La roue de la fortune a souri à cet optimiste qu’est resté Ari Vatanen. D’abord pilote puis député, celui qu’on a surnommé « le Finlandais volant » a toujours su faire pencher la balance du bon côté.
Rencontre avec le parrain de la rubrique « Esprit Sports »
Vous êtes né en Finlande : quelle y est la place du sport dans le système éducatif, considéré comme l’un des meilleurs au monde ?
Je pense que dans ma jeunesse le sport y jouait un rôle beaucoup plus grand qu’aujourd’hui. Du fait de notre climat, nous sommes très polyvalents car nous avons des sports d’été et d’hiver. Mais, en général, en Finlande, on attache beaucoup d’importance à la condition physique. Même pendant la Deuxième Guerre mondiale, les gens travaillaient dur et étaient en bonne forme…
Comment protéger les jeunes sportifs des maux actuels du sport (dopage, corruption) alors que l’argent n’y a jamais été aussi présent ?
Je ne pense pas, sauf cas exceptionnels, que les jeunes soient si exposés que ça au dopage. Tenez : hier (Ndlr : vendredi dernier), j’ai rencontré un des meilleurs skieurs de fond finlandais, il est « propre » et n’est pas exposé à ce fléau, mais il lui faut financer son entraînement, ce qui est très coûteux, et il doit aussi trouver ses sponsors… Mais tout cela est légal. Quant à la corruption, elle touche plus les leaders/directeurs de fédérations. Elle est liée à la puissance, à la politique, au business.
Vous avez été député européen pendant dix ans, que vous a apporté le sport en tant que citoyen ? Et vos collègues ont-ils pris conscience de la place essentielle du sport dans la société ?
Le sport m’a tout donné. C’est même grâce au sport que j’ai rencontré ma femme, que je suis entré en politique, c’était une vraie tempête, mais j’ai « mouillé ma chemise » pour ça ! Je ne peux pas critiquer mes collègues de ne pas s’intéresser assez au sport car moi-même, pendant mon mandat, j’étais plus intéressé par la démocratie et les droits de l’homme. Mais j’admets que le sport n’est pas reconnu au niveau européen. C’est dans chaque pays qu’il y a du travail à faire. Les pouvoirs publics devraient s’engager plus en matière du sport. L’homme par définition étant fainéant, c’est par le sport qu’il peut se discipliner.
Selon vous, qui avez remporté à quatre reprises le rallye Paris-Dakar, quelle empreinte aura laissée sur le sport son créateur Thierry Sabine, mort il y a trente ans ?
C’était un aventurier comme aujourd’hui Bertrand Picard avec son avion solaire. Il s’est lancé dans l’inconnu. C’est ce type d’esprit qui fait progresser l’humanité. Vous imaginez si l’homme ne prenait pas de risques… Le rallye a également servi d’outil pour exposer les problèmes des gens ordinaires en Afrique. J’ai beaucoup appris quand je suis allé là-bas, cela m’a ouvert les yeux : je suis devenu beaucoup moins protectionniste car les gens ne sont pas des chiffres mais des noms !
Préférer perdre du temps pour venir en aide à un concurrent accidenté : n’est-ce pas en fin de compte, en tant que pilote, votre meilleure définition de l’esprit du sport ?
Ce n’est pas seulement venir en aide aux concurrents. C’est aussi faire des rencontres formidables comme avec ces familles à Tombouctou ou Agadès. Dans ce cas précis aussi le sport aide énormément.