Après Howard Hughes, Richard Branson et Steve Jobs, Elon Musk intègre le club de ces entrepreneurs-innovateurs bien décidés à changer le monde. Pour le fondateur de PayPal, Tesla et SpaceX, il faut sauver l’humanité en inventant de nouvelles solutions énergétiques et de transport. Passionné, audacieux, visionnaire… Elon Musk a tout du super-héros, sauf que ses projets n’ont rien d’imaginaire.
Qui peut se targuer d’avoir été, à quelques jours d’intervalle, au centre de l’actualité économique et politique américaine ? Il y d’abord eu l’annonce très attendue du lancement de la nouvelle berline de Tesla, Model 3, et ensuite le Tweet du président Obama en personne félicitant Elon Musk pour son exploit sous les couleurs de SpaceX : réussir à envoyer dans l’espace le vaisseau spatial non habité Dragon et à le faire amerrir à son retour sur notre planète.
Changer le monde
« Vous me prenez pour un dingue ? » Ainsi s’ouvre le récent ouvrage du journaliste américain Ashlee Vance consacré à Elon Musk, figure emblématique de la Silicon Valley. Pour cet entrepreneur atypique, il s’agit rien moins que de s’attaquer aux secteurs de l’automobile, du spatial, de l’énergie et des transports… Et bien sûr les quatre de front. Elon Musk est jeune : né il y a quarante-cinq ans en Afrique du Sud, c’est à cet innovateur que nous devons le premier moyen de paiement en ligne, PayPal, revendu en 2002, avant l’éclatement de la bulle Internet, pour 1,5 milliard de dollars (dont près de 12 % pour Elon Musk). C’est la même année qu’il décide de créer SpaceX, société spatiale ayant pour ambition de révolutionner les voyages dans l’espace et au passage de concurrencer la NASA… Le succès récent de SpaceX – après cinq tentatives infructueuses – de ramener sur terre cette fusée symbolise la façon dont cet entrepreneur entend repousser les frontières… qu’elles se trouvent dans l’espace (la colonisation de Mars est son objectif) ou sur terre.
Sur notre planète, Elon Musk veut révolutionner notre manière d’utiliser l’énergie et de nous déplacer. Puisque les énergies fossiles contribuent au réchauffement climatique, il décide, en 2004, de créer, en partant de zéro, une nouvelle marque de véhicules électriques : Tesla Motors. C’est un vrai succès. Le Model 2, sorti des usines de Fremont, dans la Silicon Valley, est la deuxième voiture électrique la plus vendue au monde derrière les modèles de Nissan. En 2006, il ajoute une autre industrie lourde à ses activités en injectant 10 millions de dollars dans Solar City, une société fondée par ses cousins, pour installer des panneaux solaires sur les toits de millions de maisons afin de réduire la dépendance énergétique.
Se déplacer dans un tube
Comme si ses diverses activités « disruptives » ne pouvaient satisfaire sa soif de changements, il rédige sur le blog du site Tesla, mi-2013, un article dans lequel il expose ses vues sur la façon de changer nos modes de transport. Son ambition ? Inventer un cinquième mode de transport après la voiture, le train, le bateau et l’avion : l’Hyperloop. L’idée ? Des capsules se déplacent à l’intérieur d’un tube pressurisé pour relier San Francisco à Los Angeles en un peu plus de 30 minutes contre 6 heures en voiture. C’est de loin le projet le plus controversé du milliardaire en dépit de la page d’accueil du site qui proclame : « Hyperloop is real »
Open source et logique industrielle
Avec près de 30 000 personnes qui travaillent dans ses multiples sociétés – nombre de ses salariés partageant sa fierté et son ambition de changer le monde – Elon Musk bouscule également les formes traditionnelles de management et de gestion de projets. Si les grands industriels en charge de la construction d’Hyperloop ont spontanément décidé de garder leurs secrets de fabrication, le milliardaire entrepreneur ouvre sa technologie à ceux qui souhaitent contribuer à la réussite de ce projet fou.
Elon Musk se défend d’avoir construit un empire dénué de logique industrielle. Tout converge au contraire pour que ce grand dessein de changer le monde se réalise grâce à l’interconnexion, à court et long termes, de tous les métiers du groupe : Tesla Motors fabriquant des batteries, des stations de recharge et des panneaux solaires disponibles pour les clients de Solar City ; ces derniers souvent équipés de voitures électriques Tesla… et peut-être un jour de futurs clients d’Hyperloop et de SpaceX… bref, un véritable écosystème de l’innovation destiné à penser le monde différemment, voire à sauver la planète de sa destruction à l’instar du milliardaire Tony Stark, incarné à l’écran par l’acteur Robert Downey Jr, super-héros du film Iron Man.
« If something is important, even if the odds are against you, you should still do it » Elon Musk (Si vous avez la conviction que vous devez accomplir quelque chose de grand et même si les chances de réussir paraissent minces, faites-le. »
Philippe BOYER est l’auteur du livre, Ville connectée = vies transformées – Notre prochaine utopie ? éditions Kawa