arrêté, accusé d’avoir poussé l’homme au suicide. Les preuves à l’appui, ce sont les paroles de ses chansons, jugées mortellement désespérantes par leur caractère extrêmement critique envers le système. Prix de la critique internationale à la Mostra de Venise, le film réalisé au terme de longues recherches documentaires confirme qu’il y a quelque chose de pourri dans « la plus grande démocratie du monde ».
Sortie le 11 mai.