A Pristina, l’avocate iranienne en exil nous parle de sa conception de l’islam qui l’autorise à ne pas couvrir ses cheveux, à se battre pour l’éducation des femmes et à prôner la fin de la théocratie patriarcale de la République islamique d’Iran.
Première femme musulmane iranienne à gagner le prix Nobel de la paix, en 2003, Shirin Ebadi n’est pas étrangère à l’humiliation permanente qui sévit en République islamique d’Iran. Alors qu’elle est une des premières femmes juges à présider une cour importante sous le régime du Shah, elle se retrouve limogée lorsque la Révolution islamique prend le pouvoir. Elle se reconvertit alors en avocate, et défend la cause des opprimés et des femmes en général. En 2009, plusieurs indices l’ont porté à croire qu’elle allait être arrêtée de façon imminente. Elle a donc préféré ne pas rentrer d’un voyage à l’étranger. Sa famille et ses anciens associés ont été violemment harcelés.
Lorsqu’on lui demande son adresse, Madame Ebadi répond « les aéroports internationaux, puisque je voyage 10 mois par an ». Elle est infatigable, et ne cesse de répéter qu’il faut éduquer les femmes, sans quoi les forces patriarcales continueront de maintenir leur joug sur les sociétés du monde musulman et ailleurs. Elle n’était pas une sympathisante du Shah, et sous la République islamique elle n’a cessé de critiquer le système politico-religieux du Velayat-e faqih, institué par l’Ayatollah Khomeini.
Elle croit en Dieu, mais ne porte plus le voile obligatoire comme en Iran. Nous l’avons rencontré à Pristina, où elle s’est adressée aux participants de la troisième conférence Interfaith Kosovo pour leur parler de l’extrémisme religieux, et du besoin d’éduquer les femmes et de leur donner les armes pour repousser les systèmes patriarcaux.