Depuis quelques semaines, les scènes de violences urbaines, en marge des manifestations sociales liées à la loi Travail, se multiplient un peu partout en France. À se demander si les policiers et les gendarmes ne deviennent pas les punching-balls de la République ?
Jeudi 28 avril, des scènes de grande violence se sont déroulées dans de nombreuses villes françaises en marge des manifestations contre la loi Travail. À Paris, ils sont sept policiers à avoir été blessés plus ou moins sérieusement. L’un d’eux, très grièvement touché par un pavé reçu en pleine tête, a été évacué à la Pitié Salpêtrière en « urgence absolue ». À Rennes, c’est une bombe incendiaire qui a été jetée sur une ligne de CRS blessant plusieurs agents. À Nantes ou encore à Marseille, on a compté des blessés, à la suite de heurts violents opposant forces de police à des manifestants. À Paris, sur le pont d’Austerlitz, puis avenue Ledru-Rollin où ont eu lieu les premiers affrontements entre des groupes de casseurs particulièrement bien structurés et les forces de l’ordre, des slogans antipolice ont été repris par des dizaines d’individus masqués et casqués : des « Mort aux flics », « On va vous faire la peau, bande de bâtards » ont été lancés aux policiers et gendarmes mobiles, entre autres menaces et injures. Sur place, dans les effluves de gaz lacrymogènes, des jeunes casseurs bravent les policiers : « On va vous crever ! » Lors des interpellations, certains hurlent vengeance et préviennent qu’ils s’en prendront, en représailles, aux commissariats. « On est face à des types prêts à tout pour se faire un flic », explique un policier en civil, un peu en retrait des affrontements. La peur se lit sur les visages des agents, brassard orange au bras, tonfa, « sulfateuse » ou Flash-Ball à la main. Rassemblés par groupe de dix ou vingt, les policiers des BAC observent et cherchent de repérer les fauteurs de troubles puis chargent. La mobilité et le professionnalisme de ces groupes violents compliquent considérablement la tâche des policiers spécialistes du maintien de l’ordre. « On est devenus de vrais punching-balls pour une partie des gens », explique un gradé.
Réponse policière « disproportionnée » ?
Du côté des organisateurs des rassemblements étudiants ou syndicaux, on tente de trouver des solutions à la présence des casseurs dans les manifestations. Certains d’entre eux pourtant, s’ils condamnent les agissements d’une minorité, pointent aussi du doigt les comportements des policiers et les accusent d’utiliser la force de manière « disproportionnée ». Mais quelle serait une réponse proportionnée à des jets de pierres, d’objets tranchants et de bombes incendiaires ? Se contenter de retourner à l’envoyeur les pierres reçues en pleine figure ? S’assurer que les casseurs disposent eux aussi de Flash-Balls pour équilibrer les forces ? Allons, un peu de sérieux !