Il y a ceux qui font défection quand on a besoin d’eux. Ces amis, ces proches, qu’on espère mais qui ont autre chose à faire. Et puis, il y a ces inconnus qui ne manquent jamais à l’appel. L’urgence passée, on les oublie, pour retourner à nos amis. Qui se ressemble s’assemble ?
Pendant les fêtes de fin d’année, ils viennent frapper à notre porte, dans leur uniforme de sortie, propre et bien repassé, pour vendre leurs calendriers. Ils nous attendent, d’autres fois, souvent début juillet, à la sortie des métros ou dans les centres commerciaux, pour nous proposer gentiment – sans jamais nous forcer la main – des billets de tombola. Certains daignent leur adresser un bonjour furtif en passant. D’autres se contentent de leur sourire. On est tous débordés. On fait signe que la prochaine fois, promis, mais non, pas là. Il y en a qui se fendent d’une pièce. L’échange est bref : Combien ? Voilà. Merci. Et bon courage – du courage, ils en ont. Et quelques-uns s’arrêtent pour tailler une petite bavette. En général, quelques-unes. Car ce sont souvent des vieilles dames qui prennent le temps de leur parler, vous l’avez remarqué ? Parce que le 14 juillet, il y a de ça… oh, des années ! elles adoraient valser entre les bras vigoureux de jeunes soldats du feu ? Ou parce qu’à leur grand âge elles n’ont plus tellement d’amis ?
Les pompiers, on ne les voit pas – le plus souvent en tout cas –, mais on sait qu’ils sont là. Fidèles au poste. Au 18. Un coup de téléphone suffit. Et un pin-pon pin-pon plus tard, comme par magie, ils surgissent pour nous secourir. Quitte à s’interposer entre nous et les éléments. Au péril de leur vie.
J’ai ce vague souvenir d’un trajet en camion d’urgence. J’avais couru dans la nuit. Terrifiée. Incapable même de crier. Ils étaient arrivés sans bruit… Aucune image, aucun visage ne m’est resté en mémoire, juste une sensation de calme et de réconfort. Et une infinie gratitude. Éternelle.
Depuis 1999, une journée internationale est dédiée aux pompiers, fixée à la Saint Florian – le 4 mai pour être précis –, car il est leur patron chez les anglo-saxons. Dans certains pays, à cette date, les sirènes retentissent en leur honneur à midi. Ils ont en France, par ailleurs, une journée nationale : le 11 juin, cette année. La veille, sous l’Arc de triomphe, un hommage leur sera rendu.
J’ai donc un peu d’avance. Mais ce n’est pas ma faute. C’est l’actualité.
Samedi dernier, le 28 mai, au parc Monceau à Paris, une fête d’anniversaire est interrompue par la foudre. Onze personnes sont frappées. Parmi elles, huit enfants. Le commandant Grémillot des sapeurs-pompiers de Paris se promène dans le quartier – c’est son jour de congé. Alerté par une passante, il se précipite aussitôt au secours des blessés. Son action immédiate et sa mobilisation de 80 collègues ont sauvé des vies ce jour-là. Cette histoire est sensationnelle – la foudre en plein Paris, le héros en balade… – mais pas exceptionnelle. Car les pompiers agissent et sauvent tout au long de l’année.
Depuis cet accident, en moins d’une semaine, avec les pluies torrentielles et les inondations, les pompiers sont intervenus 12 000 fois rien qu’à Paris. Mais ils sont partout sur le pont. Partout, dans toute la France. Alors que certains évacuaient des quartiers à Nemours, Longjumeau, Villeneuve-Saint-Georges – la liste est longue –, d’autres éteignaient des incendies à Paris, à Lagny, Marseille…
Et ce n’est pas fini. Ils seront tous mobilisés pour l’Euro 2016. Et pas autour d’un ballon. Ils s’y entraînent intensivement depuis les attentats de janvier 2015. Préparés à tout genre d’attaques, biologiques, nucléaires, radiologiques, explosives, chimiques, ils seront donc sur la brèche à partir du 10 juin pour que les fans de foot profitent au mieux de la grande fête. Si on leur faisait une ola ?
Chaque année en France en moyenne
Les pompiers interviennent 3 millions de fois. Il y a 270 000 incendies, 280 000 accidents de voitures. Les pompiers sont eux-mêmes victimes d’environ 8 900 accidents du travail. Ils sont 250 000 en France. 78 % d’entre eux sont volontaires. En 2015, quatre ont péri dans l’exercice de leur métier : trois femmes, dont deux volontaires et une âgée de dix-neuf ans.